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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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bien que les intendants avaient la liste de
toutes les maisons où ces pasteurs pouvaient songer à demander
asile.
    On écrit du Poitou à Court :
« 
les mouches
volent sous toutes sortes de formes,
malgré que nous soyons en hiver, pour tacher de pincer les
ministres. »
    « Je sais, dit Paul Rabaut, qu’il y a un
nombre considérable d’espions à mes trousses. Ils se tiennent tous
les soirs aux endroits où ils s’imaginent, que je dois passer et y
restent jusque bien avant dans la nuit. » Un soir, il se rend
au logis qui lui a été préparé au moment d’entrer dans la maison il
aperçoit un homme assis qui lui parait suspect. Il fait semblant
d’entrer dans la maison voisine, et revient à son asile sans être
aperçu.
    Le lendemain matin, la maison où l’on avait
cru le voir entrer, était investie par un détachement de soldats.
Rabaud s’empresse de sortir pour gagner une porte de la ville.
« J’observai, dit-il, de marcher au petit pas, sans que la
sentinelle ne soupçonnât rien, et, pour mieux la tromper, je
chantai tout doucement, mais de manière qu’elle pût
m’entendre ; dès que je fus, hors de la vue de la sentinelle,
je doublai le pas. » Rabaut rencontre des amis qui le
conduisent à une maison écartée et le pressent instamment d’y
coucher ; il refuse et part à neuf heures du soir ; il
n’était pas à cinquante pas de là que la maison est entourée par
des soldats et fouillée du haut en bas.
    « Je viens d’apprendre, écrit-il encore
le 19 mai 1752, de deux ou trois endroits différents qu’on met en
usage les moyens les plus diaboliques pour se défaire de moi. On
emploie des soldats travestis et d’autres gens de sac et de corde
qui, armés de pistolets, doivent tâcher de me trouver, ou en ville,
ou aux assemblées, et s’ils ne peuvent pas me saisir vivant, ils
sont chargés de me mander à l’autre monde par la voie de
l’assassinat. Jugez par là, si j’ai besoin de redoubler de
précautions. »
    Les faux frères auxquels les pasteurs venaient
demander asile, et que pouvait tenter l’appât de la prime promise
pour leur capture, constituaient un danger incessant et des plus
sérieux pour ces prédicateurs ambulants. Grâce au peu d’épaisseur
d’une cloison, Brousson, caché dans une maison, entend ses hôtes
délibérer entre eux s’ils doivent ou non le livrer ; il
s’empresse d’aller chercher ailleurs un asile plus sûr.
    Le pasteur Béranger arrive à une ferme isolée
dans le Dauphiné où il comptait passer la nuit. Il aperçoit un
enfant sur la porte et lui dit :
    « Mon ami, est-ce qu’il y a des étrangers
dans la maison ?
    – Non !
    – Est-ce que ton père y est ?
    – Non, il est allé chercher les gendarmes
parce que le ministre doit loger chez nous ce soir. »
    Bien entendu, Béranger s’empresse de
poursuivre sa route.
    Bien souvent, les pasteurs étaient obligés de
s’adresser à des hôtes dont ils n’étaient pas sûrs, par suite de la
terreur résultant de la rigoureuse application de la loi portant
que ceux qui leur donneraient asile, aide ou assistance, seraient
passibles des galères ou même de la peine de mort.
    Voyant se fermer toutes les portes devant eux,
traqués comme des fauves, errant de village en village, obligés de
passer des jours et des nuits dans des bois, des avenues, des
granges isolées, les pasteurs du désert menaient une rude et
terrible existence, souffrant du froid, de la faim, et toujours
sous la menace imminente de la mort.
    « Nous sommes, dit Paul Rabaut, errants
par les déserts et par les montagnes, exposés à toutes les injures
de l’air, n’ayant que la terre pour lit et le ciel pour
couverture.
    « Mon occupation, dit-il, est de circuler
sans cesse de lieu en lieu, et de prêcher souvent jusqu’à cinq fois
dans une semaine, quelquefois le jour, mais le plus souvent la
nuit. Notre fatigue est grande : marcher, veiller, demeurer
debout sur une pierre, presque les trois heures entières, prêcher
en rase campagne. »
    L’activité de Brousson était
prodigieuse ; pendant deux ans, il présida trois ou quatre
assemblées chaque semaine ; il lui arriva pendant quinze
journées consécutives de prêcher chaque deux nuits, en se reposant
le jour et en employant la nuit d’intervalle à voyager.
    Court n’était pas moins actif ; pendant
deux mois il fit plus de cent lieues, allant d’assemblée en
assemblée, à pied, quand ses forces le lui permettaient, porté

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