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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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avec le protestant,
le catholique charitable qui avait voulu le sauver, avec le forçat
de la foi ramait le forçat de la charité. On y voyait le Turc qui,
de tout temps, au péril de sa vie et bravant un supplice horrible,
servait ses frères, chrétiens, se dévouait à leur chercher à terre
les aumônes de leurs amis »
    Quelques forçats catholiques, touchés de
l’héroïque constance de huguenots leurs compagnons de chaîne, se
convertirent à la foi protestante sur les galères mêmes, et les
aumôniers n’épargnaient point les plus indignes traitements à ces
apostats
qu’ils menaçaient de la potence.
    « Les prosélytes de la chaîne, dit
le
Journal des Galères
, qui n’ont à espérer que des tourments et
des misères dans ce monde, ne nous font-ils pas plus d’honneur que
cette foule de gens convertis que l’Église romaine s’est faite, et
dont elle se glorifie par le motif de l’intérêt, des charges, par
dragons, par le sang et le carnage ? »
    Quant à l’aumônier Bion, en voyant avec quelle
cruauté on maltraitait parfois, jusqu’à leur faire
venir l’âme
jusqu’au bord des lèvres
, les forçats huguenots (et cela parce
qu’ils n’avaient pas levé le bonnet ou avaient refusé de nommer la
personne dont ils avaient reçu des secours pour leurs frères des
galères), il abjura sa foi catholique.
« Leur sang
prêchait
,
dit-il
,
je me fis
Protestant »
    Les aumôniers secondaient les vues de Louis
XIV lorsqu’ils employaient tous les moyens pour arriver à ce que le
silence se fit sur ce qui se passait dans l’enfer des galères En
effet, le roi voulait que tout huguenot qui y entrait, perdit toute
espérance d’en sortir autrement que par la mort et que nul ne sût
ce qui se passait sur les galères. Quoi que fissent pour les
tourmenter, intendants, aumôniers, comités ; argousins ou
geôliers, les huguenots n’avaient aucun recours contre les
violences les plus indignes, contre les plus révoltantes iniquités
qu’on voulait laisser ignorées de tous au dehors.
    Cependant, en dépit des efforts faits par les
aumôniers et les intendants pour les isoler du monde entier, les
forçats huguenots, soit du pont des galères, soit du bagne, soit du
fond des cachots obscurs où on les renfermait parfois, trouvaient
toujours moyen, grâce à des merveilles d’intelligence, de patiente
ruse, de faire parvenir de leurs nouvelles à leurs coreligionnaires
réfugiés à l’étranger. On a recueilli les curieuses et touchantes
correspondances de ces martyrs de la liberté de conscience et on
les a publiées sous le titre du
Journal des Galères ;
on y voit que, à l’étranger, on était tenu au courant, jour par
jour, presque heure par heure, de ce qui se passait dans la société
souffrante des galères. À l’instigation des réfugiés français, les
puissances protestantes ne cessaient de renouveler leurs démarches
en faveur des forçats
pour la foi
si cruellement
persécutés, mais il semblait que rien ne pût triompher de
l’implacable obstination du roi à ne se relâcher en rien de ses
odieuses rigueurs.
    En 1709, Louis XIV, pour obtenir la paix,
consent à céder nos places frontières et offre même de payer une
subvention aux puissances alliées pour détrôner son petit fils,
mais il se refuse absolument à mettre en liberté les huguenots
ramant sur ses galères. Son négociateur, de Torcy lui écrit à ce
sujet : « On a traité dans la conférence de ce matin des
religionnaires détenus dans les galères de Votre Majesté. Buys a
demandé
leur liberté ;
sans allonger ma lettre pour
vous informer, sire, de mes réponses, j’ose vous assurer
qu’il
ne sera plus question de cet article
. »
    En effet, il n’en fut pas question dans le
traité ; mais la paix signée, Louis XIV avait trop d’intérêt à
se ménager les bonnes grâces de la reine Anne pour lui refuser la
grâce des forçats pour la loi ; seulement, ayant promis de les
relâcher tous, sur trois cents il n’en mit en liberté que cent
trente-six.
    L’intendant des galères à qui l’on faisait
observer que les libérés, astreints à partir de suite par mer,
n’étaient pas en mesure de fréter un navire à leurs frais,
répondait que le roi ne voulait pas dépenser un sou pour eux. Les
aumôniers, furieux de voir leurs victimes leur échapper, mettaient
mille obstacles à leur départ. Les malheureux, autorisés à courir
la ville sous la garde de leurs argousins, finirent par

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