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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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rencontrés ?
    — Cela n’a rien d’un secret. Paul Dubuc est entré dans notre commerce pour acheter des robes à ses filles. Ils se sont plu tout de suite, même s’ils ne l’ont réalisé que bien plus tard.
    — Cela prend tout simplement un heureux hasard, conclut l’hôtesse, les yeux toujours fixés sur sa fille.
    Elise pouvait se révolter contre les pulsions de marieuse de sa mère, ou alors voir cela comme l’expression de son immense sollicitude.
    — Peut-être aurai-je la même chance, ironisa-t-elle. Un jour, un homme entrera dans le cabinet de papa pour l’aire soigner une entorse, nos yeux se croiseront, et ce sera l’amour fou.
    — Ne te moque pas. Cela peut arriver.
    — Avec ma chance, le bonhomme aura sans doute la tuberculose.
    La rebuffade convainquit les parents d’abandonner ce sujet délicat. Pendant la suite du repas, la conversation porta sur l’été finissant et les défis des mois { venir. La moitié des personnes présentes seraient bientôt de retour { l’école : la perspective comportait son lot d’appréhensions. Comme le temps demeurait splendide, tout le monde se retrouva ensuite dans la cour arrière, une boisson fraîche à la main.
    Thalie passa de longues minutes à pousser les enfants, assis sur la balançoire. Quand elle revint vers les adultes, le docteur Caron lui fit signe de s’asseoir près de lui.
    — L’an prochain, vous travaillerez au Jeffery’s Hale, je pense. La rumeur se répand dans le monde hospitalier.
    —Le directeur semble vouloir considérer que mes deux premières années d’études feront de moi une infirmière passable.
    — Cela, vous l’avez déj{ montré au moment de l’épidémie de grippe.
    Ne
    sous-estimez
    pas
    cette
    expérience,
    ce
    fut une excellente école.
    — Oh ! Je le pense aussi. Ma frustration vient sans doute du fait que la plupart des médecins pensent que je devrais m’en tenir { ce travail. A tout le moins, je l’ai entendu murmurer à quelques reprises.
    Toutes ces bonnes gens reconnaissaient volontiers que l’enseignement, tout comme le soin des malades, représentaient des activités acceptables pour les femmes, car elles se situaient en quelque sorte dans le prolongement des fonctions de mère et
    ’épouse. La médecine paraissait cependant receler trop de grandeur, trop de pouvoir pour l’abandonner au sexe faible.
    — Vous l’entendrez
    certainement encore. Toutefois,
    après vos études, je serai heureux de m’entretenir avec vous de votre carrière.
    — . . Vous pourrez certainement me donner de bons conseils.
    Le docteur Caron avait de plus grandes ambitions en tête. Depuis des heures, il la regardait agir avec les enfants.
    Une partie de sa clientèle se réjouirait sans doute de la trouver dans son cabinet.

    Chapitre 21

    L’après-midi réunissait un autre couple sur la terrasse Dufferin. Françoise étrennait une jolie robe de la boutique ALFRED, Gérard Langlois se rengorgeait { côté d’elle, comme s’il avait une quelconque responsabilité dans son élégance. Ils parcoururent une dizaine de fois la grande surface de madriers d’une extrémité { l’autre.
    Assuré d’une bonne digestion grâce à cet exercice salutaire, l’employé de la Banque de Montréal proposa bientôt :
    — Si cela t’agrée, nous pourrions prendre le thé quelque part.
    — Avec plaisir.
    Elle espérait cette proposition depuis déjà un moment.
    Ses souliers, neufs eux aussi, la faisaient souffrir.
    — Es-tu déjà allée au nouveau café, rue Buade ?
    demanda-t-il.
    — Je n’en ai pas encore eu l’occasion.
    Son compagnon lui adressa un sourire satisfait. Cela signifiait que l’autre ne la sortait pas. Quelques minutes plus tard, ils profitaient du départ de touristes américains et prenaient place { une table près d’une fenêtre du New World Cafe. Frank Clodis avait ouvert ce commerce au début de l’été. Au cœur du quartier touristique, l’établissement souffrait néanmoins d’un voisinage imposant : un mur de la cathédrale, de l’autre côté de la rue, masquait la vue.

    Après avoir commandé du thé et des biscuits, Françoise remarqua à mi-voix, comme pour elle-même :
    — Dans une semaine, j’aurai une nouvelle belle-mère.
    Le ton exprimait des sentiments mitigés.
    — Tu t’entends plutôt bien avec elle, je crois.
    — Je m’entends très bien avec ma patronne, avec ma logeuse et avec la prétendante de papa, répliqua-t-elle avec un sourire hésitant. Je peux

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