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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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son cou jusqu’à son nombril.
    — Ça fait mon succès auprès des dames. J’te disais donc que c’est pas avec un vieux qu’y faut aller...
    D’une bourrade, le Balafré envoya Gautier rouler aux pieds de ses amis.
    — ... quand on est jeune et jolie comme toi. Tu vois, y tient pas debout. Tombe tout le temps, le pauvre bougre !
    Eleonor avait sorti son poignard qu’elle brandit devant elle.
    — Vous devriez avoir honte de vous en prendre à quelqu’un comme lui. Gautier, ordonna-t-elle, relève-toi et viens derrière moi !
    — La damoiselle a un dard comme les abeilles ! fit le marin avec un rire gras. Vous avez vu, vous autres ? C’est avec ça qu’elle veut me tenir en respect, moi le Balafré !
    Tous s’esclaffèrent puis se turent d’un coup. Un sourd grondement avait répondu à la tirade du marin. Comme par enchantement, la silhouette grise du chien du prévôt était apparue au milieu d’eux.
    Ses yeux vairons luisants comme des flammes, la bête se plaça devant la jeune femme.
    — Le loup ! Les gars, c’est le loup ! s’écrièrent les marins.
    La réputation de l’animal était telle que les malandrins reculèrent aussitôt et que l’un d’entre eux tourna même les talons. Le poil hérissé, les babines retroussées, le chien était prêt à bondir.
    — C’est pas une bête qui va me faire reculer ! grommela le Balafré en se dandinant d’un pied sur l’autre.
    — Laisse tomber ! le raisonna son compère. C’est une bête d’enfer ! Il va te déchiqueter comme une charogne. Je l’ai déjà vu faire.
    Mais l’autre ne l’écoutait plus. Il avait tendu la main pour s’emparer du couteau d’Eleonor et d’un bond le chien fut sur lui.
    Ils roulèrent à terre. Le marin hurlait de douleur à chaque morsure. La bête grognait, crocs dehors. Enfin, les mains et le torse en sang, le Balafré resta immobile, haletant, le corps du chien couché sur le sien. Les canines emprisonnaient sa gorge. L’homme avait compris qu’au moindre mouvement il serait égorgé.
    La trompe du prévôt retentit à plusieurs reprises.
    — Lâche, le chien, lâche ! ordonna en vain Eleonor.
    Le prévôt Eudes apparut et poussa un long sifflement.
    La bête se redressa aussitôt et se dirigea vers la jeune fille. Eleonor faillit reculer tant sa taille – elle lui arrivait presque à la poitrine – et son aspect étaient impressionnants. Elle tendit la main et, les doigts tremblants, caressa le museau souillé de sang et de bave.
    — Merci, fit-elle.
    — Il s’appelle Tara, fit le prévôt qui avait saisi le marin par le col.
    La patrouille, menée par un sergent, débouchait au pas de course d’une ruelle voisine. Les habits en loques, le blessé gémissait, de sanglantes estafilades couvraient son corps et son visage.
    — Te plains pas, il aurait pu te tuer, remarqua Eudes. Embarquez-moi celui-là, vous autres, ordonna-t-il au sergent. Le cachot lui calmera les sangs.
    — Bien, sire prévôt.
    — J’ai rien fait ! essaya de protester le marin alors que le sergent l’empoignait avec rudesse.
    — Eh bien, c’est pour les fois où t’as fait, l’ami, rétorqua Eudes. Emmenez-le !
    Une fois ses hommes partis, le prévôt se tourna à nouveau vers la jeune femme aux pieds de laquelle s’était couché le chien.
    — Tara. Le nom d’une ville légendaire, là-bas, en Irlande. C’est ce que m’ont dit les Irlandais. Dans leur pays, il tuait les loups et il ne s’est jamais laissé caresser par quiconque... Sauf par vous. Ils étaient combien ?
    — Trois.
    — Les deux autres doivent toujours courir. Vous allez bien ?
    La jeune fille était encore très pâle.
    — Ça va, sire prévôt. Sans lui, je ne sais pas ce qui serait arrivé.
    Le regard pensif du prévôt alla de son chien à la jeune femme. Depuis qu’il faisait équipe avec le grand animal, jamais Tara n’avait attaqué de lui-même ni n’avait témoigné de l’intérêt pour un autre que lui. Et encore, il lui avait fallu une longue période d’apprivoisement et de nourritures choisies.
    — C’est vous qui embarquez sur le knörr, n’est-ce pas ?
    — Oui.
    — Vous avez déjà eu des chiens ?
    — Oh oui, j’en avais au manoir, un surtout auquel je tenais, que m’avait donné mon père. Il est mort en me défendant contre un sanglier. Mais je n’avais jamais vu de bête comme la vôtre.
    — C’est une race à part. Pleine de vaillance et douée d’une intelligence

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