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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Siméon Luce apparaît comme assez objectif [416] . Édouard Perroy (La Guerre de Cent Ans, Gallimard, 1977) fut magnifiquement seul à juger froidement ce routier sans scrupules.
    Il convient ici de l’affirmer : Guesclin ne fut jamais sensible et généreux, mais terriblement opportuniste, obséquieux devant les représentants de la royauté et rigoureux avec ses victimes. Comme la plupart de ses compagnons, il s’est caractérisé par un mépris absolu, irrémédiable et voluptueux de la vie humaine. En France et en Espagne, le verbe bretonner eut une signification terrible.
     
     
LE FLOU HISTORIQUE
     
    Il est patent que, dans l’affaire de succession bretonne, le patriotisme est personnifié par Jean de Montfort. Guesclin, lui, lorsqu’il émergea des ténèbres, choisit l’occupant et le servit avec le zèle d’un collabo… et même d’un milicien de la dernière guerre.
    Breton, il eût pu opter pour la Bretagne. Cela requérait trop de cœur et de désintéressement. Pour peu qu’on étudie son existence, on constate, ahuri, qu’elle ne correspond en rien à l’espèce de légende que la postérité lui a composée. En effet, tout est flou sinon faux pour ce qui constitue le premier tiers de sa vie, et le poème de 22 790 vers que Cuvelier – qui ne le connut pas – lui a consacré après sa mort, et d’où ses admirateurs tirent leurs références, n’est qu’un roman fleuve rimé à la gloire du connétable, parsemé de quelques événements précis et contrôlables, sans aucune datation exacte. Et puisqu’il est ici question de la jeunesse de Guesclin, il faut avec son meilleur et impartial biographe, Siméon Luce, noter que le fameux « tournoi » de Rennes où, dit-on, il fit merveille et s’attira les compliments de son père et les ovations de l’assistance, n’a peut-être jamais existé tel qu’on nous l’a vingt ou trente fois décrit. Était-ce en 1337 pour les noces de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre ? Rien n’est moins sûr. Cuvelier lui-même dit que c’était un mardi, qu’il y avait eu une « criée de joutes »… et c’est tout. Bertrand l’incomparable y brilla-t-il ? Non, puisque à la seizième course un chevalier normand le désheauma, ce qui prouve une adresse et un coup magnifiques. Donc, pour Bertrand, point de prouesse !
    Ensuite, que fit-il ? Cinq ans plus tard, il apparaît au siège de Rennes. Froissart signale un assaut comme il le fait pour des milliers d’autres dans ses Chroniques. Il note qu’il y avait parmi les assaillants «  de bons chevaliers et écuyers de Bretagne, le baron d’Ancenis, le baron du Pont, messire Jean de Malestroit, Yvain Charruel et Bertrand Guesclin, écuyer  ». C’est tout. Encore faut-il, avec Siméon Luce, méditer sur cet épisode du siège de Rennes relaté par Froissart. «  En effet, note le biographe intègre de Guesclin, la rédaction des premiers livres des Chroniques où l’on trouve cette mention (sans grande importance auprès de tant d’autres, élogieuses, concernant les Bretons des deux camps) a été composée en 1369 (donc en un temps où Bertrand s’imposait et où on l’imposait dans l’opinion publique). Dans une rédaction postérieure, qui date des dernières années du règne de Charles V, c’est - à - dire une époque où Guesclin, devenu connétable de France, est arrivé au faîte des honneurs et de la gloire, le chroniqueur de Valenciennes, reprenant le récit de ce même siège, a soin d’ajouter ici qu’il était “très jeune et de grande emprise”. »
    Déjà, au XIV e  siècle, on falsifiait l’Histoire pour complaire aux « grosses têtes ».
    Ensuite, que fit Guesclin ? Mystère complet alors que l’on possède, bien entendu, les noms des villes et personnes, et les dates de tout ce qui constitue la guerre de Bretagne. Et Siméon Luce est bien obligé de constater : «  Aucun document authentique ne permet de dire ce que fit du Guesclin pendant les treize premières années de la guerre… Nous l’avons complètement perdu de vue… C’est une lacune regrettable. » Et d’ajouter plus loin (page 116) : «  Nous ne savons si Bertrand participa aux combats (dont l’auteur vient de parler) mais il est certain que les montres [417] assez nombreuses que l’on a conservées des gens d’armes français enrôlés pour une expédition ne mentionnent pas son nom. » Ce qui signifie qu’à ce moment-là notre « héros » menait pour

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