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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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mousses sont encore à bord ?
    — Mes deux... Non, ils sont à terre. Mais pourquoi vous me demandez ça ? demanda-t-il, suspicieux.
    — Rassurez-vous, capitaine, répondit Hugues, je ne leur veux point de mal. Avec ce qui s’est passé, je m’inquiétais seulement de leur sécurité.
    Corato hocha la tête et fit signe au marin qui travaillait à ses côtés de les laisser seuls.
    — Moi aussi, faut avouer, messire. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils sont à terre ensemble. Je leur ai ordonné de ne pas se séparer et Bertil est parti avec le Bigorneau. J’ai pas envie de ramasser un autre cadavre.
    — Sage précaution.
    Le petit homme fronça ses épais sourcils, l’air encore plus soucieux qu’à l’accoutumée.
    — Je suis un homme ordonné, messire, protesta-t-il. Tout doit être à sa place et croyez que dans ce genre de voyage, ce n’est pas chose facile. En plus, va falloir que je trouve du monde ! Harald aussi d’ailleurs. Avec tout ça, on n’a plus assez de gars sur les bancs de rame.
    Regardez, moi j’ai perdu deux hommes et un mousse et j’ai été obligé de laisser un blessé à Maillezais.
    — L’abbé fera peut-être un moine de votre rameur. Qui sait ? Et Dieu vous en saura gré.
    — J’sais pas bien ce qui se passe, mais j’aime pas ça, bougonna Corato qui n’avait pas prêté attention aux paroles de l’Oriental. J’ai d’ailleurs envoyé une missive à ce sujet à mes maîtres.
    — Vos maîtres... Que voulez-vous dire ? Giovanni n’est-il pas l’armateur ?
    Le capitaine ne haussa pas les épaules, mais le ton était éloquent.
    — Lui ! Non, messire, mon vrai maître, c’est le patriarche Délia Luna et le fils aîné : Renato Délia Luna. C’est avec lui que je travaillais avant, et c’est à lui que j’ai envoyé ce mot. Il est à Marseille et mon message devrait lui parvenir avant qu’il ne rembarque pour la Sicile.
    — Giovanni Délia Luna est sans doute un peu jeune pour une charge si lourde.
    — L’âge n’a rien à voir là-dedans, grommela le capitaine, visiblement remonté contre son maître. Je n’ai jamais vu Renato ou son père dépenser leurs deniers dans les bouges ni chercher à esquiver les taxes de port. Et puis, ce désordre dans les marchandises... Tout est mélangé ! Je vous le dis, il n’est pas fait pour ce métier.
    Le petit homme regarda autour de lui puis se pencha, parlant à voix basse :
    — Puisque nous sommes tranquilles tous les deux, puis-je vous demander quelque chose, messire ?
    — Bien sûr. Je vous écoute.
    — Les marins parlent entre eux, savez. Et depuis la mort du petit... Croyez-vous que le meurtrier soit à notre bord ?
    — Si je le savais, capitaine, il serait déjà livré au prévôt de cette ville.
    — Moi je dis, et je suis pas le seul : celui-là, faut le passer par-dessus bord. Mérite pas autre chose que de finir dans le ventre des poissons. Dites-moi, c’est quoi ces histoires de traces sur le corps du gamin ?
    — Qui vous a parlé de ça ?
    — On cause. On cause, fit l’autre avec un air matois. Et paraît qu’en plus, y a un traître à bord ?
    Hugues se contenta de hocher la tête, et Corato poursuivit :
    — C’est pas bon, tout ça. Mais c’est possible, ces gars qui arrivent à nous suivre depuis si longtemps. Des diables ! Enfin, c’est à se demander, je suis superstitieux, moi ! Vous êtes d’où, messire de Tarse ? On est pays, peut-être ?
    — Je suis d’Antioche.
    — Et moi, de Byzance. Mais ma mère était grecque. Je préférais naviguer dans la mer intérieure, c’était chez moi là-bas, alors qu’ici, avec ces satanées marées... Avec toute cette histoire, mes gars commencent à se regarder de travers et cherchent le traître sur les bancs de nage.
    — C’est pourquoi nous devons très vite trouver les coupables. À ce sujet, capitaine, j’avais une question à vous poser. Avez-vous eu un nommé Louis dans votre équipage ?
    — Louis...
    Le visage du capitaine se plissa.
    — Non, je crois pas.
    — C’était un mousse, insista l’Oriental.
    — Ah oui, celui-là ! Je l’appelais la Sardine. S’est noyé.
    — C’est arrivé quand ?
    — Quand nous étions à Barfleur. Le petit dormait sur le pont et, un matin, on a trouvé son corps qui flottait dans le port. Mais c’était un accident. Ça c’est sûr. J’aurais jamais dû le prendre à bord, celui-là. Il avait peur de tout.
    — Apparemment, il

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