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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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d’Eleonor qui avait lestement sauté à terre, suivie de Gautier. Mécontent de n’avoir pas eu de réponse et à nouveau inquiet, le capitaine Corato retourna vers le knörr.
    — Il ne manquait plus que vous, damoiselle de Fierville, fit-il en la saluant. Je m’inquiétais. Mon nom est Giovanni Délia Luna. Je suis le marchand qui va assurer votre passage vers la Sicile.
    Le serviteur avait rejoint sa maîtresse. L’air emprunté, il regardait le Sicilien en se dandinant d’un pied sur l’autre. La peur de la mer l’avait empêché de trouver le sommeil et même la bière dont il avait abusé n’avait pu l’y aider.
    — Le bonjour, maître Délia Luna, répondit Eleonor.
    — Je ne savais pas que j’allais embarquer une si jolie femme à mon bord, ajouta-t-il. J’en suis honoré.
    — Vous n’êtes pas sans savoir que je vais rejoindre mon futur époux en Sicile, maître Délia Luna ? répliqua Eleonor en fronçant les sourcils. Le sire de Marsico, un proche du roi Guillaume I er .
    — C’est vrai, damoiselle, et je crois avoir déjà rencontré votre futur époux à la cour de Palerme. Mais ne prenez pas en mal mes compliments, ils ne sont que l’expression de mon admiration... et de mon profond respect. Nous autres, gens du Sud, aimons les femmes et le leur faisons savoir.
    Peu habituée à ce genre de joute, Eleonor acquiesça d’un bref signe de tête.
    — Je dois régler encore un ou deux détails avec le prévôt de la ville, reprit Giovanni. Pendant ce temps, mes hommes vont monter vos affaires à bord. Et puis, si vous voulez bien m’attendre ici, je vous accompagnerai moi-même et vous ferai visiter vos quartiers.
    Et avant qu’elle ait pu ajouter quoi que ce soit, le jeune homme partit d’un bon pas vers la ville.

9
    Les marins chargèrent les coffres sur leur dos et prirent la direction du port en eau profonde. Eleonor et Gautier se retrouvèrent seuls. Un petit vent froid se levait, venu du nord.
    La jeune femme resserra frileusement son manteau autour d’elle et s’avança au bord du quai, contemplant l’eau scintillante dans laquelle nageaient des centaines de poissons argentés.
    Pour la première fois depuis qu’elle avait quitté le château familial, elle réalisait qu’elle allait laisser derrière elle son pays et sa famille et, sans doute, ne jamais revenir. Des images affluaient : sa mère, la lumière dans les douves du château, sa vieille nourrice, son père, sa jument... Sa gorge se noua et, essayant de cacher son trouble à son vieux serviteur, elle fixa l’horizon, les larmes affleurant à ses paupières.
    Le temps passa, juste interrompu par les cris des mouettes qui se disputaient les restes d’un requin dont les vagues avaient rejeté la grande carcasse sur le rivage.
    Trois marins s’étaient approchés. L’un d’eux, un gaillard bâti tout en force, avait repéré la silhouette mince de la jeune femme immobile près du quai. Il cligna de l’oeil vers ses compagnons et, une fois près de Gautier, le bouscula si fort que le vieux tomba.
    — Oh, pardon, mon bon ! s’exclama le marin en faisant semblant de l’aider à se relever et en le repoussant par terre une seconde fois, sous les éclats de rire moqueurs de ses camarades.
    En entendant ce brouhaha, Eleonor s’était retournée. Elle se précipita pour aider le vieil homme à se relever.
    — Gautier, ça va ?
    — Oui.
    — Qu’est-ce qui s’est passé ?
    Mais le vieux n’eut pas le temps de répondre. Le gars s’était approché, les autres derrière lui.
    — L’est pas bien solide sur ses jambes, on dirait ! s’écria le gars. L’est tombé tout seul, damoiselle. Z’êtes sa fille ?
    — Non, je ne suis pas sa fille ! répondit Eleonor. Mais laissez-nous tranquilles !
    Le marin s’esclaffa, bientôt imité par ses compagnons, des hommes aux figures patibulaires, aux membres courts, aux muscles solides, plus habitués à la fréquentation des étuves et des puterelles qu’à celle des pucelles.
    Eleonor regarda autour d’elle, cherchant en vain de l’aide. Ses joues s’empourprèrent d’une brusque colère.
    — Ça suffît maintenant ! gronda-t-elle en se plantant devant celui qui avait l’air d’être le chef.
    — La garce a du caractère, remarqua-t-il. Mais tu as mal choisi ton protecteur, ma belle. Mon nom à moi, c’est le Balafré, rapport à ça...
    L’homme écarta un pan de sa tunique, montrant une vilaine et profonde cicatrice allant de

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