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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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réfléchit longuement, puis
répondit :
    — Je ne sais !… Vraiment, je ne sais !…
Vous, c’est l’évidence, vous avez la naissance, la puissance et la gloire. Mais
moi ?
    — Oubliez la puissance et la gloire !…
Nous fûmes remarqués par ces femmes exceptionnelles parce que nous étions
porteurs de l’Idée.
    — L’Idée !… répéta Galand, indécis.
    Le comte adopta un ton plus passionné :
    — L’Idée, la seule chose qui va vous
faire survivre à Éléonor de Montjouvent. L’Idée pour laquelle elle vous a
peut-être aimé, admiré, sans doute. L’Idée qui changera tout, la liberté de
penser, d’écrire, de se réunir, la fraternité, la liberté.
    Galand eut un pâle sourire.
    — Mon ami !… N’essayez point de me
faire trouver goût à la vie !
    — Je ne vous tente point, je vous l’ordonne
car à présent, vous voilà sous mon autorité.
    Le baron jeta un regard d’incompréhension au
comte qui précisa :
    — Oh, je ne parle pas d’égal à égal, de
général d’artillerie à général de police. Je parle d’autre chose qui est
société secrète où n’entre point qui veut…
    Le comte fit signe à Frontignac qui amena joli
coffret.
    Nissac l’ouvrit, en sortit un foulard rouge et
le noua autour du cou de Jérôme de Galand :
    — Vous êtes des nôtres, baron. Votre vie
ne vous appartient plus.
    Le général de police, bouleversé, ne trouva
point ses mots et hocha la tête.

78
    Le roi, le Premier ministre et Anne d’Autriche
s’en vinrent visiter madame de Santheuil allongée sur son lit et qui tenta de
se relever malgré sa blessure.
    On l’en empêcha.
    Bien qu’il ait lu les rapports de Nissac, Galand
et quelques espions de la couronne, le roi se fit conter la mort du baron de
Bois-Brûlé.
    Le très jeune monarque écoutait mais une part
de son esprit voyageait vers une nuit qui lui semblait aujourd’hui bien
lointaine. Une nuit de l’enfance tout d’abord angoissante puis brusquement
rassurante avec ce géant noir qui le tenait en ses bras puissants dans les
jardins enténébrés du Palais-Royal. Un géant tour à tour galérien puis baron, un
homme qui l’émut comme on y réussit rarement et dont la mort lui était blessure.
    Pendu par les pieds place Dauphine !… Au
côté d’Henri de Plessis-Mesnil, le petit-fils de l’amiral.
    Quelle infamie !
    Mais quelle réponse des Foulards Rouges
survivants ! C’était follement téméraire de se lancer ainsi à quatre
contre cent, debout sur ses étriers couper la corde d’un étincelant coup d’épée,
laisser le cavalier suivant attraper le corps. Et recommencer ! Quelle
noblesse ! Ne point abandonner ses amis, fussent-ils morts, il y fallait
une grandeur d’âme hors du commun. Risquer sa vie pour un cadavre, c’était
reculer les limites de l’honneur.
    Le roi sourit à la baronne.
    — C’est grand plaisir pour nous de voir
si jolie et courageuse baronne des Foulards Rouges en bonne disposition avec
notre comte de Nissac, qui a l’âme du chevalier Bayard et l’audace du
Connétable Du Guesclin.
    Le roi se retira, ainsi qu’Anne d’Autriche, mais
le cardinal s’attarda :
    — Il vous reviendra bientôt. Le vent
tourne. Le prince de Condé sera bientôt seul en cette ville de Paris dont il n’ose
point sortir.
    — Mais, monsieur le cardinal, les
Foulards Rouges ne sont plus que quatre et on peut voir six tombes en leur
petit cimetière.
    Le cardinal Mazarin s’assit au bord du lit, déplaça
affectueusement une mèche de cheveux que la transpiration de la fièvre collait
au front de la jeune femme puis il lui prit la main.
    — Mathilde, les choses ne sont point
aussi simples qu’elle le paraissent parfois. Ainsi cette expédition au bord des
quais, dont on me dit qu’il y aurait eu guet-apens dû à la vilénie de quelque
traître. Certes, les boulets des Espagnols au fond de la rivière de Seine, voilà
très bonne chose dont nous nous réjouissons fort mais savez-vous qu’alors même
que la Fronde manque de boulets, cette belle action sert moins le roi que le
fait de soustraire avec tant d’audace les corps de vos amis sous les yeux du
duc de Beaufort ?
    Mathilde de Santheuil regarda le Premier
ministre sans le bien comprendre. Il reprit :
    — Cette affaire, on ne parle plus que de
cela, à Paris. Les dames de la Fronde y trouvent matière à aimer, les bourgeois
sont rassurés que dernier mot reste au roi et le peuple admire des héros qui
les font

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