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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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présente ma cousine, Thalie.
    La jeune fille serra la main de l’épouse, tout en se déclarant
    « enchantée ».
    — C’est la fille de mon oncle Alfred, précisa-t-il. Et voici Elise Caron. . je veux dire Hamelin. Ce fut l’âme sœur d’Eugénie pendant toutes ses années de couvent.
    Les deux femmes échangèrent des salutations plutôt froides, puis le silence s’installa entre eux. Pour mettre fin au malaise, l’homme conclut:
    — Nous allons rentrer, sinon ce jeune monsieur va s’impatienter.

    Pourtant, Thomas junior paraissait résolu à conserver sa mine raisonnable.
    — Nous comprenons, répondit tout de suite Elise.
    Bonne fin d’après-midi.
    Chacun marmonna le même souhait, puis les promeneurs continuèrent leur chemin. En retrouvant sa place sur la couverture, la jeune veuve confia :
    — Edouard a été le premier garçon à me faire la cour.
    — Vraiment?
    — Et Charles le second.
    — Passer du pire au meilleur.. Rencontrer tous les autres devenait inutile, ensuite.
    Elise choisit d’en rire. Elle se pencha un moment sur ses enfants, puis remarqua en se relevant :
    — J’ai déj{ vu des parents plus heureux de se rencontrer.
    Même des cousins. .
    — Edouard et moi n’avons rien en commun.
    — Vous avez un petit différend, peut-être.
    — Je dirais de nombreux différends, petits et grands. Si nous devenons des intimes, je te confierai les plus graves d’entre eux.
    Pareille éventualité lui paraissait maintenant bien possible.
    Thalie contempla Estelle un moment.
    — Pourrions-nous suivre son exemple ? suggéra la jeune femme. Elle semble si bien.
    Elles s’étendirent sur la couverture pour une petite sieste. Les enfants les réveillèrent un peu avant cinq heures.
    Au moment de reprendre les paniers, Elise demanda :
    — Veux-tu venir souper à la maison ?
    — Non, le repas du dimanche soir est sacré chez les Picard : Mathieu et moi devons manger avec maman. Aussi longtemps que je suis à Québec, rater ce rendez-vous me vaudrait un anathème.

    Tu reviendras, toutefois?
    Avec un grand plaisir.
    Tenant chacune un enfant par la main, elles retournèrent rue Claire-Fontaine en bavardant. Elles se quittèrent sur des baisers et une poignée de main.

    *****
    Armand Lavergne ne s’était pas présenté chez les Picard depuis plus d’un mois, même si, à de nombreuses reprises, il avait marché jusqu’{ la rue Scott, pour tourner les talons sans oser entrer. Après la requête formulée le lendemain de la Saint-Jean-Baptiste, il demeurait dans l’attente d’une réponse. N’y tenant plus, il sonna chez son ami, quelques jours avant la grande convention libérale.
    Encore une fois, Edouard perçut le timbre depuis la bibliothèque lui servant de pièce de travail. Il entendit un pas traînant dans le couloir, celui de la jeune Gaspésienne embauchée depuis peu pour remplacer Julie. Un moment plus tard, debout dans l’embrasure de la porte, elle annonça :
    — Monsieur Lavergne, pour vous.
    Le maître de la maison quitta son siège pour accueillir son ami. Il revint avec lui dans la pièce de travail.
    — Nous ne passons pas saluer ta belle-mère ?
    — Elle n’habite plus avec nous, fit Edouard en se dirigeant vers l’armoire { boisson.
    — Donc, une fois de plus, la rumeur disait vrai. Quelle drôle d’idée elle a eue. Des allures de reine pour aller tenir une maison de chambres : c’est un gaspillage éhonté.
    — Elle veut son indépendance. Nos seigneurs les évêques ont peut-être raison. Le droit de vote leur monte à la tête.
    Il tendit un verre à son visiteur, prit place dans le fauteuil opposé au sien.
    — Bien sûr, je blague, précisa-t-il après une pause. Elle trouvait la maison un peu trop hantée par papa, et considérait mon ménage comme trop morose. Elle a utilisé la moitié de son héritage pour s’acheter cette liberté.
    La confidence se révélait trop intime pour mériter le moindre commentaire. Le visiteur contempla un moment la boisson ambrée dans le verre.
    — Je voulais savoir comment mon offre de revenir au sein du Parti libéral avait été reçue, commença-t-il. Comme tu ne m’en as rien dit. .
    — Je n’avais rien encore { te dire. Je n’en ai parlé à personne.
    L’autre le soupesa du regard un long moment, incrédule, un air de reproche sur le visage.
    — Cela ne servait à rien, se défendit Edouard. Aussi longtemps que la convention n’aura pas eu lieu, personne ne sera désigné dans le comté. Le

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