Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
Vom Netzwerk:
toi, tu le sais. Il n’y a que la mort qui puisse te guérir, répondit la voix sous son crâne.
    — Quand je les tue, la douleur s’en va. Mais ensuite, elle revient et la peur aussi. C’est à cause d’eux que je souffre, à cause d’eux qu’iL m’a châtié.
    — Tu ne dois pas les approcher.
    — Tu sais, la première fois, la toute première fois, je voulais juste le toucher, rien que ça. C’est lui qui est venu à moi. Et les autres, c’est pareil. C’est eux, le diable, pas moi... Leurs yeux me suivent partout, même quand je dors. C’est eux qui méritent la mort, pas moi. Et puis, tu sais bien, toi, que je n‘ai jamais rien fait de ce qu’iL me reproche. Je suis innocent. Je LUI ai toujours obéi.
    — Tais-toi !
    — Non, il faut que tu m’écoutes. Que tu me croies. Si toi, tu ne me crois pas, qui me croira ? Je te jure que j’ai essayé de m’éloigner. Je voudrais tant que ça s’arrête ! A chaque fois, je me dis que j’ai conjuré le mauvais sort. Que je vais trouver le repos. Mais il en vient un nouveau et ça recommence.
    — Cela ne dépend que de toi, tu le sais.
    — Non ! C’est une malédiction. Aie pitié ! Aide-moi !
    — Il n’y a qu’un moyen pour cela, et tu le connais, fit la voix. Tu n‘as qu‘à mourir.
    Un sursaut. Le corps qui se contracte. La douleur qui envahit tout. La peur à nouveau qui rôde. Dedans et dehors. Partout. Souffrance et peur.
    — Je ne veux pas mourir, pas encore. Aie pitié !
    — Alors, tu as raison. Tu es maudit...

24
    Une foule de curieux se pressait sur le quai. C’était un brouhaha de cris, d’appels, de sifflements. Les esnèques, navires de guerre réservés aux barons ou aux princes, attiraient davantage la curiosité que les navires marchands. Aussi villageois et pêcheurs de Jersey s’étaient-ils précipités vers le long bateau, se bousculant, essayant d’apercevoir l’équipage et les passagers. Des gamins escaladaient le plat-bord quand les guerriers fauves les repoussèrent. Ils braillaient en norrois et frappaient du manche de leurs haches, puis, poussant un farouche cri de guerre, ils descendirent sur le quai et prirent position autour de la passerelle, les haches brandies. Magnus descendit lentement, fixant la foule. Les gens reculèrent. Le silence se fit.
    — Du calme ! Du calme ! s’écria Harald qui était apparu près du Noir. Reculez tous ! Ce bateau est au service du roi et nul ne doit monter à bord ! Qu’on se le dise !
    Tout le monde finit par se disperser. Le calme revenu, le maître de la hache descendit à terre, escorté de ses marins pour chercher de l’eau douce et des provisions.
    — Je ne pensais pas trouver autant de bateaux ici, remarqua Hugues. Flottille de pêche, galées...
    Le pilote s’était arrêté près de l’Oriental. Ayant mené les navires à bon port, il déambulait sur le pont, l’air tranquille, le nez en l’air. Hugues et lui avaient longuement parlé la veille aux Écrehou.
    — Il y a de l’étain, du vin ou des tissus. Les bateaux viennent d’Angleterre, d’Aquitaine, de Normandie ou de plus loin encore. Ces îles ont toujours servi de halte pour nous, les marins.
    Il se tourna pour observer le knörr.
    — Votre ami, le Sicilien, débarque des ballots de marchandises, on dirait.
    — Oui. Et un de ses passagers.
    — C’est vrai, fit le Breton. Les passagers. C’est une des raisons de notre escale à La Rochelle. J’aime La Rochelle, vous connaissez ?
    — Mal, mais un de mes amis y a rejoint la commanderie templière. Si nous avons suffisamment de temps, j’irai le voir.
    — Templière, répéta le Breton d’un ton rêveur. Si elle se refusait à moi, je me ferais moine.
    — Elle ?
    — La mer, murmura le pilote. Ils disent tous que je l’ai épousée et ils ont raison. S’ils savaient à quel point c’est vrai ! Quand j’étais enfant, je savais que si je regardais une fille, je la perdrais... Alors...
    Il s’interrompit.
    — Mais voilà votre ami, je vais vous laisser. La navigation a été dure. Il faut que je dorme un peu.
    Tancrède les rejoignit et salua le Breton qui, après s’être incliné, repartit de son pas tranquille. Hugues le regarda s’éloigner, songeant à part lui que l’homme était encore plus singulier qu’il ne l’avait pensé de prime abord.
    — Comment était ce premier essai sur les bancs de rame ? demanda-t-il à son protégé.
    — Plus dur que je n’aurais cru, avoua le jeune

Weitere Kostenlose Bücher