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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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Ils
doivent
rester dans l’intérieur de leurs maisons et de leurs
familles
. Ce n’est que par ce moyen qu’ils pourront se rendre
dignes de l’indulgence et de la bonté de Sa Majesté. »
    En 1778, on voit encore le gouvernement
flotter indécis entre l’exécution des mesures de rigueur, et la
crainte de l’effet que pourra produire cette exécution. Là, où les
huguenots, sont peu nombreux, il fait arrêter un pasteur ou fermer
une école ; là au contraire, où ils sont en force, comme dans
le Languedoc, il n’ose prescrire à l’intendant d’employer ces
moyens de rigueur, autorisés par les lois, ou seulement
quelques-uns d’entre eux, « 
qu’en évitant ceux dont
l’exécution
pourrait exciter une fermentation qu’il serait
peut être ensuite bien difficile d’éteindre. » Dans la
Saintonge, le ministre prescrit la démolition du temple de
Saint-Fort de Cosnac, mais il ajoute : « Si vous prévoyez
qu’elle puisse exciter quelque émeute qu’il soit ensuite trop
difficile d’apaiser, vous voudrez bien
la différer
jusqu’à
ce que, sur l’avis que vous m’en donnerez, j’aie pu prendre de
nouveau les ordres de Sa Majesté. »
    Les huguenots décorent une grange à
Castelbarbe, près Orthez, la pourvoient d’une chaire, y célèbrent
les mariages et les baptêmes
publiquement
. Le ministre
fait mettre la grange sous scellés et ordonner l’arrestation de
trois prédicants. Puis il écrit au comte de Périgord :
« J’ai peine à croire que cet exemple
puisse augmenter le
nombre des émigrations
…, L’on est obligé de fermer les yeux
sur les assemblées au désert des protestants, même sur les
assemblées peu nombreuses et peu éclatantes
dans quelques
maisons particulières ;
mais qu’ils aient des temples
publiquement connus, tels qu’ils en construisent, qu’ils y placent
des chaires, c’est ce que le roi ne paraît nullement disposé à
tolérer. » Quant aux conseils que donne l’intendant d’envoyer
des dragons loger chez les huguenots, aux lieux où ils ont eu des
assemblées, le ministre les repousse par cette fin de
non-recevoir : « Ne trouvez-vous pas qu’il serait à
craindre que cette expédition ne réveillât l’idée des anciennes
dragonnades qui n’ont, dans le temps, que trop fait
de
bruit
dans la France et dans toute l’Europe ? »
    Toute la politique du gouvernement de Louis
XVI était d’empêcher par des mesures isolées qui ne fissent pas
trop de bruit, les huguenots de braver trop ouvertement, les lois
interdisant dans le royaume tout culte autre que le
catholique ; mais on n’osait plus sévir contre ceux qui
refusaient de porter leurs enfants à l’église, pour être baptisés,
ni contre ceux qui se mariaient publiquement devant des
pasteurs.
    Sans doute les terribles lois qui avaient été
édictées contre les huguenots, par Louis XIV étaient toujours
subsistantes, mais elles étaient
lettres mortes
, quoi que
pussent faire le clergé et l’administration. Le gouvernement avait
publiquement donné du reste, une preuve manifeste qu’il croyait
lui-même à l’abrogation de fait de ces lois subsistantes, lorsque,
en 1775, il avait fait une démarche officielle auprès d’un de ces
pasteurs du désert que la loi ne connaissait que pour les envoyer à
la potence. À cette époque, en effet, le contrôleur général,
par ordre du roi
, avait envoyé à Paul Rabaut, le plus
influent de ces proscrits, un exemplaire de la circulaire adressée
aux évêques catholiques afin de réclamer leur concours pour arrêter
le brigandage qui s’exerçait sur les blés.
    Eût-il voulu le faire, Louis XVI n’aurait pu
impunément braver l’opinion publique, en obéissant aux injonctions
que l’orateur du clergé n’avait pas craint de lui adresser en ces
termes : « Achevez l’œuvre que Louis le Grand avait
entreprise et que Louis le Bien-Aimé a continué. Il vous est
réservé de porter le dernier coup au calvinisme dans vos États.
Ordonnez qu’on dissipe les assemblées des schismatiques. »
    Non seulement Louis XVI ne pouvait recommencer
l’œuvre sanglante et vaine de son arrière grand-père, mais encore
il ne pouvait se refuser à reconnaître qu’il était impossible de
laisser subsister intégralement une législation qui frappait de
mort civile plus d’un million de ses sujets.
    Dans le mémoire que lui adressait en 1786, son
ministre M. de Breteuil, sur la situation faite aux
protestants en France, on peignait

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