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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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m’a toujours creusé. À vous revoir.
    — À demain, à Jersey.
    Une fois le Lombard parti, Tancrède questionna son maître.
    — Où sont passés les guerriers de Magnus le Noir ?
    Hugues désigna un monticule rocheux.
    — Ils ont planté leur camp de ce côté.
    — Les hommes d’équipage n’ont guère l’air de les apprécier, sauf quand ils rament. Et à l’ouvrage, il faut avouer que ce sont de rudes gaillards. Combien durera notre navigation ?
    — Deux mois, peut-être, je ne sais pas exactement, je n’ai jamais fait ce voyage par voie de mer. Pourquoi ?
    Le jeune homme hésita.
    — Je vais demander à Knut si je peux, moi aussi, aller sur les bancs de nage. Je ne pourrai rester sans rien faire si longtemps.
    Un chant guerrier s’éleva d’entre les rochers. Tancrède se tourna de nouveau vers le feu.
    Un long moment plus tard, tous deux regagnèrent leur tente, le jeune homme se glissant dans le sac en fourrures donné par Knut et s’endormant d’un coup.
    Hugues resta un moment assis à écouter les bruits du camp, les voix, les chants au loin, et le ressac sur les galets.
    Ses pensées tournoyaient et, pour une fois, son jeune compagnon n’en était pas le centre. Toutes ces années où il avait évité de parler de la Sicile... Maintenant qu’il revenait, qu’il commençait à révéler la vérité à Tancrède, l’impatience le prenait, lui aussi.
    L’envie de revoir des visages connus, des lieux qu’il avait aimés.
    Il songeait même – était-ce sa rencontre fortuite avec cette jolie brune aux yeux pâles à Barfleur ? -aux femmes de là-bas et au harem. Ce lieu à l’écart des hommes où tout n’était que poésie et plaisir, ce lieu où les rois normands avaient gardé les habitudes des sultans musulmans, leurs prédécesseurs.
    Malgré la protection de la tente, l’humidité de la mer commençait à se faire sentir. Hugues frissonna et se glissa dans son sac, la main sur la garde de son poignard.

20
    Il n’arrivait pas à dormir. Ses pensées tournoyaient sous son crâne comme un essaim de guêpes. Il se leva sans bruit, non sans avoir auparavant regardé autour de lui.
    Les derniers buveurs avaient regagné leurs couches et même les sentinelles, assises en tailleur, somnolaient, les lances posées en travers de leurs genoux.
    L’homme aimait ces moments de la nuit où il était le seul éveillé. Quand les autres dormaient, tout devenait possible. Il était tout-puissant. Il pouvait faire d’eux ce qu’il voulait. Ils lui étaient livrés pieds et poings liés. Un sourire sur les lèvres, il se redressa puis, d’un coup, se cassa en deux.
    Il avait mal.
    Sa cicatrice s’était réveillée. Dans la journée, il sentait sa peau gratter, tirer, mais le soir, la douleur venait. Par moments, c’était comme d’avoir un fer rouge planté dans le bas des reins. Il avait vu bien des médecins, juifs, arabes ou chrétiens, mais aucun n’avait su le soulager. Tous lui avaient dit qu’il n’y avait aucune raison pour que cette blessure vieille de plusieurs années le torture ainsi. Et pourtant, il avait même l’impression parfois qu’elle se rouvrait et qu’elle saignait.
    D’une main hésitante, il tâta le bas de son dos, cherchant la plaie du bout des doigts. Mais non, elle était bien fermée. Il se força à respirer doucement, à chasser les images qui l’assaillaient. La voix sous son crâne s’était réveillée, elle aussi.
    — Je suis là, disait-elle. Je suis là. Crois-tu que je t’ai oublié ?
    — Non.
    — Tu ferais mieux de te recoucher. Que veux-tu faire ? À quoi penses-tu ? Ou plutôt à qui ?
    — À personne.
    — Pourquoi ce couteau dans ta main, alors ?
    L’homme s’aperçut que ses doigts s’étaient refermés sur la garde du coutel.
    — Je ne sais pas.
    — Tu as toujours menti. Tu es un lâche. I L le sait bien, lui. I L l’a toujours su.
    — Non. C’est LUI qui m’a fait ainsi. Lui !
    Une des sentinelles s’était réveillée brusquement.
    — Qui va là ? fit-elle.
    Son compère ouvrit aussitôt les yeux.
    — T’as vu quelque chose ?
    — J’sais pas. J’crois que j’ai entendu un bruit.
    La sentinelle jeta un oeil vers le sablier.
    — Bientôt la relève. J’me suis endormi.
    — Moi aussi. Tu veux que je fasse une ronde ?
    À ces mots, l’homme dans la pénombre se figea. Là où il se tenait, les autres ne pouvaient l’apercevoir à moins qu’ils ne s’approchent. Et s’ils

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