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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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étonnante.
    Gautier les avait rejoints, la mine déconfite, les habits souillés de poussière. Pendant la lutte entre le Balafré et Tara, il s’était enfui, se glissant sous la coque d’une barque retournée.
    — Votre serviteur ?
    — Oui.
    Le prévôt apostropha le vieux :
    — Il m’avait bien semblé voir quelqu’un se cacher là-dessous, fit-il en montrant le canot, mais je ne pensais pas que c’était le serviteur d’une dame. Plutôt quelque maraud !
    — C’est que je me sentais pas bien, essaya de se justifier Gautier en rougissant jusqu’aux oreilles.
    — Ne soyez pas sévère, messire, Gautier est pire qu’un lapin quand il voit les chasseurs, mais c’est un bon et fidèle serviteur et j’en réponds.
    — Si ça vous convient, damoiselle, je n’ai pas à y redire. Pouvons-nous parler un moment, seul à seul ?
    Bien que surprise par la demande, Eleonor acquiesça d’un signe de tête.
    — Bien sûr. Gautier, attends-nous ici ! Où voulez-vous que nous parlions ?
    — Marchons de ce côté des quais.
    Et ils partirent, le grand chien trottinant sur leurs talons, laissant Gautier désemparé et honteux derrière eux.
    — Au fait, messire prévôt, n’avez-vous pas rencontré le sire Délia Luna ? Il allait à la prévôté afin de vous rencontrer. C’est lui que nous attendions sur ce quai.
    — Non. J’étais en patrouille du côté du couvent des Sachets.
    — Je vous écoute, sire prévôt, bien que je ne voie pas quelle demande vous pouvez me faire.
    — Ce n’est qu’une idée qui m’a traversé l’esprit en vous voyant avec Tara. Depuis hier, je pensais... Mais il faut d’abord, pour que vous me compreniez, que je vous raconte ce qui se passe ici, damoiselle.
    — À Barfleur ?
    — Oui.
    — Allez-y.
    Eudes jeta un coup d’oeil vers le visage sérieux de la jeune fille, et se lança :
    — Depuis quelques jours, je cours en vain après un assassin que les gens d’ici surnomment le loup de Bar-fleur.
    Le prévôt hésita.
    — Je ne suis plus une fillette, continuez, l’encouragea-t-elle.
    — Cette bête-là ne tue que des enfants, garçons ou filles. Pour l’instant, il ne s’en est pris qu’à des pauvres que personne ne réclame. Malgré cela, les gens ont peur et il leur faut un coupable. Ils l’ont trouvé. C’est Tara. Il est trop grand, trop différent des bêtes qu’ils connaissent.
    — Votre chien !
    — Oui. Hier au soir, des notables sont une nouvelle fois venus me sommer de m’en débarrasser. Ils finiront par me le tuer à coups de pierre ou par me l’empoisonner. J’ai donc passé la nuit à chercher un moyen de le protéger ou de l’éloigner de la ville.
    — Que puis-je y faire ? Je ne vois pas.
    — Ma demande va vous paraître étrange. Mais j’ai compris quand il vous a défendue que j’avais trouvé la personne qu’il lui fallait. Tara ne fait que ce qui lui plaît. Il vous a choisie. L’année dernière, j’ai dû le confier à un ami, le justicier de Normandie m’avait convoqué à Caen et je ne pouvais l’emmener. Tara s’est enfui et a retrouvé ma trace là-bas. Prenez-le avec vous, damoiselle. Et emmenez-le loin d’ici.
    Ils s’étaient arrêtés. La lumière du soleil allumait des reflets roux dans la chevelure d’Eleonor. Elle ne s’attendait pas à cela et resta muette. Le prévôt insista. Le chien, comme s’il avait compris, regarda son maître puis la jeune fille.
    — Comment voulez-vous que je fasse ? Je pars en bateau dans quelques instants. Si je rentrais au manoir, cela serait facile ! Mais sur un navire ! Et je ne suis même pas sûre que l’armateur l’acceptera à son bord...
    — Pour ce qui est du Lombard, j’en fais mon affaire. Et puis, n’oubliez pas que Tara est arrivé à Barfleur sur un bateau irlandais. La mer ne l’effraie pas et il sait nager, ce qui n’est pas le cas de la plupart des hommes. Songez comme il vous a défendue. Vous serez seule femme à bord, et ce n’est pas le vieux Gautier qui se battra pour vous.
    La bête avait glissé son museau humide dans le creux de la main d’Eleonor.
    — Je sais tout cela, mais je n’avais pas imaginé...
    — Regardez, il vous est déjà attaché.
    La jeune fille caressa l’encolure chaude de l’animal.
    — Et vous n’osez me le dire, fit-elle, j’ai une dette d’honneur envers lui. Il m’a sauvée. Je ne peux le laisser à la merci de la haine des villageois. Vous avez gagné, j’accepte,

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