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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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ouvrage sur les routiers au XIV e siècle (Les Tard- Venus et la bataille de Brignais , Lyon, Scheuring, 1859 M. Allut n’exagère point en écrivant que le Breton fut « un mercenaire déloyal et félon  », rançonnant le souverain pontife dans sa capitale, à la tête d’une troupe de brigands, et joignait la dérision à l’insulte lorsqu’il demandait pour ces mécréants l’absolution de leurs crimes et la bénédiction du Saint-Père puis aidant le bâtard Henri de Trastamare à poignarder don Pèdre, son frère et roi légitime, dans les champs de Montiel où ce prince, s’il faut en croire la Chronique de Lopez d’Ayala, n’était venu dans la tente de Bertrand que sur un sauf-conduit donné sous serment par le Breton lui-même.
    Où est, simplement par cet acte, le preux chevalier ? Le connétable grandissime ? L’on a accordé la renommée à « parjure. Et si ce n’était que cela !
    « Roi ne fais ni ne défais  », aurait-il dit, «  mais je sers mon seigneur. »
    Et de relever Henri qui, dans la lutte avec son frère, donnait des signes de faiblesse.
    Froissait prétend que ce fut le vicomte de Roquebertin (Rocaberti) qui fut à la rescousse de don Henri, cependant que les chroniqueurs espagnols affirment que ce fut le Breton et que d’autres assurent que celui qui releva Henri et le remit sur pied était un de ses hommes d’armes : Fernand Perez di Andrada.
    Un fait demeure : ce fut Guesclin qui attira Pèdre dans le guet-apens.
    Son comportement devant le Pape ne fut certainement pas empreint de respect, mais de jactance. Il ne venait pas en solliciteur : il commandait. Il dut même menacer insidieusement le Saint-Père : « Si vous ne payez pas, je déchaîne me gars ! » Et le Pape d’obéir à ses injonctions.
    Le premier qui se soit attaqué à notre idole nationale est M. Allut, cité ci-dessus. Il signale un élément «  inconnu de historiens de Guesclin, qu’ils se sont gardés de relever : le Pape envoya à l’official d’Avignon l’ordre de faire le procès de Guesclin et de ses complices. C’est ce qui résulte d’un bulle d’Urbain V, datée de Montefiascome, des Kalendes de septembre, la sixième année de son pontificat (1367) con servée dans les archives d’Avignon. (Chambre aspotolique de Carpentras, livre B, des Hommages , pages 1 à 60.) en extrait le passage suivant :
    Mandamus quathenus dictum Bertrandum & omnes & sin-ulos eofdem suos complices fautores & fequaces tam cleriris quam laicos cujusfcumque status preheminentie vel onditionis existant, & alios quoscumque… hujusmodi occu-itionem invasionem turbationem incendia rapinas vulnera cedes perpe trasse aut imposterum perpetrare nimonatim a specifice 416 .
    Ajoutons que le camérier du Pape, en adressant la bulle Philippe de Cabassole, patriarche de Jérusalem et recteur du Comtat, lui écrivait prudemment de ne donner suite à l’instruction du procès qu’autant qu’il n’y verrait aucun danger et qu’il le jugerait expédient. En effet, le Pape n’ignorait pas que la France n’était pas encore délivrée des grandes compagnies et, tout en voulant faire justice, il craignait sans doute que des poursuites judiciaires, qui ne pouvaient d’ailleurs voir aucun effet sur des gens qui se moquaient de la justice des hommes comme de celle de Dieu, n’attirassent sur Avignon et le Comtat de funestes représailles, dans le cas où ces brigands auraient reparu.
    Et M. Allut poursuit :
    Lorsque Guesclin s’était présenté devant les portes de la ville papale avec les routiers qu’il avait mission de conduire en Espagne, il avait reçu du Pape 5 000 florins d’or à titre de rançon. Le paiement de cette somme fut réparti entre le Comtat, la commune d’Avignon et les gens d’Église. Moyennant ces 5 000 florins, les routiers devaient évacuer sans délai le Comtat mais, au mépris de la parole donnée, après avoir touché l’argent, ils continuèrent à courir le pays, pillant et ravageant les récoltes. Il fallut de nouveau entrer à compo sition avec eux, et ils exigèrent un supplément de rançon pour leurs frais de route. Ne voyant pas d’autre moyen de se débarrasser de ces hôtes incommodes, le gouvernement pontifical fut obligé de subir leurs exigences. Pour recouvrer les sommes qu’il avait payées à Guesclin, il frappa la commune d’une taille extraordinaire. Les habitants d’Avignon, qui avaient déjà payé une fois, formèrent opposition. C’est ce

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