Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
quitta et se mit sur le flanc. Christ femelle ondoyée de plaisir et de lassitude voluptueuse, elle resta les bras en croix, cuisses serrées comme pour retenir dans son ventre un peu de ce plaisir qui déjà s’éteignait.
    — Es-tu heureuse ?
    — Je le serais bien plus si on le refaisait !
    Il ne put lui répondre : « Eh bien, remettons ça » car elle venait de se dresser sur un coude.
    — Chut !
    Nul besoin qu’elle lui demandât le silence. La porte avait grincé. Ils entendaient un souffle. Ogier se félicita d’avoir gardé ses chausses et son pourpoint. « Fille ou gars ? » Il y avait dans la chambre une présence nouvelle.
    Il vit un fantôme se découper sur l’écran soudain rose de la fenêtre et s’étonna : « Est-ce déjà le jour ?… Il fait bien clair tout d’un coup ! » Puis : «  C’est une fille ! » Elle soulevait un vêtement par le haut puis se délivrait des autres par le bas. Il sentit les ongles de Guillemette griffer sa cuisse avant que d’entendre son cri de stupeur outragée :
    — Ah ! non… Hors d’ici !
    — Y a bien une petite place pour moi, ricana une voix.
    Bertine.
    Ogier se sentit enjambé. Les deux filles, au-dessus de lui, échangèrent des gourmades tout en se chuchotant des injures :
    — Putain !
    — Gaupe !
    — Follieuse !
    — Pas plus que toi !
    Ogier sentait leurs genoux écraser son ventre, ses cuisses, sa poitrine. Une main s’égara sous sa ceinture, l’empoigna, et Bertine rit, de son rire hoquetant et gras.
    — La paix ! exigea-t-il, sinon je crie… Il y en aura…
    Il n’acheva pas : les chaînes du pont-levis égrenaient leur cliquetis grave auquel se mêlaient les hennissements d’un cheval – Veillantif – et les appels de Thierry :
    —  Messire Ogier ! Messire Ogier !
    Il repoussa un corps étendu en travers du sien et, d’un coup de talon, précipita l’autre hors du lit.
    — Bon sang, laissez-moi !… Il y a du malheur dans l’air… Mes houseaux !
    Il les trouva et tandis qu’il les mettait en repoussant parfois les filles à coups de coude, la voix de Lesaunier retentit :
    —  Messire Godefroy ! Messire Godefroy !
    Le tablier remontait. Insensible aux rires de Bertine et aux sanglots de Guillemette, Ogier, mains en avant, chercha la porte et l’ouvrit. Avant de la refermer, il s’aperçut que la nuit, maintenant, se teintait de rouge.
    — Il y a le feu quelque part !
    Des cris, des voix éclataient dans la cour.
    En rageant qu’il y fît si sombre, il descendit l’escalier de la tourelle. Sur le seuil, il faillit se heurter à son père, toujours vêtu, le poignard à la ceinture. Il brandissait une torche.
    — Que faisais-tu là-haut ?
    Ogier n’eut pas à répondre : grimaçant d’émoi et de colère, Lesaunier les rejoignait.
    — Tout s’est-il bien passé pour Montfort ?
    — Oui, messire… Mais il y a sûrement le feu chez Gerbold !
    — Gerbold… répéta Godefroy d’Argouges, incrédule.
    — À ce qu’il paraît, dit Thierry en s’approchant.
    La sueur lui engluait front et joues ; il les frotta des ses paumes :
    — Un pareil coup ne peut venir que de Blainville.
    — Plutôt, Champartel, de ses satellites !
    — Voilà bien, mon fils, des agissements de saligots ! Plutôt que d’essayer de nous atteindre, ils s’en sont pris à un vieillard sans défense !
    — Je selle votre cheval, messire ?… Hé, messire ! Vous tombez des nues, on dirait !
    Malgré la gravité de l’instant, Ogier sourit :
    — Comme tu dis !… Oui, selle Marchegai et porte-moi Confiance !
    En courant, l’écuyer s’éloigna ; Ogier fit demi-tour.
    À la lueur du flambeau, le regard de son père semblait celui d’un malade – ou d’un infirme. Que Gerbold, le seul ami qu’il eût conservé hors des murs, fût en péril, le confondait et l’indignait. Il fallait galoper jusqu’à l’ermitage et tenter de le secourir… et voilà qu’il atermoyait ! Il avait trop subi l’adversité pour décider, commander, agir, et surtout répliquer aux coups.
    — Demeurez, Père. Nous irons seuls, Thierry et moi… et reviendrons. Mais vous êtes si peu, désormais, qu’il va falloir, cette nuit, faire veiller les femmes…
    Elles étaient là : Jeannette et Isaure, échevelées, en chemise, innocemment impudiques ; Madeleine et Bertrande, vêtues de houppelandes informes ; Aude, couverte d’un manteau de peaux de renards dont les poils

Weitere Kostenlose Bücher