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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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les Français sur leur bord…
Toutes les hardes qu’avaient les prisonniers, excepté celles qui
étaient sur eux,
furent pillées par les
soldats
. »
    Cette vénalité des agents chargés de la
surveillance des frontières de terre et du littoral, si elle
constituait une facilité pour les riches, était un obstacle de plus
pour le plus grand nombre, hors d’état de payer de grosses primes.
En effet, ces infidèles surveillants, pour masquer les
complaisances intéressées qu’ils avaient pour quelques-uns, se
croyaient obligés de déployer une plus grande rigueur vis-à-vis de
tous ceux qui n’avaient pas le moyen de leur
boucher
l’œil.
La plupart des fugitifs, qui se dirigeaient vers un
port, avaient à parcourir une distance considérable avant d’arriver
à destination, et quand ils étaient parvenus à proximité de la
mer ; ils trouvaient mille difficultés imprévues à dissimuler
leur présence sur le littoral étroitement surveillé. À Nantes, le
procureur du roi, pour découvrir les huguenots arrivant de
l’intérieur du pays, dans l’intention de s’embarquer, faisait faire
de fréquentes visites domiciliaires dans la ville et dans les
maisons de campagne des bourgeois. Il écrivait à son collègue de
Renne : « je n’aurai pas grande occasion de vous donner
avis des religionnaires qui nous échapperont pour s’aller réfugier
chez vous, car, comme on ne veut plus les loger ici dans les
hôtelleries,
sans avoir billet du magistrat ou de moi
, et
qu’on arrête ceux qui viennent du Poitou, en vertu d’un nouvel
ordre du roi,
ils ne savent où donner de la tête
,
ni
où se réfugier
. S’il vous en va, il faudra
qu’ils passent
à travers champs
. J’oblige tous les hôtes et ceux qui logent à
faire déclaration au greffe,
trois fois la semaine
, de
ceux qu’ils logent, de quelque qualité, condition ou religion
qu’ils soient. »
    En vertu d’une ordonnance du présidial, cette
déclaration devait être faite sous peine d’une amende, dont une
partie reviendrait au dénonciateur.
    Quant à ceux qui demeuraient à peu de distance
de la mer, il leur était possible, en dépit de l’étroite
surveillance exercée, de se jeter à la hâte, sans s’être
précautionnés de rien à l’avance, dans quelque barque de pêche, peu
propre à faire un aussi long voyage que celui qu’ils
entreprenaient.
    C’est ainsi que partit le comte de Marancé,
gentilhomme de Basse Normandie. « Il passa la mer, dit Élie
Benoît, lui quarantième, dans une barque de sept tonneaux, sans
provisions, dans la plus rude saison de l’année. Il y avait dans la
compagnie, des femmes grosses et des nourrices. Le passage fut
difficile, ils demeurèrent longtemps en mer sans autre secours que
d’un peu de neige fondue dont ils rafraîchissaient de temps en
temps leur bouche altérée. Les nourrices, n’ayant plus de lait,
apaisèrent leurs enfants en leur mouillant un peu les lèvres de la
même eau. Enfin ils abordèrent demi-morts en Angleterre. »
    Même quand on s’embarquait sur un navire, à
peu près pourvu de tout, les calmes ou les vents contraires
allongeant la durée du voyage, on avait souvent à souffrir de la
faim et de la soif, dans l’impossibilité où l’on se trouvait de se
ravitailler dans un port français.
    Henri de Mirmaud s’étant embarqué sur un
navire, qu’un calme plat retint plusieurs jours dans la
Méditerranée, équipage et passagers se trouvèrent dépourvus de
tout, il n’y avait plus que du vieux biscuit et de l’eau puante,
dont les jeunes enfants de M. de Mirmaud, deux petites
filles (l’aînée avait à peine sept ans), ne pouvaient s’accommoder,
en sorte, dit-il, que je me vis dans la dure extrémité de craindre
que mes enfants ne mourussent d’inanition sur mer. Fontaine et ses
compagnons ; par suite de vents contraires, mirent onze jours
à se rendre de l’île de Rhé en Angleterre et eurent à souffrir du
défaut de provisions et plus particulièrement du manque d’eau.
    Ceux qui avaient l’heureuse chance d’habiter
quelque port de mer étaient constamment espionnés, et le récit de
Mlle de Robillard, de la Rochelle, montre bien à quelles
excessives précautions devaient recourir ceux qui voulaient
s’embarquer, de manière à n’éveiller l’attention de qui que ce fût
sur leurs projets d’émigration.
    Quelques jours à l’avance,
Mlle de Robillard avait fait marché avec un capitaine
anglais pour partir avec ses

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