Les fleurs d'acier
remonte au XI e siècle. Il est utilisé dans la version d’Oxford de la Chanson de Roland (1080).
Il n’existait pas encore, comme aujourd’hui, de tradition de « côté du montoir ». Sauf pour le destrier. En effet, ce cheval de bataille coûteux, précieux et entraîné soigneusement, n’était monté que pour les combats ou les tournois, donc par un cavalier armé de la longue épée franque le long de la cuisse gauche. Or, la façon dont elle était suspendue verticalement à la ceinture-baudrier aux XI e et XII e siècles eût considérablement gêné si l’on avait voulu enfourcher ce cheval de guerre par l’autre côté. Le destrier est donc forcément le cheval qu’on enfourche par son côté gauche, mais en lui présentant son côté droit (du cavalier s’entend). D’où destrier (reproduction n° 2).
Ce problème ne s’est évidemment jamais posé dans l’Antiquité où le glaive court, suspendu au baudrier en sautoir, ne gênait pas, ni par exemple en Orient. Les Japonais enfourchent « à l’envers » parce que leur sabre est attaché très haut sous l’aisselle et parallèlement à la ceinture. Ce port de l’épée à l’occidentale explique aussi pourquoi les Anglais, gens de tradition, roulent à gauche, car ainsi, on peut s’aider du trottoir (ou montoir) et ne pas risquer d’être renversé (reproduction n° 3).
ANNEXE III BERTRAND DU GUESCLIN
On peut assurer, sans scrupule, que les vies que nous avons de Bertrand du Guesclin tiennent beaucoup plus du roman que de l’Histoire.
Dom VAISSETTE
Cité par Siméon Luce en exergue de son ouvrage : Histoire de Bertrand du Guesclin et de son époque.
On ne sait quel contemporain bien ou mal avisé offrit à Guesclin cette particule qui introduisit un soupçon de noblesse dans un nom somme toute commun. Froissart le nomme successivement Claiquin, Claikin, Claiakin nullement par familiarité mais parce qu’il en était ainsi. Le chroniqueur de L’Histoire des Quatre Premiers Valois a choisi Bertrand de Clacquin. Le patronyme change dans Les Grandes Chroniques. Cette variété d’orthographes concernait aussi les noms usuels : les copistes faisaient de leur mieux.
La rusticité du Breton ne pouvait guère effarer son entourage : les mœurs, alors, n’étaient guère policées. Il entra de plain-pied à la Cour et s’il dut éprouver un soupçon de gêne devant le roi, il se sentit immédiatement à l’aise parmi les rudes prud’hommes perturbés par leurs échecs militaires. On l’accepta tant bien que mal parce qu’on avait besoin de ses services.
Une observation liminaire s’impose. Elle a pour objet le contexte dans lequel le futur connétable évolua : la France, voire l’Europe du XIV e siècle.
Au lieu d’être caractérisée par une passion générale, une pensée idéaliste (la nation plutôt que le patrimoine), une religiosité susceptible de transcender les esprits et les cœurs, cette période particulièrement agitée apparaît à l’analyse comme une époque de doutes, de trahisons permanentes, de turpitudes et de violences abjectes. « Tout y est prosaïque comme aux âges où la foi manque et où les élans généreux de l’âme sont continuellement contrariés et déçus [414] . » Cuvelier, le chantre de Guesclin, n’a point cherché à faire de son modèle un paladin des Anciens Temps. Son héros ne ressemble ni à un pair de Charlemagne ni à un chevalier de la Table Ronde ; c’est un meneur de malandrins qui fut inflexiblement attaché à Charles V parce qu’il y trouvait son compte alors que maints seigneurs changeaient d’appartenance, certains, rares, par conviction, la plupart par intérêt particulier.
Pourquoi, s’agissant de Guesclin, ne pas remarquer, ici, une sinistre singularité : les deux affreuses expéditions qu’il mena en Espagne, les crimes qu’il y commit lui - même et commanda aux autres ont, plutôt que de le salir, nettoyé et empesé son personnage, et fait que sa gloire usurpée [415] incite encore des écrivains superficiels à le ceindre de lauriers !
Comme Hay du Chastelet (1666), l’abbé Le Ragois, dans son Instruction sur l’Histoire de France par demandes et par réponses (1684) fit de cet Attila un parangon de vertus. Il fut suivi par Guyard de Berville et J.-G. Masselin (1822), par Émile de Bonnechose, Eugène Deprez, etc. Et des modernes à courte vue s’y sont mis également.
Contre cette marée de louanges,
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