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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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celui-ci, cela paraissait improbable.
    — Messire, je me demande, au cas où il m’adviendrait de franchir la marche de Guyenne, si les Anglais m’accueilleraient aussi volontiers que les Poitevins le font pour vous ce jour d’hui…
    — Oui, si vous vous rendiez chez eux pour béhourder à armes courtoises et si vous étiez muni d’un sauf-conduit… Je rends grâce à votre roi de qui j’en tiens un.
    « Notre roi ! » Ogier fut près de s’emporter. « Notre roi !… Je suis sûr qu’il ne te connaît point. Ce consentement, si Philippe te l’a accordé, c’est à l’instigation de Blainville, je ne sais où, quand et comment et ne m’en soucie pas. Ce linfar, pour t’avoir convié à Chauvigny, doit avoir grand besoin de tes services ! »
    — … et ceux qui, sur mon chemin, demandèrent à voir ce document que je porte sur mon cœur et sur lequel votre suzerain – que Dieu bénisse – apposa son petit sceau, ont vu et ne m’ont plus interdit le passage.
    « Son sceau ! enragea Ogier. Il ne prouve rien. On sait, par tout le royaume, qu’il advient à la Boiteuse de s’en saisir la nuit, pendant qu’il dort, et qu’elle l’emploie à satisfaire ses bienfaits et ses vengeances… Oui, ce malandrin est bien pourvu d’un sauf-conduit royal, sans quoi, il ne serait pas si hautain ! »
    — … et hier soir, à mon arrivée, continuait Passac sans se départir de cette sorte de grâce à laquelle maintes femmes devaient se laisser prendre, c’est messire Blainville qui m’a mené au Roi d’armes, juges, hérauts et maréchaux de lice, desquels j’ai obtenu l’assentiment que rien ne se passera qui ne me soit préjudiciable… André de Chauvigny et dame Alix m’ont même offert à boire… puisque vous voulez tout savoir !
    « Et falourdeur [395] avec ça ! »
    Ogier fut sur le point de poser une ultime question ; Passac l’en empêcha : à la suite d’un rire intentionnellement dédaigneux, il annonça :
    — Je repartirai mardi dès l’aube avec mon écuyer.
    « Tu espères rapporter au captal de Buch [396] ou à je ne sais quel démon d’Aquitaine tout ce que tu auras vu et appris à Chauvigny et tout ce qu’auront décidé tes complices ! »
    Ogier sentait sa sérénité craquer. Il suait, grelottait d’aversion. Le sang qui brûlait ses joues rendait celles-ci douloureuses. La figure de Passac restait sereine. Un peu d’ombre lui coulait du nez comme un pus. Il attendait, l’œil brillant et la bouche entre-close sur des dents de craie… Ainsi, naguère, quand elle séjournait au couvent de Lubersac, il avait pu dépuceler Tancrède !… Et Blanche, la merveilleuse Blanche, son épouse ?… Assistait-elle à leurs ébats ? En sujette ou en suzeraine ?
    — Messire, sans être Poitevin, je puis vous assurer que vous êtes le bienvenu…
    Un moment, Passac dut se méprendre et croire qu’il était, lui aussi, Fenouillet, un des compères de Blainville.
    — … et je souhaite vivement fournir des courses contre vous.
    — Mais pourquoi ?
    Enchanté par le ton plaisant de l’entretien, Passac n’en attendait aucune conclusion pareille. Cette volonté gaiement formulée de l’affronter l’ébahissait. Quelque chose grinçait dans sa quiétude ; il sentait remuer au fond de lui, sans doute, sous l’effet de la provocation, des anxiétés auxquelles la possession de son sauf-conduit n’apportait aucun remède. Une ride, à présent, griffait sa joue, et ses paupières clignaient davantage que s’il s’était trouvé en plein soleil, sur le parvis de Saint-Léger.
    —  Pourquoi, messire ?
    Ogier feignit un étonnement énorme.
    — N’êtes-vous pas à Chauvigny pour y courir des lances lors de ces joutes à tous venants… ou plénières, si vous préférez ?… Ah ! messire, si vous me répondez par la négative, pourquoi, diable, êtes-vous venu ?
    Passac sentait la menace et ne savait comment la repousser ou s’en guérir. Ogier profita de son avantage :
    — Messire, sachez qu’une dame que je connais moins parfaitement que vous, à ce qu’il semble, m’a tellement loué vos mérites… en quoi que ce soit, qu’il m’est venu l’envie de savoir ce que je valais devant vous.
    Passac avait tressailli. Tancrède ne devait pas être sa seule conquête. Il cherchait, fouinait dans sa mémoire. En vain. Allait-il donner sa langue au chat ? Ogier sourit de sa trouvaille et demeura bouche close, observant Passac éplapourdi,

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