Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
Vom Netzwerk:
avait raison.
    Le silence retomba entre les deux hommes. Le capitaine lorgnait vers les marchandises dont il devait achever le décompte quand Hugues reprit :
    — Est-ce que vous pourriez me dire qui était déjà avec vous à Barfleur à ce moment-là ?
    — Vous voulez dire avant le départ ? Je vais essayer. Giovanni et moi, bien sûr... Tout l’équipage, sauf Bertil et mon nouveau rameur, Bjorn. Mais je crois que vous le connaissez ?
    — Oui.
    — Giovanni s’est mis en tête d’en faire son second. L’a pas tort d’ailleurs, il est doué, puis sait écrire et lire. Pas comme la plupart.
    — Est-ce que certains de vos passagers s’étaient déjà présentés pour l’embarquement ou vivaient à bord ?
    — Attendez... Oui, maître Richard, le pèlerin. Il voulait pas payer d’auberge. En ville, il y avait aussi le poète Wace et le moine. Le petit Dreu, on l’entend pas, celui-là ! Pire qu’une ombre. Et le chevalier. Tiens, d’ailleurs, celui-là m’a annoncé qu’il nous quittait.
    — D’Avellino ? s’étonna Hugues. Il est parti ?
    — Oui. Il m’a même dit qu’on se retrouverait en Méditerranée. Ce qui m’a paru étrange.
    — Il a pris ses affaires ?
    — Un écuyer est venu le chercher avec deux destriers. Il a payé son solde et ils n’ont pas demandé leur reste. À l’heure qu’il est, ils ont dû quitter la ville.
    — Bon, laissons celui-là. Je sais que Knut, Harald et leur équipage étaient à Barfleur tout comme Pique la Lune, Magnus et ses hommes.
    — Donc tout le monde était là au moment...
    — ... des meurtres, compléta Hugues, hormis la jeune damoiselle et son serviteur, Tancrède et moi-même.
    — On dirait, oui.
    — J’aimerais connaître votre sentiment sur le pèlerin Richard. Il prétend être drapier à Caen.
    — Je connais mieux mes gars que les passagers, savez. Ce Richard me plaisait pas trop, mais hier, dans la tempête, il a souqué ferme. Comme un homme. Alors...
    — Alors votre estime pour lui est remontée. Je comprends...
    — En revanche, ajouta Corato, il est pas assez gras pour un drapier, ça c’est sûr, et ses mains, vous avez vu ses mains ?
    — Calleuses et marquées d’anciennes crevasses, répondit Hugues.
    — Les drapiers, à part mesurer leurs coupons et encaisser, y font rien que de rester assis derrière leur étal.
    — Il s’entend bien avec l’équipage ?
    — Oui, il cause beaucoup. L’autre jour, le cuisinier s’est accroché avec lui car il gênait le travail de Bertil.
    Le visage du capitaine changea de couleur :
    — Vous croyez pas que c’est lui...
    — Non, je ne crois rien, capitaine. Je vous remercie pour tous ces renseignements. Où en êtes-vous de la réparation de la vergue ?
    — Knut a trouvé le bois qu’il fallait. Il est au chantier avec deux de mes gars. On pourra repartir demain avec la marée. Bon, va falloir que je retourne à mes comptes.
    — Tous vos passagers sont à terre ?
    — Oui. Même le moine.
    — Savez-vous où est Bjorn ?
    — En ville avec les mousses. Il s’entend bien avec Bertil...
    Le capitaine s’arrêta net.
    — On va plus pouvoir se regarder normalement. Euh, messire !
    — Oui ?
    — Répétez pas au sire Giovanni tout ce que je vous ai dit. J’étais en colère à cause de mes ballots de marchandises qui sont pas en ordre.
    — Je ne vois pas à quelle conversation vous faites allusion, capitaine, répondit l’Oriental.

41
    — Viens donc ! fit Giovanni en poussant Tancrède devant lui.
    La fille s’écarta, non sans avoir frôlé d’une caresse le visage du jeune homme.
    — Elle va pas te manger ! déclara le Lombard. Ce sont des étuves, pas une taverne. Nous y serons bien. Les filles y sont douces et l’hydromel meilleur qu’ailleurs.
    Ils pénétrèrent dans une vaste pièce d’où partait un escalier de bois. Un feu brûlait dans une immense cheminée. Quelques filles aussi peu vêtues que la première attendaient là, allongées sur des coussins et des tapis. Elles se redressèrent en les voyant entrer, prenant des poses en pouffant et leur adressant des sourires langoureux et des oeillades appuyées.
    — La maison est propriété d’un évêque point regardant sur ses locataires, murmura Giovanni à l’oreille de Tancrède. Les clostrières y sont jolies et certaines fort jeunes.
    — Les clostrières ?
    — Ben oui, ces filles-là. Tu ne sors donc jamais ?
    — Plus souvent dans les

Weitere Kostenlose Bücher