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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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quelques reprises en soupirant, fâché de perdre tout ce temps. Quand le président de l’assemblée
    sembla
    sur
    le
    point
    de
    renvoyer
    tout le monde à ses occupations, il leva la main en disant:
    — Messieurs, je dois vous transmettre une information.
    Mais je suis simplement le messager, sans plus.
    Sa prudence attira l’attention de tout le monde.
    — Armand Lavergne désire se présenter dans Québec-Est, lors de l’élection complémentaire.
    — . . Il va se faire rosser, marmonna Taschereau.
    — Je me suis mal exprimé. Il entend porter les couleurs du Parti libéral.
    Pendant un moment, la surprise laissa les autres bouche bée.
    — Il ne peut pas être sérieux, pesta Arthur Lachance.
    — Je ne fais que vous répéter l’information, précisa le marchand.
    De l’autre côté de la table, il remarqua la mise désolée d’Oscar Drouin. Désireux de se présenter lui-même, la présence de son ancien mentor au sein de la Ligue anticonscriptionniste risquait de lui porter préjudice. Edouard partageait un peu sa crainte. Tôt ou tard, les anciens camarades de Pénergumène se feraient reprocher leur connivence d’hier, si celui-ci devenait une réelle menace aujourd’hui.
    — Jamais il ne remportera l’investiture, affirma Power.
    Je doute qu’il reçoive un seul vote.
    Des yeux, le bouillant Irlandais semblait mettre au défi les autres de le contredire.
    — S’il ne se présente pas en tant que libéral, il sera candidat indépendant, précisa le jeune marchand.
    Cela représentait un danger potentiel. Lors des émeutes de la conscription, l’avocat nationaliste avait pu orienter la colère des gens de la Basse-Ville vers des cibles précises. S’il répétait ce tour de force, il transformerait l’élection partielle en une foire d’empoigne.
    Je te remercie de nous mettre au courant, Edouard, conclut Lavigueur. Cela nous laisse quelques semaines pour le convaincre de se montrer raisonnable.
    En quittant les lieux, les militants se demandaient toutefois comment atteindre cet heureux résultat.

    *****
    Après un court après-midi de travail, Edouard quitta son bureau. Au moment de passer dans l’antichambre, il s’arrêta devant sa secrétaire.
    — Mademoiselle Poitras, comme vous le savez, je ne serai pas de retour avant vendredi après-midi. Les chefs de rayon devraient être en mesure de faire fonctionner la boutique sans moi pendant quelques jours. Si jamais une urgence survenait. .
    — Je vous rejoindrai { votre hôtel, je sais. Vous m’avez donné vos coordonnées la semaine dernière.
    — Vous êtes une bonne élève. Et si jamais une décision s’impose très vite ?
    — Je demande l’aide de Fulgence Létourneau.
    Elle se tenait bien droite sur sa chaise, un sourire sur les lèvres. Ses bouclettes lui donnaient un air juvénile, mais elle savait se montrer compétente et assurée. Un moment, il avait regretté de la voir si vertueuse. À la réflexion, il se disait que cela valait mieux ainsi. Leurs rapports quotidiens se seraient compliqués en cas d’une trop grande intimité.
    — Je m’absente pour la première fois, cela me préoccupe un peu. Papa pouvait compter sur moi.
    — Et vous pouvez difficilement vous fier sur votre fils pour assurer l’intérim. Quel âge a-t-il ?
    — Quinze mois. . Vous avez le temps de devenir une vieille dame avant de le voir me remplacer. Allez, je vous quitte, je dois encore passer à la maison avant de prendre le train. Au revoir.
    — Bon voyage, monsieur Picard.
    D’un pas vif, le marchand descendit les escaliers en répondant aux salutations de nombreux membres du personnel.
    La voiture se trouvait dans la rue de l’Eglise. Il l’atteignit en quelques minutes, puis regagna son domicile en s’impatientant derrière toutes les charrettes de livraison encombrant les rues à cette heure de la journée.
    Arrivé { la maison, d’un pas vif, il gagna la pièce donnant rue Scott. Les premiers jours, occuper la chambre conjugale de ses parents l’avait un peu troublé. La chose lui paraissait maintenant tout à fait naturelle.
    Evelyne se tenait étendue sur le récamier, dans la tourelle ornant un coin de la demeure. Thomas junior était assis près d’elle sur le plancher, occupé { mâchouiller le coin d’un petit livre de contes.
    —Je suis venu vous dire au revoir avant de partir, déclara l’homme en s’approchant.
    Il s’agissait l{ d’une demi-vérité. Il tenait aussi à laisser la voiture { la maison,

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