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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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de Siguënza où il l’avait fait enfermer.
    –  Quel homme ! dit Yvain Lemosquet.
    Il y avait, dans cette exclamation, une admiration des plus noires. Isambert approuva :
    – C’est pourquoi, mon garçon, Henri de Trastamare, l’ains-né fils de Leonor de Guzman, fut peu à peu en faveur auprès des Espagnols. On le surnomma l’astre de la Cour, on lui attribua toutes les vertus royales alors qu’ayant du sang d’Alphonse et de la Guzman, il ne vaut guère mieux que son frère. Pèdre fut irrité. Il obtint du bâtard une soumission sans réserve… ce qui n’empêcha pas Henri ou Enrique, d’occire un Juif, Jacob, qui n’était autre que le conseiller du roi. Pèdre voulut mettre son frère à mort. Enrique s’échappa et se réfugia en Aragon… d’où le roi Pierre lui demanda de partir, disant qu’il avait suffisamment d’ennuis sur les bras pour n’en point ajouter un autre. Et ce fut pourquoi Enrique passa en Avignon puis en France…
    – … où lui et ses hommes, acheva Tristan, se comportèrent comme les routiers du roi Pèdre : meurtres, viols, pillages, et tout le reste !
    – Et Pèdre ? demanda Ermeline.
    – Après le trépas de son épouse, à Siguenza, il épousa Juana, fille de Pedro de Castro, dont il se contenta d’obtenir les premières faveurs avant de la renvoyer le lendemain chez son père.
    – Un viol en quelque sorte, dit Adèle de Champsecret.
    – Oui, dame, fit Isambert. Mais un viol couronné. Cette nouvelle infamie fit prendre les armes aux deux bâtards, Henri et Fadrique… ou Frédéric. Des nobles indignés les rejoignirent dans cette détestation légitime.
    – Alors ? demanda Ermeline.
    Elle se frottait le ventre comme pour rassurer son enfant dont elle craignait peut-être qu’il entendît ces horreurs.
    – Le roi imagina que cette rébellion avait pour objet de venger la reine répudiée. Il décida de la faire occire.
    –  Encore ! protesta Guillemette dont les nerfs craquaient.
    – Eh oui !… Il chargea Fernando d’Yvestrosa, l’oncle de Maria de Padilla, d’enlever la reine au château d’Aravalo et de la conduire à Tolède. Sur un détour du chemin, elle parvint à s’échapper, entra dans une église et invoqua le droit d’asile. La noblesse et le commun entourèrent l’église… Pedro passa outre le droit sacré. Il fit occire les défenseurs de la reine. Non seulement les nobles furent décapités, mais on décolla vingt-cinq bourgeois et huit cents habitants de Toro qui s’étaient montrés favorables à la reine… qui fut conduite à Siguenza et exécutée.
    – Cet homme est un second Satan ! dit Béatrix.
    – Certes ! approuva Isambert. Mais ce n’est pas tout : Pèdre sacrifia à sa fureur son frère bâtard Fadrique, deux infants d’Aragon, don Juan de la Cerda, prince de sang de Portugal et les centaines de mécontents qui lui tombèrent sous la main… C’est pourquoi…
    Isambert cessa volontairement son discours. Paindorge se leva et se mit à marcher.
    – Impossible ! Impossible ! grommelait-il, la tête entre ses paumes.
    Ogier d’Argouges restait coi, comme figé de stupeur et d’indignation.
    – C’est pourquoi, reprit le moine, quels que soient vos sentiments envers lui, je vois, moi, Guesclin comme une sorte d’archange qui, au nom de Dieu, s’en ira vers la Castille pour y occire ce maudit afin que l’Espagne transie d’effroi recouvre la paix… Et il me semble bon, ne vous déplaise, que ceux qui vont affronter les armées du roi Pèdre, reçoivent la bénédiction du Saint-Père… Car s’ils ont commis des abominations, elles n’atteignent point, j’en suis certain, le niveau des horreurs que cet homme et ses sicaires ont perpétrées.
    – Ses sicaires juifs ! affirma Quesnel.
    Il ne pensait qu’à eux. Il misait sur leur culpabilité dans toutes ces affaires imbibées de sang et de larmes.
    – On dit que le roi Pèdre est le fils d’un Juif, reprit-il.
    – Holà ! Se regimba Isambert, je ne saurais l’affirmer hautement. Ce que je puis dire, c’est qu’il y a dans le caractère du roi de Castille quelques travers que l’on sait des Juifs : la perversité et non la perversion ; cette façon de plier l’échine pour laisser passer l’orage, ces longs serpentements pour parvenir aux fins que l’on s’est données.
    – Cela, dit Paindorge, pourrait être un des traits de caractère des Mahomets.
    Isambert hocha la tête, qu’il se claqua de la main car

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