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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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sur son bol de soupe et dévora le pain à belles dents.
    Elle n’avait pas fini qu’on frappait de nouveau. Gautier déjà ! Elle courut ouvrir et resta interdite. L’homme était mince et brun, avec un visage à la peau sombre dans lequel brillaient deux yeux d’un noir profond, ombrés de longs cils. Une vaste cape de drap noir cachait mal des vêtements rehaussés de broderies d’or. La garde ouvragée, ornée de pierres rouges, d’un cimeterre dépassait de son habit. Il parut aussi surpris qu’elle par son apparition et regarda l’enfilade des portes avant de s’incliner légèrement :
    — Excusez-moi, damoiselle.
    La voix était douce, teintée d’un accent chantant.
    — Tout va bien, maîtresse ? fit Gautier qui venait de déboucher dans le couloir avec son broc à eau dans une main et une chandelle dans l’autre.
    Elle se reprit.
    — Oui. Messire, que voici, a juste cogné à la mauvaise porte.
    — Mauvaise... Je n’oserais dire cela, protesta l’inconnu. Mon nom est Hugues de Tarse, damoiselle. Pardonnez-moi encore.
    Et avant que la jeune fille ait pu répondre, il s’était éloigné, donnant deux coups secs sur le vantail de la dernière chambre qui s’ouvrit aussitôt et dans laquelle il s’engouffra.
    Gautier resta les yeux écarquillés :
    — Un Mau...re, damoiselle, un... un Maure ! finit-il par bafouiller.

5
    Il faisait nuit quand Hugues et Tancrède descendirent manger. Des notables de la ville, reconnaissables à leurs habits, discutaient au pied de l’escalier et ils s’écartèrent en murmurant pour les laisser passer. Hugues saisit les mots « loup » et « cadavres ».
    La salle basse était noyée dans une pénombre chargée d’odeurs. Éclats de voix et rires sonores se mêlaient en un joyeux brouhaha.
    — J’ai une faim à dévorer un troupeau entier, déclara le jeune homme en glissant ses longues jambes sous le plateau de la table que leur avait réservée l’aubergiste.
    Hugues ne répondit pas, l’air préoccupé. Son regard s’était arrêté sur un groupe de marchands. L’un d’eux, très brun et richement vêtu, maniait la langue de ses interlocuteurs normands avec aisance, mais tout en lui indiquait le Lombard. L’Oriental saisit les mots « cuirs », « ambre », « épices »... Près de la cheminée, un pèlerin, reconnaissable à son mantel cousu d’une coquille Saint-Jacques et à son bâton, s’esclaffait avec les gamins qui s’activaient aux broches. Puis Hugues observa une table où avaient pris place cinq guerriers vêtus de capes noires, une hache de guerre en travers du dos. Ceux-là ne riaient pas. Ils mangeaient en silence, avec des gestes rapides, l’oeil en éveil. Celui qui semblait leur chef était un géant au crâne rasé, le visage couturé de cicatrices.
    — J’ai du mal à croire que nous sommes ici, continuait Tancrède. Je n’avais jamais vu autant de bateaux de ma vie. Et ce chantier ! C’est fascinant cette façon qu’ont les maîtres de la hache de tailler et d’assembler les coques...
    — Du gigot, mon beau sire, une miche de pain blanc et du vin de Gascogne ? proposa une robuste matrone qui faisait le tour de ses clients.
    Habillée d’une cotte de toile, pieds nus dans ses sabots, un tablier sale noué à la taille, les manches retroussées sur des avant-bras aussi larges que des cuisses, la femme s’était penchée vers eux, sa robuste poitrine débordant de son corsage, les paumes à plat sur la table.
    — Ça ira très bien, approuva Hugues.
    La femme se redressa, non sans avoir coulé un regard approbateur sur les larges épaules et la chevelure blonde de Tancrède. Elle revint rapidement, posant devant eux un plat de terre sur lequel reposait un gigot entier à la peau dorée, puis une livre de pain et deux pichets de vin coupé d’eau.
    — N’êtes point d’ici ? constata-t-elle en dévisageant Hugues. N’avez pas l’allure ni la défroque des pèlerins de saint Jacques. Des marchands, peut-être ?
    — C’est ça, fit l’Oriental en lui tendant l’argent du repas. Tenez, payez-vous, la femme.
    — Remarquez, c’que j’en disais... malgré votre peau foncée, vous êtes plutôt bien de votre personne... Pis nous ici, on a l’habitude des croisés, y viennent souvent avec des plus foncés que vous. Merci, mon beau sire, répondit-elle avec un sourire édenté. N’avez plus besoin de rien ?
    — Non. Ah si ! Un renseignement. Vous savez qui sont ces gens,

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