Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
Vom Netzwerk:
ou non
sorti ; la même peine est appliquée à ceux qui, sans mandat,
viennent spontanément remplir le rôle de ministres dans les
assemblées.
    En 1701, Bâville écrit à l’évêque de
Nîmes : « Le prophète, monsieur, que vous avez interrogé
ce matin sera bientôt
expédié ;
j’ai condamné ce
matin à mort quatre prédicants du Vivarais, et une femme qui
faisait accroire qu’elle pleurait du sang ; j’ai condamné
aussi une célèbre prédicante
au fouet et à la fleur de
lys
. Je ne ferai aucune grâce aux prédicants… »
    « J’ai fait prendre et punir, écrit-il
ailleurs, seize de ces prédicateurs, je n’en connais plus que deux
qui sont fort cassés, que j’espère arrêter s’ils
paraissent. »
    De 1685 à 1762, une centaine de pasteurs,
prophètes ou prédicants furent cruellement suppliciés, roués ou
pendus, pour avoir prêché au désert ; quant aux prédicantes,
on finit par se borner à les enfermer à l’hôpital comme
insensées
. Le dernier martyr de cet apostolat errant, fut
le pasteur Rochette condamné à être
pendu et étranglé
, le
18 février 1762 « comme atteint et convaincu
d’avoir fait
les fonctions de ministre
de la religion prétendue réformée,
prêché, baptisé, fait la cène et des mariages dans des assemblées
désignées du nom de désert. »
    Au début, voulant terrifier les populations
par l’horreur des supplices, on avait laissé des patients pendant
de longues heures sur la roue, les os et les membres brisés, avant
de leur donner le coup mortel, le coup de grâce ; mais cette
barbarie, loin d’avoir le succès qu’on en attendait, avait, grâce à
l’héroïque constance des victimes, surexcité le fanatisme des
religionnaires. On fut donc obligé,
par politique
, d’agir
plus humainement.
    « La mort
la plus prompte
à ces
gens-là, disait le maréchal de Villars, à l’occasion du supplice de
Fulcran Bey, est toujours la plus convenable ; il est surtout
convenable de ne pas donner à un peuple gâté le spectacle d’un
prêtre qui crie et d’un patient, qui le méprise. »
L’impitoyable Bâville avait fini par se ranger lui-même à cet avis
et le pasteur Brousson ayant été condamné à être roué vif, Bâville
demanda que le condamné fût étranglé avant d’être mis sur la roue,
afin, dit-il,
de finir promptement le spectacle
.
    Pour empêcher les patients de haranguer la
foule à leurs derniers moments, on avait commencé par les mener au
supplice avec un bâillon dans la bouche ; l’usage du bâillon
ayant paru trop odieux, dit Élie Benoît, on laissa aux condamnés
l’apparence
d’avoir la liberté de parler, mais on mit au
pied de l’échelle des tambours qui battaient jusqu’à ce que le
patient eût expiré.
    « Étonnantes vicissitudes des choses
humaines, s’écrie de Félice, qui eût dit à Louis XIV que son
arrière-petit-fils, un roi de France, aurait aussi la voix étouffée
par des tambours sur l’échafaud ! »
    Pour se saisir des ministres, on ne négligeait
rien, on mettait leur tête à prix ; la prime de trois à cinq
mille livres promise au délateur qui ferait prendre un ministre,
fut portée à dix mille livres, pour Brousson et pour Court, à vingt
mille livres pour Paul Rabaut, un des derniers et des plus
illustres de ces pasteurs du désert.
    Ce n’était pas seulement par des primes en
argent que l’on cherchait à provoquer les trahisons ; ainsi
l’on avait promis un régiment de dragons à un gentilhomme s’il
faisait prendre Court, et ce traître avait provoqué une assemblée
près d’Alais afin de gagner son régiment. Court se rend à cette
assemblée, mais, à l’arrivée des troupes, il trouve moyen de
s’enfuir, et pour se mettre à l’abri des poursuites, est obligé de
rester caché pendant vingt-quatre heures sous un tas
d’immondices.
    Quant aux soldats, on excitait leur zèle en
leur permettant de dépouiller ceux qui faisaient partie d’une
assemblée surprise, et les officiers qui capturaient un pasteur,
pouvaient espérer un grade, ou une récompense honorifique. Le
lieutenant qui avait pris le pasteur Bénézet lui ayant dit avec
satisfaction : « – Votre prise me procurera la Croix de
Saint-Louis. »
    « Oui, réplique fièrement le futur
martyr,
ce sera une croix de sang qui vous reprochera
toujours
. »
    On entretenait, à beaux deniers comptants, un
service d’espions chargés de surveiller et de faire prendre ces
pasteurs ambulants, si

Weitere Kostenlose Bücher