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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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résistance obstinée des huguenots finit,
sur ce point, comme sur tant d’autres, par avoir raison des
prescriptions des édits les obligeant à faire baptiser leurs
enfants par les curés, mais il en résultait que, chez eux, les
naissances de même que les décès, n’étaient plus constatés par un
document officiel pouvant être produit en justice.
    Pour ce qui est des mariages, les curés
catholiques, ne voulant pas admettre que le mariage est un contrat
civil bien antérieur au christianisme, et absolument indépendant du
sacrement, faisaient de leur privilège d’officiers d’état civil, un
instrument de conversion. Voyant que les huguenots ne regardaient
le mariage que comme une cérémonie civile, et se confessaient, sans
scrupule, pour obtenir la bénédiction nuptiale, ils les firent
communier, puis, exigèrent une abjuration par écrit. Quelques-uns,
dit l’intendant Fontanieu, obligèrent les fiancés de jurer qu’ils
croyaient leurs pères et mères damnés.
    Puis on en vint à imposer aux fiancés, avant
de les marier, de longues périodes d’épreuves, à les obliger à
faire des actes de catholicité pendant des mois et même pendant
plusieurs années.
    Dans le Béarn, les curés faisaient attendre la
bénédiction nuptiale aux futurs époux pendant deux, trois et quatre
ans. Un placet adressé par des habitants de Bordeaux, en 1757,
signale l’opposition faite par un ecclésiastique depuis huit ans,
au mariage de Paul Decasses, ancien religionnaire.
    L’année précédente, le secrétaire d’État
Saint-Florentin avait été obligé de prier l’évêque de Dax
d’ordonner à un de ses prêtres de marier enfin,
après douze
années d’épreuves
, deux nouveaux convertis d’Orthez.
    Les fiancés huguenots, pour se soustraire à de
telles exigences, avaient voulu d’abord se contenter d’un contrat
passé par devant notaire ; mais une loi vint interdire aux
notaires de passer aucun contrat à moins qu’il ne fût produit un
certificat de catholicité, constatant que le contrat serait
ultérieurement validé par un mariage béni à l’église.
    Quelques curés, moyennant finances, consentent
alors à marier les huguenots sans exiger d’eux aucune preuve de
catholicité.
    Un curé du Poitou est condamné à dix livres
d’amende pour exactions à ce sujet, et menacé de la saisie de son
temporel s’il perçoit à l’avenir pour le mariage des religionnaires
rien autre chose que les droits légitimement dus. Plusieurs autres
curés sont incarcérés pour avoir marié des protestants moyennant de
grosses rétributions. En 1746, un curé de la Saintonge est condamné
aux galères, comme convaincu : « d’avoir conjoint par
mariage des religionnaires, sans avoir observé les formalités
prescrites par les lois de l’Église et de l’État, et d’avoir
délivré des certificats de célébration de mariage à d’autres
religionnaires, sans que lesdits se soient présentés devant
lui. »
    Le plus souvent les huguenots s’adressaient à
des aumôniers, à des prêtres, n’appartenant pas à leurs paroisses.
En 1710, l’évêque de Cap dénonce au chancelier Voisin un grand
nombre de mariages célébrés dans son diocèse (trente dans une seule
paroisse) par des aumôniers de régiment et autres prêtres ;
quinze ans plus tard le même évêque dénonce encore des mariages
faits par un prêtre inconnu. « Parfois les certificats de
mariage étaient délivrés par de faux prêtres, empruntant le nom de
tel ou tel ecclésiastique, et l’on voit en 1727, le prédicant
Arnoux condamné aux galères, comme convaincu d’avoir pris le nom de
Jean Cartier, prêtre aumônier sur les vaisseaux du roi, et d’avoir
fait plusieurs mariages de religionnaires. » À partir de 1715,
dans le Midi comme dans le Poitou et la Saintonge, presque tous les
mariages se célébrèrent au désert devant les pasteurs. À Paris, les
protestants se mariaient dans les chapelles des ambassadeurs de
Suède et de Hollande. Quant aux huguenots qui se trouvaient à
proximité des frontières, ils allaient se marier soit à Genève,
soit dans les îles anglaises, parfois même à Londres.
    Le clergé et la magistrature tenaient ces
mariages pour nuls et non avenus. Les évêques faisaient assigner
les époux comme
concubinaires publics
, donnant le scandale
de vivre et demeurer ensemble sans avoir été mariés par
leurs
propres curés
.
    Les trois parlements de Grenoble, de Bordeaux
et de Toulouse,

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