Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
Vom Netzwerk:
par
deux hommes quand la fièvre qui le minait l’empêchait de
marcher.
    Il n’y avait aucune sorte de déguisement que
les pasteurs, obligés de changer souvent de nom pour dépister les
espions, n’employassent ; ils se travestissaient en mendiants,
en pèlerins, en officiers, en soldats, en vendeurs de chapelets et
d’images ; mais, en route, ils étaient sans cesse exposés à de
fâcheuses rencontres, et devaient n’attendre leur salut que de leur
sang-froid et de leur esprit d’à-propos.
    Un pasteur, déguisé en mendiant, contrefait,
le sourd ; un autre ne doit son salut qu’au sang-froid avec
lequel il joue le rôle de l’ermite dont il avait revêtu la
robe.
    Un jour, Court entre dans un cabaret ;
survient le commandant d’une garnison voisine qui l’interroge
durement. La netteté des réponses de Court satisfait l’officier qui
prie le prédicant d’attendre qu’il ait fait son courrier, et lui
donne à porter deux lettres, l’une pour le duc de Roquelaure,
l’autre pour Bâville, le terrible intendant du Languedoc.
    Des soldats viennent frapper à la porte d’une
maison d’un faubourg de Sedan où Brousson tenait une assemblée.
Brousson payant d’audace, va ouvrir à l’officier ; on le prend
pour le maître de la maison, et l’on arrête un des assistants qui,
ayant un bâton à la main, est pris pour le ministre. Brousson se
cache derrière la porte d’une chambre basse et échappe aux
recherches. Avant de sortir de la maison, l’officier demande à un
enfant de cinq ou six ans de lui dire où couche le ministre ;
l’enfant répond qu’il ne le sait pas. Mais, quelques instants plus
tard, ayant aperçu Brousson, cet enfant court à l’officier et lui
dit : Monsieur,
ici
,
ici
, en lui montrant la
porte derrière laquelle se tenait caché le proscrit. L’officier ne
comprend pas ce que veut dire l’enfant et s’éloigne. Brousson prend
les vêtements d’un palefrenier, se charge d’un fardeau et peut
ainsi traverser, sans être reconnu, les postes que l’on avait mis à
l’entrée du faubourg.
    Le prédicant Fouché, caché à Nîmes, entend
publier au son de la trompette, défense à qui que ce soit de sortir
des maisons, et voit que des sentinelles sont postées au coin des
rues pour que personne ne puisse échapper à la visite domiciliaire
qu’on va opérer. Au moment où la sentinelle qui garde sa rue tourne
le dos, il traverse la rue et demande à une femme qu’il avait
aperçue dans la maison en face de lui, de le cacher dans son lit,
moyennant bonne récompense. La femme se laisse tenter et le place à
côté d’un enfant qu’elle avait malade au lit. L’officier qui
procédait à la visite des maisons arrive et demande à la femme si
elle n’a personne chez elle.
    – Un enfant, dit-elle, au lit, malade.
L’officier fait le tour du lit, voit l’enfant et n’aperçoit pas
Fouché caché sous la couverture. Touché de compassion pour l’enfant
en voyant la misère qui règne au logis, cet officier tire une pièce
d’argent de sa poche, la donne à la mère et sort de la maison.
    Semblable aventure arrive à Court ; les
soldats frappent à la porte de la maison où il était réfugié ;
Il se couche dans la ruelle du lit de son hôte, à qui il recommande
de faire le malade et d’envoyer sa femme ouvrir aux soldats :
Les soldats entrent, fouillent les armoires, sondent les murs et ne
trouvent rien. Pendant ce temps, le faux malade, pâle de peur,
entrouvrait ses rideaux et protestait de la peine qu’il éprouvait
de ne pouvoir se lever pour aider les soldats dans leurs
recherches.
    Un autre prédicant n’a que le temps de se
cacher dans le pétrin de son hôte, au moment où les soldats
arrivent. Après l’avoir cherché vainement, ceux-ci s’attablent
autour du pétrin, et ce n’est qu’après leur départ, longtemps
retardé, que le prédicant peut sortir de son incommode
cachette.
    C’était souvent un hasard qui sauvait les
proscrits : un jour, Bâville écrit à l’évêque de Nîmes lui
indiquant où est réfugié Brousson qu’il veut faire arrêter ;
pendant que le prélat reconduit un visiteur, un gentilhomme nouveau
converti lit la lettre restée ouverte sur une table, il se hâte de
sortir et de prévenir Brousson qui a à peine le temps de
déloger.
    Une autre fois, Court, assis au pied d’un
arbre, préparait un sermon. Il voit les soldats investir la maison
dans laquelle il avait trouvé asile ; il grimpe à

Weitere Kostenlose Bücher