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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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à la mer, car
chaque vague venait recouvrir complètement le navire naufragé.
Parmi eux se trouvait une dame de qualité, à laquelle appartenait
la plus grande partie des sommes confiées au capitaine. Elle aurait
pu se sauver parfaitement, grâce à un jupon d’un tissu épais et
serré qui la faisait flotter sur l’eau et l’aurait soutenue jusqu’à
ce qu’elle fût arrivée à la côte. Mais le capitaine prévoyant ce
qui allait arriver, poussa sur elle sa chaloupe, comme s’il allait
à son secours, et, lorsqu’elle fut à sa portée,
d’un coup de
gaffe il la fit plonger sous l’eau
,
et il la tint enfoncée
assez longtemps pour que le jupon s’imbibât d’eau et ne put pas
ramener le corps à la surface
. »
    Ce capitaine, dit Fontaine, se rendit à Cadix,
et avec sa fortune mal acquise acheta un corsaire dont il prit le
commandement.
    Les fugitifs, alors même qu’ils avaient eu la
chance de tomber sur un capitaine expérimenté et honnête, et qu’ils
avaient pu s’embarquer sans encombre et gagner la haute mer en
déjouant la vigilance des croiseurs, n’étaient pas encore à l’abri
de tout danger, – souvent ils rencontraient un corsaire de
Saint-Malo ou de Dieppe, ou un hardi forban d’Alger ou de Tunis,
venant faire des razzias près des rivages de la France et même
jusque en vue des côtes de la Hollande. Naturalisé ou non, le
réfugié pris par un navire français était envoyé aux galères. –
David Doyer, de Dieppe, est pris avec le navire marchand qu’il
commandait ; il est envoyé aux galères, et, après quelques
années de rame, il meurt à l’hôpital de Marseille.
    Au XVII e siècle, ce n’était point
chose rare de tomber aux mains des corsaires barbaresques qui
réduisaient leurs prisonniers en esclavage. Saint-Vincent-de-Paul
avait été au bagne de Tunis, comme Regnard avait été à celui
d’Alger. En 1645, le synode protestant ordonnait une quête générale
pour le rachat de la multitude de captifs qui étaient dans les fers
(à Alger, à Tunis, à Salle, et autres lieux de la Barbarie).
    La France et l’Espagne avaient des moines
rédempteurs, dont la seule mission était le rachat des captifs
catholiques ; l’Angleterre et la Hollande, rachetaient aussi
leurs nationaux. En 1648, il n’y avait pas à Alger moins de 20000
esclaves chrétiens, catholiques, grecs ou protestants. En 1666,
lors du traité avec Tunis, M. de Beaufort convient qu’on
rendra les captifs de part et d’autre, homme, pour homme ; le
surplus pour un prix modéré.
    La même année, dans le traité passé avec
Alger, la France stipule, moyennant une somme déterminée le rachat
de trois mille esclaves français.
    En 1687, un paquebot hollandais portant
cent-soixante-quatre passagers, parmi lesquels se trouvaient
soixante-trois huguenots, est pris par un corsaire algérien ;
tous sont faits esclaves. C’est sur ce navire que se trouvait le
pasteur Brossard, qui conte ainsi l’aventure : « Le 6
juin 1687, je me mis, avec un grand nombre de réfugiés, dans le
vaisseau du sieur Williamson de Rotterdam, pour passer d’Angleterre
en Hollande. Comme nous fumes près de la Brille et que nous voyions
la terre de Zélande, les corsaires d’Alger, commandés par le
Bouffon, renégat d’Amsterdam, arrivèrent là subitement avec trois
vaisseaux et nous prirent. »
    Valait-il mieux pour les réfugiés tomber aux
mains des Français qu’à celles des Barbaresques ?
    Le procureur du roi, de Nantes le pensait,
lorsque, parlant de la femme d’un raffineur de Nantes et de trois
ménages religionnaires capturés par un corsaire algérien, il
disait : Voilà des gens punis plus sévèrement que s’ils
avaient été arrêtés en France.
    Mais ce n’était pas l’opinion de Noblet, un
protestant de Rouen, qui, racheté par les pères rédempteurs, après
avoir passé de longues années dans les fers à Alger, et menacé des
galères à son retour en France, comme prétendu relaps, déclarait
qu’il avait trouvé
plus d’humanité en Afrique qu’en
France
, ayant toujours eu à Alger la liberté de prier Dieu
comme il l’entendait. C’était encore moins l’avis du célèbre
ministre Claude, déclarant que, même les nouveaux convertis, restés
à leurs foyers, mais obligés chaque jour de commettre des
sacrilèges qui leur faisaient horreur, « changeraient de bon
cœur leur dur esclavage, avec des fers dans Alger ou dans Tunis,
car ils n’y seraient pas au moins,

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