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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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s’asseoir pour dévorer les gigots qui rôtissaient de l’aube jusqu’au couvre-feu. De l’autre, une taverne où chacun buvait son pichet debout ou s’asseyait sur des nattes de jonc pour lancer les osselets ou les dés.
    Cet après-midi-là, alors que l’aubergiste surveillait ses aides, deux clients entrèrent : le premier était un vieil homme, l’autre une femme enveloppée d’un mantel à capuche qui dissimulait ses traits. Ils s’arrêtèrent, indécis, à quelques pas de lui. Ce n’était pas si courant de voir des femmes à l’auberge et cela éveilla l’intérêt de l’homme, plus habitué aux puterelles qu’aux dames. Et celle-là, il en aurait mis sa main au feu, était une dame. Pas une baronne, il avait rapidement jaugé la qualité du drap, le cuir des chaussures, les malles que l’on avait déposées au pied de l’escalier. Mais une dame tout de même.
    Il s’approcha.
    — Holà ! fit le vieux en l’apercevant. Nous cherchons après le tavernier.
    — Que lui voulez-vous ?
    — On n’y voit goutte chez vous, fit le vieux en se raclant la gorge. Toute cette fumée... Ma maîtresse aimerait une chambre pour la nuit. Quant à moi, je me contenterai d’une couverture dans le foin de vos écuries.
    L’aubergiste ne répondit pas. À cause du départ prochain des bateaux, il n’avait plus de lits. Une grimace tordit ses traits. Après tout, si celle-là payait bien, il louerait sa propre chambre et dormirait dans la paille du grenier.
    — Pour l’écurie, ça ira. Pour le reste, dis à ta maîtresse que j’suis complet.
    Un bref désarroi se peignit sur le visage du serviteur.
    — Toutefois, ajouta le tavernier, je peux vous laisser ma chambre.
    C’est la femme qui demanda, d’une voix jeune au timbre haut et clair :
    — Combien ?
    — Vous venez d’où ?
    — Que t’importe ! fît-elle en faisant jaillir de sa manche une pièce qu’elle lui lança.
    L’homme l’attrapa avec adresse, mordit dedans et la fit disparaître dans la poche de son vaste tablier.
    — C’est vrai. Du moment que vous payez. Affaire conclue.
    — Et tu donneras le souper à mon serviteur et une couverture pour la nuit.
    — Oui-da.
    Il se tourna et héla l’un de ses gens.
    — Viens par ici, toi !
    Le jeune gars accourut.
    — Monte ces coffres dans ma chambre.
    Puis s’adressant à la femme :
    — Suivez-le, ma dame, il va vous montrer où c’est qu’vous logez.
    — Merci l’aubergiste. Peux-tu me dire où est le navire marchand qui doit prendre la mer au matin ?
    — Dans le port à flot avec l’esnèque, c’est les seuls qui soient prêts. Le Lombard qui l’affrète vient ici chaque soir, si vous voulez lui parler.
    — Non, mais tu le préviendras que ses passagers sont arrivés. Qu’il nous fasse chercher au matin avec nos bagages.
    — Bien.
    Quelques instants plus tard, les malles posées sur le plancher, le serviteur referma la porte de la chambre. D’un rapide coup d’oeil circulaire il jaugea la taille de la pièce et la propreté des murs passés à la chaux. Enfin, il se pencha sur la paillasse recouverte d’un drap et d’une couverture de grosse laine.
    La jeune femme avait ôté sa capuche, révélant une abondante chevelure brune retenue par un ruban, d’immenses yeux bleus et un visage aux traits réguliers, quoique encore enfantins. Elle avait tout juste dix-sept ans et les années, jusqu’à la mort de sa mère, avaient été douces. Elle se pencha à la fenêtre pour regarder les toits de joncs et de schistes des maisons qui bordaient la venelle dans laquelle s’enfuirent des rats. Le soleil allait bientôt se coucher et une soudaine fatigue l’envahit. La route avait été longue depuis le manoir familial jusqu’au port de Barfleur. Elle se retourna.
    — En as-tu enfin fini avec cette literie ? demanda-t-elle.
    — Oui, maîtresse, il n’y a ni poux ni puces. Vous pouvez dormir tranquille. Mais l’endroit ne me plaît qu’à moitié, je préférerais garder votre porte cette nuit.
    La jeune fille montra le poignard dissimulé dans les plis de sa robe.
    — Non, Gautier, je sais me défendre et je pousserai mes malles devant la porte. Tu dormiras aux écuries et tu prendras un bon repas avant. Mais d’abord, va me chercher un bol de soupe et du pain. Je meurs de faim. Et aussi une chandelle et un broc d’eau pour ma toilette.
    — Bien, maîtresse. Je reviens.
    Il avait déjà la main sur la poignée de fer de la

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