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Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Titel: Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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déjà nus, apaisés aussi, que Sarah tenait Serge contre elle, la bouche sur le sein, elle sut qu’ils demeureraient quoi qu’il advînt de leurs vies, proches, unis. Même s’ils ne devaient se rencontrer à nouveau qu’après de longs et lents cheminements séparés, même s’ils oubliaient jusqu’à leurs noms, ils demeureraient ce couple traversé par une unique vibration.
    Serge alluma une cigarette.
    — Vous ne fumez pas ? demanda-t-il.
    Qu’il la vouvoie encore l’étonnait et la rassurait. Elle dit :
    — Vous vivez à Paris, en ce moment ?
    Il venait d’être nommé au ministère des Affaires étrangères, mais ce n’était qu’une affectation provisoire, dans l’attente d’un départ, peut-être pour Genève ou Washington. Avant qu’il l’interrogeât, elle ajouta en chuchotant, comme si elle ne voulait pas qu’il entendît :
    — Je vais rester à Paris jusqu’au printemps, des concerts ici seulement. Après, à nouveau les tournées.
    Il se redressa, s’appuya sur le coude. Elle eut envie de lui embrasser les yeux qu’il avait grands, mais elle se retint.
    — Si nous vivions ensemble jusque-là ? dit-il.
    Elle se tourna, se mit sur le ventre, le visage enfoncé dans l’oreiller, pour ne pas répondre, ne pas entendre, fuir les questions qu’il lui posait. Mais Serge était obstiné. Le matin, comme elle hésitait à traverser, nue, la pièce, qu’elle lui demandait de ne pas regarder, peut-être une pudeur ridicule, mais elle était gênée, honteuse même d’avoir accepté de passer la nuit dans cet hôtel, à Paris, à quelques minutes de chez elle, et elle pensait à sa mère qui l’attendait, Serge dit :
    — Si nous avions un lieu pour nous, où nous nous retrouverions.
    Sans même réfléchir elle répondit :
    — Pourquoi pas ?
    Il lui téléphona trois jours plus tard, l’invitant à visiter les deux appartements qui lui paraissaient convenir, mais il ne voulait pas choisir sans elle. Il les décrivait longuement cependant que Nathalia Berelovitz passait plusieurs fois près de sa fille, intuitive toujours, cherchant à entendre cette conversation dont elle pressentait l’importance.
    « Faites, faites », dit Sarah à la fin, irritée par la présence de sa mère, « celui qui vous conviendra me conviendra ». – Il protestait. – « Imaginez ce que j’aime », ajouta-t-elle avant de raccrocher.
    — Qui était-ce, demanda Nathalia Berelovitz, Mietek ?
    Sarah s’était assise au piano, songeuse, incapable de se souvenir de ce qu’avait dit Serge Cordelier, étonnée de s’engager ainsi d’une manière si inattendue et qui lui paraissait si naturelle pourtant.
    — Je vais vivre avec quelqu’un, dit Sarah à sa mère.
    Elle feuilletait une partition, pianotait de la main gauche, ne regardait pas Nathalia Berelovitz qui l’interrogeait, parlait seule, s’éloignait puis revenait vers sa fille.
    — Tu le connais, répondait Sarah, Serge, c’est toi qui me l’as présenté la première fois ici, tu le trouvais sympathique, je crois ?
    Nathalia avait un brusque mouvement de dénégation.
    — Ce petit Français, disait-elle, tu es à peine divorcée…
    — Mais je ne l’épouse pas, maman, nous allons vivre comme cela, quelque temps.
    Maintenant elle pianotait joyeusement, elle parlait moins pour sa mère qui l’observait en marmonnant : « si mon pauvre Samuel », que pour elle-même, pour découvrir comment elle voulait vivre.
    — Avec Serge, nous nous verrons seulement si nous le désirons, je ne me marierai plus, maman, une fois suffit, et puis, quand on est comme je suis, pourquoi se lier ? Je bouge, maman, les tournées, les rencontres.
    Nathalia Berelovitz s’était mise à pleurer, elle craignait les châtiments du ciel, la réprobation de tous. Sarah l’entoura de ses bras, la berça, murmura : « Comme cela je serai toujours à toi, dit-elle, rien qu’à toi. » Elle lui parlait comme à une enfant.
    — Mietek approuvera ma décision, ajoutait-elle.
    — Mietek, Mietek, ce fou, bien sûr, disait Nathalia, lui…
    — Il vit, maman, il est heureux.
    Elle téléphona à Serge. Il avait choisi, lui demandait de visiter. Elle raccrocha.
    — Lehaim, lehaim, lança-t-elle à sa mère. Je t’appellerai maman, ne t’inquiète pas.
    Elle s’étonnait de sa joie, de l’insouciance avec laquelle elle quittait sa mère. Indépendante pour la première fois, s’engageant avec Serge sans renoncer à laisser

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