Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
Vom Netzwerk:
par un corsaire de Saint-Malo, fut
mis aux galères ; il fut cruellement tourmenté par l’aumônier
des galères, qui, ne pouvant venir à bout de sa constance, finit
par demander qu’on le débarrassât d’un tel pestiféré. Élie Neau fut
alors jeté dans un cachot sans jour ni air, où on le laissa souvent
sans vêtements pour se garantir du froid et sans nourriture, et ce
ne fut qu’au bout de cinq ans, sur les pressantes instances de lord
Portland qu’il fut enfin mis en liberté.
    Pour les huguenotes qui étaient prises en mer,
elles étaient mises au couvent où on les convertissait. Trois
jeunes filles partent de la Caroline où leur père était fixé, pour
se rendre en Angleterre où une femme de qualité s’était chargée de
les faire élever ; le vaisseau qui les portait est pris et on
les met au couvent. L’aînée se fait religieuse, et les deux autres
sœurs se convertissent ; dix ans après leur capture,
l’intendant de Bretagne demande pour elles une dot afin de les
marier à deux anciens catholiques. La demoiselle Falquerolles,
fameuse protestante
dit Pontchartrain, qui avait été prise
sur un vaisseau anglais, capturé par un armateur de Dunkerque,
résista à tous les efforts faits pour la convertir, on dut se
résigner à l’expulser du royaume comme opiniâtre.
    C’était, sans croire qu’ils renonçaient pour
toujours à leur patrie, que les huguenots avaient pris la route de
l’exil. « Nous partons, avaient-ils dit, comme Olry, mais
seulement
jusqu’à ce que Dieu nous ramène
dans les lieux
d’où l’on nous a déchassés par la violence que l’on a exercée
contre nos consciences ». Avec cet espoir persistant du
retour, ces réfugiés ne se considéraient que comme les hôtes
passagers des pays qui les avaient accueillis. En 1697, dans le
Brandebourg, les Églises françaises célébraient encore un jeûne
solennel
pour le retour en France
, et jusqu’en 1703, les
pasteurs de ces Églises se refusèrent à dresser la liste, des
membres qui composaient leurs troupeaux, dans la crainte de donner
une constitution définitive à un état de choses qu’ils ne
considéraient que comme provisoire. Si un grand nombre de
huguenots, cinq ou six mille, se fixèrent à Cassel, c’est, dit
Weiss, « parce qu’ils étaient heureux de ne pas s’éloigner
beaucoup de leur pays natal, dans lequel ils espéraient être
rappelés un jour. »
    « Si, dit Maritofer, troupe par troupe,
on voyait les réfugiés se succéder en Suisse avec la même
persistance, c’est qu’aussi la Suisse leur offrait le plus court
chemin, pour retourner chez eux. Le regret de la patrie perdue leur
rendait plus difficile de prendre racine dans les asiles qui
s’ouvraient à eux et de se fondre avec leurs frères en la foi, si
charitables et si dévoués qu’ils se montrassent à leur égard ;
aussi voyons-nous partout les émigrés, chercher à se grouper en
nombre, à former une paroisse à part, avec ses préposés et son
administration propre,
afin de pouvoir à la première occasion
retourner tous ensemble au pays.
 »
    Cette préoccupation de se grouper ensemble,
pour se faire sur le sol étranger une petite France, à l’image de
la patrie perdue, on la retrouve partout chez les réfugiés, en
Hollande, en Angleterre, en Amérique, en Allemagne et en
Suisse.
    C’est en Hollande, en Angleterre, dans le
Brandebourg et dans les différents États de l’Allemagne, que se
fixa la plus grande partie des réfugiés.
    Si un si grand nombre d’entre eux allèrent se
fixer dans le Brandebourg, vingt-cinq mille militaires,
gentilshommes, gens de lettres, artistes, marchands manufacturiers,
cultivateurs, c’est que pour les attacher au pays, Frédéric
Guillaume laissait les colonies d’émigrants subsister dans une
certaine mesure en corps de nation. Les réfugiés avaient leurs
cours de justice, leurs consistoires, leurs synodes, et toutes les
affaires qui les concernaient se traitaient en français. Il leur
semblait qu’ils vivaient encore parmi leurs parents et leurs amis,
tant le Brandebourg leur retraçait l’image de la patrie
absente.
    Si les pasteurs retardèrent jusqu’en 1703 la
formation des registres des églises du Brandebourg, c’est parce
qu’ils craignaient, nous le répétons, tant l’esprit du retour était
resté fermement enraciné dans les cœurs, de donner, par la
formation des listes, une apparence définitive à la constitution de
leurs troupeaux. Ainsi que le

Weitere Kostenlose Bücher