Les fontaines de sang
arbalétriers, Juan Diente et Garci Diaz égorgèrent devant les convives Osorio et lui coupèrent la tête. Son compère sauva provisoirement la sienne ainsi que Padilla (février 360).
Le Trastamare, Tello et Sanche venaient d’entrer en Castille. Leur armée avança jusqu’à Pancorbo. Leur but était d’insurger le nord de la Castille et de rallier, dans les provinces basques, les partisans de Tello, puis d’atteindre le royaume de Léon pour s’allier à Nunez de Guzman dont les hommes d’armes se livraient à tous les excès. Ils avaient massacré les Juifs de Najera sous l’œil réjoui du Trastamare. Il va de soi que le prétendant à la Couronne fut accueilli avec répugnance. Don Pèdre, malade à Burgos, n’attendit pas sa guérison pour monter à cheval et conduire contre ses bâtards, une armée redoutable tout en exerçant de nouvelles vengeances contre les cités et les châteaux qui s’étaient ralliés aux rebelles. À Miranda, où les Juifs avaient été massacrés, il fit arrêter les chefs de l’émeute et les fit bouillir vivants dans d’énormes chaudrons. Peu après, le 24 avril 60, il découvrit l’armée du comte en bataille sur une colline avant de Najera. Il chargea avec ses hommes, s’empara de deux bannières et sema le désordre dans l’armée du comte qui s’enfuit en désordre. La nuit l’empêcha d’affermir son succès.
Des échanges abjects
Pierre I er de Portugal avait succédé à son père, Alphonse, mort le 2 mai 1357 (Alphonse était aussi le grand-père de Pèdre). Retors, impitoyable dans ses ressentiments, Pierre I er avait reçu les mêmes surnoms que son parent : Pierre le cruel, Pierre le Justicier. Cet homme qui était aussi la méchanceté incarnée, portait toujours un fouet à sa ceinture. Il ne répugnait pas à donner la question. Il échangea les Castillans qui, fuyant Pèdre, s’étaient réfugiés dans son royaume, particulier Nunez de Guzman que Pèdre fit périr dans des supplices si atroces qu’aucun chroniqueur n’osa les raconter (septembre 1360). Un entassement de crimes et de cruautés, où Pèdre trouvait des félicités abjectes. Et tout à coup, ce fut le tour de Simuel el Levi que Pèdre accusa d’être riche ! Conduit à Séville, le Juif expira dans les affres de la torture (octobre-décembre 1360). Une rumeur courut : le roi avait trouvé dans ses coffres 160 000 doubles d’or et 4 000 marcs d’argent. Une somme de 300 000 doubles fut saisie chez un parent du trésorier et l’on trouva dans un souterrain de la maison de Levi 3 tas d’or plus hauts qu’un homme. Était-ce vrai ? Une chose est sûre : les deux malheureux avaient été dénoncés par des Juifs jaloux de leur richesse.
Alors, Pèdre pensa qu’il avait une épouse.
Blanche ne le gênait en rien. Cependant, quelques mois après que la paix eut été signée entre la Castille et l’Aragon (18 mai 1361 à Deza), le décès de Blanche fut annoncé. Elle avait péri au château de Jerez où, depuis plusieurs années, elle était retenue captive. Elle n’avait pas 25 ans et depuis l’affaire de Tolède, elle en avait passé six en prison sans que quelqu’un d’autre que le Pape s’inquiétât vraiment de son sort.
Selon Ayala, Pèdre aurait commandé le crime à Inigo Ortiz d’Estuniga, le châtelain de Jerez. Un certain Alfonso Martinez de Uruena, médecin de Pèdre, aurait porté l’ordre d’exécution de la reine et lui aurait fait boire un breuvage mortel. Ortiz ayant déclaré que tant qu’il commanderait au château il s’opposerait à ce qu’on tuât la princesse fut remplacé par Juan Perez de Rebolledo, simple arbalétrier de la garde. Livrée à ce misérable, la reine serait morte entre le 14 mai et le 30 juillet 1361. On ne sait trop quand !
Telle est la version d’Ayala, mais il en existe d’autres selon lesquelles Blanche aurait péri étouffée par des Juifs – Daniel et Turquant selon Cuvelier – ou poignardée. Nul ne sait comment elle passa de vie à trépas. Personne n’a violé son tombeau afin d’examiner ses restes pour essayer de savoir la vérité.
Blanche n’avait connu de l’Espagne que ses prisons. Pèdre n’avait aucun grief contre elle et le Pape n’avait cessé de l’adjurer de ne point commettre un acte fatal. Il écrivit 70 lettres au roi de Castille. Elles furent publiées par Georges Daum et dans son ouvrage Innocent VI et Blanche de Bourbon Paris 1899).
Certains prétendirent que cette mort
Weitere Kostenlose Bücher