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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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en
fut ainsi pour un aveugle qui avait assisté près de Bordeaux à une
assemblée. En 1689, deux femmes, nouvelles converties, sont amenées
devant le juge ; on leur demande pourquoi elles sont
retournées aux assemblées – par curiosité, répondent-elles. – Eh
bien, leur dit le juge avec une cruelle ironie, avant de prononcer
sa sentence,
vous irez aussi à la potence par
curiosité
.
    Mais le grand nombre des
coupables
rendait souvent impossible l’application de la peine de mort à tous
les prisonniers faits aux assemblées. Dès le 40 janvier 1687,
Louvois écrit à Bâville : « Sa Majesté n’a pas cru qu’il
convînt à son service de se dispenser
entièrement
de la
déclaration qui condamne à mort ceux qui assisteront aux
assemblées. Elle désire que, de ceux qui ont été à l’assemblée
d’auprès de Nîmes,
deux des plus coupables
soient
condamnés à mort, et que tous les autres hommes soient condamnés
aux galères. Si les preuves ne vous donnent point lieu de connaître
qui sont les plus coupables, le roi désire que vous les fassiez
tirer au sort
pour que deux d’iceux soient exécutés à
mort. »
    Plus tard, l’intendant Foucault fait observer
au ministre à propos d’un homme et de quatre femmes ayant assisté à
une petite assemblée à Caen, que la peine de mort semblera un peu
rude ; et le ministre consent à substituer à cette peine,
celle des galères pour l’homme et de l’emprisonnement pour les
femmes.
    Cette substitution de peine devint bientôt la
règle générale ; on se dispensa
entièrement
de la
déclaration condamnant à mort ceux qui avaient assisté à une
assemblée, on envoya les hommes aux galères et les femmes en
prison. Les hommes assurèrent le recrutement de la chiourme des
galères, les assemblées se multipliant de plus en plus ; on
envoyait même des enfants aux galères, car l’amiral Baudin a relevé
sur une feuille d’écrou du bagne de Marseille, cette annotation
mise en face du nom d’un galérien condamné pour avoir,
étant
âgé de plus de douze ans
, accompagne son père et sa mère au
prêche.
    Quant aux femmes, à partir de 1717, on leur
consacra comme prison la tour de Constance à Aigues-Mortes, où l’on
n’avait pas à redouter leur évasion.
    Alors que les hôtes des autres prisons
recevaient le pain du roi, les prisonnières de la tour de Constance
devaient payer de leurs deniers le pain, seul aliment qu’on leur
donnât. « Elles étaient là, dit Court, abandonnées de tout le
monde, livrées en proie à la vermine, presque destituées d’habits
et semblables à des squelettes. » La prison était composée de
deux grandes salles rondes superposées, au milieu desquelles était
une ouverture permettant à la fumée de sortir, le feu se faisant au
centre de ces salles ; ces mêmes ouvertures servaient aussi à
éclairer et à aérer les deux salles et permettaient en même temps
au vent et à la pluie d’y entrer. Les lits des prisonnières placés
à la circonférence et adossés au mur, étaient sans matelas, garnis
seulement de draps grossiers et de minces couvertures. Séparées du
monde entier, souffrant de la faim et du froid, ces prisonnières
restaient oubliées dans cet enfer, pendant de longues années,
jusqu’à ce qu’elles devinssent folles ou que la mort mit fin à
leurs souffrances. Marie Durand, sœur d’un ministre, délivrée
quelques mois avant les autres prisonnières de la tour de
Constance, avait subi trente-huit années de captivité, elle ne
pouvait plus marcher ni travailler assise à des ouvrages à la main,
tant sa constitution avait été affaiblie par les souffrances et les
privations qu’elle avait endurées.
    Au mois de janvier 1767, le chevalier de
Boufflus, faisant une tournée d’inspection avec le prince de
Beauvau, gouverneur du Languedoc, s’arrête avec lui à la tour de
Constance et tous deux pénètrent dans la prison : « Nous
voyons, dit-il, une grande, salle privée d’air et de jour, quatorze
femmes y languissaient dans la misère et les larmes…, je les vois
encore à cette apparition, tomber toutes à la fois aux pieds du
commandant, les inonder de leurs larmes, essayer des paroles, ne
trouver quelques, sanglots, puis, enhardies par nos consolations,
nous raconter toutes ensemble, leurs communes douleurs ;
hélas !
tout leur crime était d’avoir été élevées dans la
même religion que Henri IV
. » M. de Beauvau
fait connaître à la cour le

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