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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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exprimait sa satisfaction. A la Haute-Ville, elle bénéficiait de la présence des touristes, qui compensait celle des clients locaux devenus frileux au moment d’ouvrir leur porte-monnaie. En bas de la falaise, le grand magasin PICARD ne jouissait pas du même avantage.
    Au moment de desservir, Françoise profita d’un passage à la cuisine pour parler seule à seule à la maîtresse de maison. La mère demeura ensuite songeuse pendant tout le reste de la soirée. Quand son fils annonça son intention de rentrer «à la maison» - l’expression la faisait encore grincer des dents -, elle déclara :
    — Je vais te reconduire à la porte du commerce.
    — Ce n’est pas nécessaire, j’ai toujours ma clé.
    — Mais je peux tout de même dire un mot { l’oreille de mon petit garçon.
    Mathieu fronça les sourcils sur les derniers mots, embrassa les autres femmes et descendit, avec sa mère sur les talons.
    Au rez-de-chaussée, elle laissa les lumières éteintes, se contentant de la lueur des réverbères pour tout éclairage.
    — Tout { l’heure, Françoise m’a demandé une faveur un peu troublante : elle a exprimé le désir de venir au mariage accompagnée.
    — . . Cela me paraît bien naturel.
    — Tu n’y vois pas d’inconvénient ?
    — Maman, nous avons tous les deux décidé de reprendre notre liberté. Il revient aux mariés de dresser la liste des invités, pas à moi.
    Marie n’arrivait pas { cacher tout { fait sa déception.
    Deux ans plus tôt, cette histoire d’amour lui paraissait tellement touchante. Si Françoise ne devenait pas sa belle-fille par son propre mariage, ce serait finalement grâce à celui de son père.
    — Elle se sent terriblement intimidée, dans cette situation. .
    — L{, je n’y peux rien, sauf promettre de demeurer poli avec son prétendant. Bien sûr, je ne m’engage pas { devenir le meilleur ami de ce type pour la mettre plus { l’aise.
    La femme hocha la tête en guise d’assentiment.
    — De ton côté, viendras-tu seul ? demanda-t-elle encore.
    — Je ne vois pas vraiment qui pourrait m’accompagner.
    Il y a bien tante Elisabeth, mais la différence d’âge ferait jaser.
    S’imaginant avec elle sur un banc de la cathédrale, alors que sa mère convolait en justes noces, un sourire frondeur lui passa sur les lèvres.
    — Ne dis pas de sottise. .
    L’ouverture d’esprit de Marie n’allait pas jusqu’{ tolérer une situation semblable.
    — Je ne fréquente personne, reprit-il d’un ton plus conciliant. Pour tout te dire, je suis sortie avec une jeune fille cet après-midi pour la première fois depuis mon retour d’Europe.
    C’était l{ un résumé édulcoré de ses fréquentations passées, confectionné { l’intention des oreilles maternelles.
    D’un autre point de vue, dans la mesure où les autres aventures avec des mercenaires de l’amour ou une belle Ontarienne ne comptaient pas vraiment, cette version des faits se montrait véridique.
    — Pourquoi ne l’invites-tu pas ?
    — Je la connais à peine. .
    — Cela rassurerait tout à fait Françoise.
    Elle se leva sur le bout des pieds pour l’embrasser sur les deux joues, avant de conclure :
    — Penses-y au moins. Bonne nuit, à bientôt.
    — Bonne nuit, maman.

    *****
    Lancer une invitation afin de rassurer Françoise ne représentait pas un motif bien séduisant. Cependant, une fois dans son esprit, l’idée ne cessa de le travailler toute la nuit.
    Au matin, une fois rendu à la porte de la bibliothèque de l’Assemblée législative, il demeura un moment immobile.
    — Si je ne règle pas cette question, maugréa-t-il, je ne pourrai pas me concentrer de la journée.
    L’étudiant descendit d’un pas rapide la côte d’Abraham, emprunta la rue Saint-Joseph afin de rejoindre le magasin PICARD. Quand il apparut devant Flavie, celle-ci le fixa de ses grands yeux bruns, surprise.
    — J’espère que vous n’avez pas de rendez-vous avec monsieur Edouard. Il ne se trouve pas ici.
    — Cela tombe bien, je ne veux pas le voir. Puis-je vous parler un instant ? En privé.
    — Ici et maintenant, cela convient très bien. Si vous n’élevez pas la voix, cet endroit est aussi discret qu’un autre.
    Nous pouvons nous asseoir de ce côté.
    De la main, elle désignait trois chaises contre une cloison, destinées à accueillir les visiteurs. Le garçon prit la première et la jeune femme, la seconde.
    — Quel motif me vaut le plaisir de votre visite ?
    questionna-t-elle tout de suite,

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