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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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territoire de la cité d’Avignon, pour le faire se retirer du territoire et de l’évêché d’Avignon et du Comtat Venaissin, avec toute son armée. Cette somme devait être acquittée selon des proportions déterminées entre les dits comté, terres, personnes ecclésiastiques et collèges. Le Conseil et les ci toyens d’Avignon se mirent d’accord pour ce dernier engagement et, pour payer leur part, imposèrent une taille sous l’autorité de la Curie. Avec l’argent de ladite taille à percevoir, ils devaient payer leurs créditeurs dont ils avaient reçu un emprunt de mille cinq cents florins d’or afin de payer pour leur part au dit seigneur Bertrand son dernier « engagement ».
    Votre Paternité, cependant, Maître Jean de Regie, l’homme circonspect du Seigneur Camérier, hésite à faire payer et fait payer les tailles susdites pour les transmettre au Seigneur Trésorier de Notre Seigneur Pape pour le rembourser de la somme tirée du Trésor, comme il est dit plus haut. À cause de cela, il faudrait imposer une nouvelle taille, au plus grand déplaisir du Conseil et de l’Université de votre Cité seigneuriale. C’est pourquoi ceux-ci supplient notre Seigneur Pape d’ordonner que l’argent soit prélevé, au Trésor, sur l’argent des gabelles touchant les citoyens dans des proportions déterminées, afin qu’elles fassent partie de l’argent déjà rassemblé pour eux, comme on a dit qu’il fut fait.
    Et que la somme de l’argent des tailles, levée pour les citoyens susdits, reste aux citoyens pour rembourser aux créditeurs ce que ceux-là ont reçu par emprunt autant qu’ils ont payé pour le deuxième arrangement avec le dit seigneur Bertrand et à la disposition desquels créditeurs, le Conseil et les c onseillers s’obligent. Et qu’ainsi, il n’y ait aucune nouvelle aille, ce qui serait don gratuit… etc.
    Cette traduction est due au Père Antoine. Trappiste.
    Cuvelier, l’auteur de la Chronique de du Guesclin, racontant comment, arrivé aux portes d’Avignon, le Breton força le Pape à payer la somme de 100 000 florins avec menace de mettre la cité à feu et à sang si l’on ne s’exécutait pas de bonne grâce ajoute que Bertrand refusa de recevoir les 100 000 florins lorsqu’il sut qu’ils avaient été levés sur les avignonnais et qu’il exigea qu’ils fussent payés des deniers du Pape. Ce fait, qui n’est mentionné par aucun écrivain sérieux, est une invention du chroniqueur gêné aux entournures par le comportement de son héros. Il a voulu exalter la grandeur d’âme et la générosité d’un reître aux dépens du Pape qu’il nous décrit entaché d’avarice, de cupidité, ne songeant qu’à grossir son épargne, accordant libéralement l’absolution et la bénédiction qu’on lui demandait parce qu’elles ne lui coûtaient rien, tandis qu’il présente les routiers et leur chef comme des gens désintéressés, soucieux que le peuple ne fût point floué et taillé à merci à cause d’eux. Il n’est nullement question, dans la requête ci-dessus, de ces incidents que les pétitionnaires n’auraient pas manqué de révéler. Il apparaît certain que le « bon » et futur connétable ne se mit guère en peine de connaître l’origine du pactole qu’on lui compta. Aucun document solide ne confirme sa sollicitude envers le commun d’Avignon. Les routiers voulaient 100 000 florins ; ils les obtinrent par l’entremise de Guesclin. Le reste leur importait peu. Les choses, ensuite, se passèrent comme toujours en de telles occurrences : le peuple paya.
    Pour conclure son chapitre, M. Allut termine ainsi :
    Le récit du chroniqueur, dans sa naïveté narquoise, prouve qu’au XIV e siècle, le Pape, les cardinaux et le Clergé étaient déjà en butte à un esprit d’hostilité et d’opposition dénigrante qui, d’ordinaire, prenait pour texte les richesses et l’avarice y des gens d’Église. Il fait dire au cardinal chargé de traiter avec du Guesclin, qui demandait 200 000f avec l’absolution et la bénédiction du Saint-Père pour les routiers : « Sei gneurs, la somme est trop forte. Quant à l’absolution, vous l’aurez, de ce n’en doutez pas, mais de l’argent, je ne réponds pas. » Puis, lorsqu’il va rendre compte au Pape de l’état de la négociation, et « que les gens de la grande compagnie requéraient l’absolution, le Saint-Père répondit qu’ils l’auraient, mais que, pourtant, ils vuidassent

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