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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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Tout autour des appentis de bois, des écuries, des échoppes.
    Le Sicilien frappa à la porte.
    — Qu’est-ce donc que ce lieu ? demanda Tancrède. Je ne vois pas d’enseigne.
    — Si fait, mon ami, regarde bien.
    Et effectivement, à l’un des angles, se balançait un cuveau de bois et une brosse. Le jeune homme hocha la tête. Il était trop ivre pour objecter quoi que ce soit et la porte venait de s’ouvrir sur une servante aux vêtements si légers qu’il écarquilla les yeux.

40
    Pendant ce temps, sur le port, devant la taverne à l’enseigne rouge, Hugues attendait toujours le Bigorneau.
    — Eh bien, messire, que faites-vous là ? demanda une voix derrière lui.
    L’Oriental se retourna et se trouva nez à nez avec le pèlerin de Compostelle.
    L’homme, son grand bâton à la main et son balluchon sur le dos, l’observait de ses petits yeux noirs.
    — J’attends un ami.
    — C’est vous qu’avez donné l’alerte, y paraît, hier au soir !
    — C’est moi.
    — On vous doit une fière chandelle. Et moi qui m’étais promené autour du camp ! J’arrivais pas à dormir. Mais j’ai rien vu et je suis retourné m’effondrer sur ma paillasse. Quand je me suis réveillé tout était fini ou presque. Les tempêtes, ça me tourneboule l’intérieur, pas vous ? Sans vouloir être indiscret, vous êtes d’où, messire ?
    — De partout, maître Richard, de partout.
    — Ah...
    L’homme fit mine de se retirer.
    — Et vous, maître Richard, le voyage par mer est achevé, je crois ?
    — Oh, ma foi, cela dépend si je retrouve mes compagnons de route à La Rochelle. Sinon, j’ai demandé à messire Giovanni la possibilité de continuer avec vous.
    Hugues s’étonna :
    — Vous seriez le premier pèlerin de Compostelle que je connaisse à éviter le chemin et ses étapes. Quel pardon Dieu pourra-t-il vous accorder si vous évitez les pénitences qu’il vous a données ?
    — C’est que ma faute n’est pas bien grande, messire, répondit l’homme avec un fin sourire. Il suffirait de quelques toises à genoux pour qu’il me pardonne.
    — À se demander pourquoi II vous envoie en pèlerinage !
    — Il faut songer aux fautes à venir, messire. Qui dit que je ne pécherai pas demain ? Et puis, qui osera affirmer qu’un voyage par mer n’est pas une pénitence en soi ? Tempêtes, mal de mer, attaques de pirates... Il y a là pires épreuves que celles rencontrées sur les chemins. Vous ne croyez pas ?
    — Vous êtes un homme surprenant, maître Richard. Vous ne m’avez pas dit quelle spécialité vous exerciez à Caen.
    — Le drap, messire. Je suis drapier. Un bien beau métier, croyez-moi. Bon, je dois vous laisser, je vais voir si mes compagnons sont en ville. Que Dieu vous ait en Sa sainte garde.
    — Vous de même, maître Richard.
    La silhouette du pèlerin disparut bientôt dans la foule. Hugues attendit encore un moment et se décida à retourner au bateau. C’était l’heure du repas et les marchands ambulants s’activaient. Les uns portaient des cageots attachés au col, les autres poussaient leurs charrettes.
    — À la fraîche, à la fraîche in routi ! criait une marchande de sardines.
    — Et des sol’des sol’et des mul’ ! criait une fillette dont les poissons s’alignaient sur une carriole à bras.
    — Qui veut quartier d’ignâ ! criait un jeune gars qui faisait rôtir sa viande d’agneau sous les yeux des passants.
    Une bonne odeur de graisse grillée montait. Une gamine s’approcha d’Hugues.
    — Et des bons fromages, mes enfants, n ‘en voulez-vous ? Messire, un fromage frais ?
    — Non merci, petite, répondit l’Oriental en poursuivant son chemin.
    Des gabarres descendaient le canal de Maubec et accostaient à la Grande-Rive. Il évita un char tiré par des boeufs et se fraya un passage jusqu’au knörr.
    — On ne passe pas ! Ah, c’est vous, messire ! Allez-y, s’écria le marin de garde en s’écartant de la passerelle. Y en a du monde ici ! Et des gamins qui veulent monter, mais le capitaine est formel : pas d’étranger à bord !
    Le pont était désert à l’exception du capitaine Corato qui se tenait debout à l’avant avec un de ses matelots. Le nez dans ses parchemins, il achevait le décompte des marchandises à décharger ou à entreposer.
    — Hola, capitaine !
    — Oui, messire ? répondit Corato, qui semblait d’humeur maussade. Que puis-je pour vous ?
    — Est-ce que vos deux

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