Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
Vom Netzwerk:
disait-il, opprimés dans leurs
consciences, et auraient encore quelque espérance de liberté par la
voie de la rançon. »
    Il est incontestable que les huguenots, si
cruellement tourmentés sur les galères du roi de France, n’avaient
pas au bagne d’Alger des aumôniers acharnés à les persécuter sans
cesse, moralement aussi bien que physiquement. Cependant, même dans
les bagnes des États barbaresques, les missionnaires français
venaient encore parfois vexer et tourmenter les esclaves huguenots.
C’est ce qui arriva au pasteur Brossard, pris en vue des côtes de
la Hollande, et qui resta dix-huit mois au bagne avant d’être
racheté par les soins de ses coreligionnaires de l’Angleterre et de
la Hollande.
    Le jour même de son arrivée, le père vicaire
de la congrégation de la mission française résidant à Alger, le
presse fort de changer de religion et de faire changer de même
toutes les personnes prises avec lui, lui promettant qu’il serait
bien récompensé de ce grand service rendu au roi.
    Brossard, à l’instigation de ce saint homme,
est fort durement traité par les Turcs : « Le père
vicaire, dit-il, ayant toujours en tête de me faire passer à sa
religion, était bien aise que je fusse ainsi tourmenté, me faisant
dire que je ne le serais plus, pourvu que je me fisse catholique, à
cause de l’argent qu’il bâillerait pour cela aux Turcs… Je suis
assuré qu’il parla aux autres religieux et prêtres d’employer tous
leurs soins pour cela…, comme ils firent tout leur possible pour me
mettre mal dans l’esprit du Pacha, afin qu’il continuât de
m’envoyer au travail, mais il n’eut pas toujours égard à leurs
sollicitations contre moi, il me dispensa du travail et me permit
d’aller par la ville… Après cela le père vicaire et ses gens
agirent contre moi d’une autre manière, c’est qu’ils me donnaient
le nom de Duquesne, et me faisaient appeler ainsi en tous lieux par
leurs émissaires, pour m’exposer à la fureur du peuple, qui, à
l’ouïe de ce nom, se ressouvenant que M. Duquesne les avait
fait ci-devant bombarder, s’échauffait extrêmement contre tous les
Français et particulièrement contre moi, qui, pour cette raison, ne
sortais guère ou, si je sortais, je recevais de grosses injures et
souvent de rudes coups. »
    L’amiral d’Estrées ayant commencé à bombarder
Alger, tous les jours les Turcs faisaient périr quelques Français,
en les mettant à la bouche des canons. Brossard, enfermé dans un
cachot et au moment d’être envoyé au supplice avec d’autres
réfugiés, se prépare à la mort. À ce moment, il doit encore subir
des exhortations du père vicaire qui vient insister de nouveau pour
que lui et ses compagnons se convertissent : « nous
assurant, dit Brossard, que, par ce moyen, nous avions notre salut
en l’autre monde, et nous insinuant en même temps, que même nous
pourrions encore le faire en celui-ci. »
    Un danger plus sérieux menaçait les huguenots,
esclaves aux bagnes d’Alger et de Tunis, c’est qu’il fût fait droit
aux réclamations de Louis XIV, dont la haine poursuivait les
émigrés, non seulement dans tous les États qui leur avaient donné
asile, mais encore jusqu’au fond des bagnes. Le grand roi, en
effet, avait, ainsi que le dit Élie Benoît, demandé, heureusement
sans succès, que les huguenots pris et faits esclaves par les
Barbaresques, lui fussent rendus comme des fugitifs
ayant
déserté malgré ses ordres.
    Au roi de Portugal, il demande de faire
convertir une demi-douzaine de ses sujets huguenots établis au-delà
des Pyrénées, ainsi qu’en témoigne cette lettre de Schomberg :
« L’ambassadeur travaille ici avec de grands empressements
pour obliger cinq ou six marchands protestants à se faire romains.
Il a trouvé de la disposition au roi de Portugal à leur ôter sa
protection. »
    À son allié le roi d’Angleterre, dit de
Sourches, Louis XIV faisait redemander par son ambassadeur,
M. de Bonrepos, les matelots huguenots qui s’étaient
réfugiés en Angleterre, et les faisait redemander pour ses galères.
Il tente d’obtenir une restitution analogue de la République de
Gênes, et voyant qu’il n’a aucune chance de réussite, il fait
féliciter son consul, d’avoir du moins fait courir le bruit que la
demande était faite. Sa Majesté, écrit Seignelai, « a approuvé
que vous ayez fait courir le bruit
sous main
, que vous
avez ordre de demander à la

Weitere Kostenlose Bücher