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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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avait été décidée par Maria de Padilla. C’est peu probable de la part d’une femme qui fut célèbre aussi par sa douceur. Jamais elle n’usa de son ascendant sur Pèdre pour faire un mal quelconque ; jamais elle exerça la plus petite vengeance contre ses rivales éphémères. Quand la paix fut conclue avec l’Aragon, il fut question d’accorder les deux couronnes par un mariage. On proposa au roi de Castille de s’unir à une infante d’Aragon, puis d’unir fils de Pèdre et de la Padilla, âgé de 18 mois, à une fille de Pierre IV. De là à supposer que Pèdre, pour épouser une princesse aragonaise, Jeanne, 14 ans, voulut obtenir sa liberté par un crime, il n’y a qu’un pas… difficile à franchir. Pèdre avait trouvé très laide (muy fea) la jouvencelle.
    « Pourquoi ne pas croire que cette mort fut naturelle ? » questionne Prosper Mérimée. La peste noire était apparue en Andalousie et la santé de Blanche était très affaiblie (578) .
    Justice immanente ? Jugement de Dieu ? Maria de Padilla ne survécut pas longtemps. Elle mourut à Séville, emportée par une épidémie dans le courant du mois de juillet 1362 : la peste ne différenciait point les manants et les riches.
    Ce fut alors seulement que Charles V se lamenta pour le meurtre de sa belle-sœur. Ce fut alors seulement que Jean de Bourbon, comte de la Marche singulièrement immobile, sortit de sa léthargie. Quoi, sa cousine était morte, victime des Juifs l ’Espagne ? Il fallait la venger ! Il allait la venger !
    Alors que le tocsin avait sonné depuis longtemps pour Blanche, cette pauvre cloche se mettait en branle !

 
Annexe IV
     
Guesclin, le Pape, l’Archiprêtre
     
     
     
    L’invasion du Comtat Venaissin par les routiers, la menace qu’ils exerçaient sur la sénéchaussée de Beaucaire avaient plongé Urbain V dans la male-peur et la perplexité. Comme ils avaient déjà occupé la région (1362), le Pape savait de quels crimes et destructions ils étaient capables. Sans révéler que Guesclin commandait à ces hordes, il imposa comme un moindre mal (eligendo minus malum) une contribution de 5 000 florins au Comtat (bulle du 23 novembre 1365) et une autre de 30 000 florins à la Provence (bulle du 20 novembre) avec contribution effective du Clergé pour sa quote-part. Par une bulle du 23 novembre, il autorisa certains emprunts en vue d’un versement considérable à faire aux routiers à titre immédiat (de proximo) sur le produit d’une décime biennale accordée au roi Charles V pour l’aider à favoriser le départ des Compagnies hors du royaume. Cependant, Guesclin, pour s’assurer le concours sans réserve des routiers et affirmer sa popularité, voulut bien davantage. Le Pape se montra réticent. Pour lui, le Breton ne valait pas mieux que les hommes dont il assurait le commandement.
    La datation de ces bulles prouve que la présence des routiers en Avignon fut plus longue que certains l’affirment. Arrivés à Villeneuve le mercredi 12 novembre, ils durent quitter les lieux dans la première moitié de la dernière semaine de n ovembre, puisqu’ils atteignirent Montpellier le 29 de ce mois. Les deux villes étant distantes d’environ 100 kilomètres, deux journées de marche suffisaient pour aller de l’une l’autre.
    Lors de la guerre qui avait opposé don Pèdre au roi d’Aragon – guerre sauvage s’il en fut -, l’armée castillane avait eu de singulières difficultés à prendre Calatayud. De retour à Séville, qu’il préférait à toute autre cité, Pèdre y avait vu périr dans ses bras son fils Alphonse, victime de la peste noire (mardi 18 octobre 1362). Pendant cette période de « relâche », le roi d’Aragon avait appelé Henri de Trastamare à son secours. Or, avant même qu’il eût été sollicité par Pierre IV d’Aragon, le Trastamare avait signé à Paris, avec les ministres du roi Jean, un traité dans lequel il laissait apparaître ses desseins ambitieux : gagner un trône et débarrasser, pour ce titre, la France des Compagnies.
    « Selon certain traité, sur ce fait de nouvel, par nous et par noble et puissant homme, messire Arnoul d’Audrehem, chevalier maréchal de France, avecque les gens des compainies estant à présent au dit royaume, nous mettrons à tout nostre pouvoir, sans fraude et sans mauvais engin, hors du dit royaume de France, sans jamais y retourner pour faire la guerre, les gens des dites compaignies, c’est à savoir toutes

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