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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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était
refusée aux huguenots. Louis de Marolles écrit en 1687, que, depuis
plus de trois mois, il est à la chaîne nuit et jour sur la galère
la Fière.
    Un des commis de l’intendant, lit-on dans le
journal des galères, son rôle à la main, constate si tous les
religionnaires sont à la chaîne. Quant à l’argousin trop pitoyable
qui avait déferré un huguenot, il était condamné à trente sous
d’amende, pour avoir épargné à ce malheureux le supplice de
l’éternelle immobilité. Quand on avait un trop grand nombre
d’invalides au bagne, on les envoyait en Amérique, et Louis de
Marolles, désigné deux fois pour la transportation, eut la
malchance de voir rapporter son ordre d’embarquement ; on
l’envoya mourir dans un des plus affreux cachots de Marseille.
    Les aumôniers ne se bornaient pas à faire
donner de
rudes salades
à ceux qui refusaient de
lever
le bonnet
, mais encore ils faisaient si cruellement bâtonner
les huguenots qui entretenaient ces correspondances avec le dehors
et distribuaient des secours à leurs coreligionnaires, que
plusieurs furent emportés demi-morts à l’hôpital. Pour arriver à
découvrir les
coupables
, les aumôniers, dit le Journal des
Galères, avaient aposté certains scélérats de forçats
pour leur
tenir toujours les yeux dessus ;
parfois même ils
mettaient les suspects en quarantaine, interdisant à toute personne
étrangère de leur parler et de les approcher.
    Grâce au dévouement des esclaves turcs et de
quelques forçats catholiques qui leur servaient d’intermédiaires,
les huguenots,
commis pour régir la Société souffrante des
galères
, purent continuer à distribuer les sommes qui étaient
recueillies en Suisse, en Hollande et en Angleterre, puis envoyées
à des négociants de Marseille pour être données en secours aux
forçats
pour la foi
. En vain Pontchartrain, ayant
découvert que c’était un pasteur de Genève qui faisait l’envoi des
fonds, voulut-il couper le mal dans sa racine, en enjoignant aux
magistrats de Genève d’avoir à faire cesser ce désordre. Le seul
résultat qu’il obtint, fut de faire substituer une nouvelle
organisation à l’ancienne, si bien que jusqu’au jour où le dernier
forçat
pour cause de religion
, sortit du bagne, la caisse
de bienfaisance établie à Marseille continua à recevoir les sommes
recueillies à l’étranger,
pour la Société souffrante des
galères.
    Parmi les membres de cette Société des
galères, on voyait Louis de Marolles, le conseiller du roi, le
baron de Monthetou, parent du duc de la Force, le baron de Salgas,
le sieur de Lasterne, de la Cantinière, de l’Aubonnière, Élie Néau,
les trois frères Serre, Sabatier, etc. Sur une liste de cent cinq
forçats
pour la foi
, que donne Court, on trouve deux
chevaliers de Saint-Louis et quarante-six gentilshommes.
    Le forçat Fabre qui avait obtenu d’être envoyé
aux galères à la place de son père, surpris à une assemblée, expose
ainsi la souffrance morale infligée aux honnêtes gens en se voyant
jetés au milieu des pires malfaiteurs : « Lorsqu’il me
fallut entrer dans ce fatal vaisseau, que je me vis dépouillé pour
revêtir l’ignominieux uniforme des scélérats qui l’habitent,
confondu avec ce qu’il y a de plus vil sur la terre, enchaîné avec
l’un d’eux sur le même banc, le cœur me manqua… Je laisse à penser
de quelle douleur mon âme fut accablée, à cette première nuit,
lorsque, à la lueur d’une lampe suspendue au milieu de la galère,
je promenai mes regards sur tous ces êtres qui m’environnaient,
couverts de haillons et de vermine qui les tourmentait. Je
m’imaginai être dans un enfer que les remords du crime
tourmentaient sans cesse. »
    La spirituelle et peu sensible marquise de
Sévigné contant à sa fille les horribles détails de la répression
de la révolte de la Bretagne, dit : « J’ai une tout autre
idée de la justice, depuis que je suis en ce pays. Vos galériens me
semblent une société d’honnêtes gens qui se sont retirés du monde
pour mener une vie douce ; nous vous en avons bien envoyé par
centaines. »
    C’était bien, grâce à la persécution
religieuse, une société d’honnêtes gens que celle des
galères ; mais l’on a vu quelle vie douce, menaient les
forçats retranchés du monde. « Oh ! noble société que
celle des galères, dit Michelet. Il semblait que toute vertu s’y
fût réfugiée… On put souvent voir à la chaîne

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