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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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l’Église. »
    En même temps l’assemblée générale du clergé
osait affirmer : « Que c’était
sans violences et sans
armes
, que le roi avait réduit la religion réformée à être
abandonnée de toutes les personnes raisonnables, que les hérétiques
étaient rentrés dans le sein de l’Église par le chemin semé de
fleurs que le roi leur avait ouvert. »
    Bossuet, de son côté, s’adressant aux nouveaux
convertis de son diocèse, leur disait : « Loin d’avoir
souffert des tourments, vous n’en avez pas seulement entendu
parler, j’entends dire la même chose aux autres évêques. »
    Ces affirmations audacieusement mensongères
soulevèrent partout des protestations indignées ; en voici une
publiée à La Haye en 1687 : « Toute l’Europe sait les
tourments que l’on a employés en France, et voici des évêques, qui
demeurent dans le royaume, qui ne l’ont pas seulement entendu dire…
Croyez ces messieurs, qui soutiennent qu’ils n’ont pas entendu
parler d’aucun tourment, eux dont les maisons ruinées, les villes
détruite, les provinces saccagées, les prisons et les couvents, les
galères, les hommes estropiés, les femmes violées, les gibets et
les corps morts traînés à la voirie, publient la cruauté et une
cruauté de durée. »
    Le ministre Claude proteste ainsi :
« Si ce n’est pas un reste de pudeur et de conscience, c’en
est un, au moins, de respect et de considération pour le public de
ne pas oser produire devant lui ces violences dans leur véritable
et naturelle forme, et de tâcher de les déguiser pour en diminuer
l’horreur. Cependant quelque favorable tour qu’on puisse donner à
cette conduite, il faut demeurer d’accord que c’est une hardiesse
inconcevable, que de vouloir en imposer à toute la terre ; sur
des faits aussi constants et d’un aussi grand éclat que le sont
ceux-ci, et d’entreprendre de faire illusion à toute l’Europe, sur
des événements qu’elle apprend, non par des gazettes ou des
lettres, mais, ce qui est bien plus authentique, par un nombre
presque infini de fugitifs et de réchappés, qui vont porter leurs
larmes et leurs misères aux yeux des nations les plus
éloignées. »
    Frotté, un des collaborateurs de Bossuet, de
l’Angleterre où il est réfugié, écrit à l’évêque de Maux, pour lui
rappeler qu’on amenait des huguenots de force dans son palais
épiscopal, qu’il les menaçait s’ils n’abjuraient pas, d’envoyer
chez eux des gens de guerre qui leur tourneraient la cervelle. – Il
lui cite tel marchand chez lequel il a fait loger dix dragons, tel
gentilhomme à qui il en a mis trente sur les bras ; les
femmes, les enfants, les vieillards jetés par lui dans les
couvents ; un moribond qu’il est venu menacer, s’il n’abjurait
pas, de le faire jeter à la voirie après sa mort, etc.
    Un nouveau converti du Vivarais s’écrie :
« On nous a traités partout comme des esclaves, cependant on a
l’impudence de dire que les moyens dont on s’est servi ont été les
voies de grâce, qu’on n’a employé que la charité. Voilà de quelle
manière on parle d’une persécution inouïe, dont toute l’Europe a
été témoin. »
    Dans la relation qu’elle écrit après avoir fui
à l’étranger, Jeanne Faisses, une
réchappée des dragons
,
donne cet échantillon des moyens employés par Louis XIV, pour
ajouter au bonheur de ses sujets, celui d’une parfaite et entière
réunion, en les ramenant au giron de l’Église (Lettre de Louis XIV
à son ambassadeur d’Espagne), dans lequel ils rentraient par un
chemin semé de fleurs
(déclaration de l’assemblée générale
du clergé)… sanglantes : « Toute l’Europe, dit-elle, a
été témoin des désolations que le malheureux effet de la fureur du
clergé a causée en général au royaume, et en particulier aux
pauvres fidèles de la Religion, contre lesquels l’enfer a vomi tout
ce qu’il peut avoir d’affreux et d’épouvantable, et, sans outrer
les choses, ce petit échantillon peut faire voir jusqu’où est allée
sa cruauté, car, que peut-on imaginer de pis que de semblables
horreurs ?
    « Employer plus de cent mille soldats
pour missionnaires, profès à tourmenter tout le monde, entrer dans
les villes et dans les bourgs les armes à la main et crier :
« Tue ! tue ! ou à la messe ! » manger,
dévorer et détruire toute la substance d’un peuple innocent, boire
le vin à se gorger, et répandre le reste,

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