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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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siècle de la peine du bûcher. Nous trouvons, dans
les mémoires du forçat protestant Martheilhe, l’histoire d’un
crime
de ce genre commis par un esclave turc des galères,
et commis
inconsciemment
. Ce Turc nommé
Galafas
,
avait acheté, de voleurs qui l’avaient dérobée dans l’église de
Dunkerque, une boite d’argent contenant les saintes huiles
destinées à l’administration des sacrements. Galafas, sachant que
c’était chose volée, aplatit la boîte à coups de marteau pour en
dissimuler la forme, et, pour ne rien perdre,
graissa ses
souliers avec
le coton
imbibé d’huile qu’elle
contenait.
    « Si j’avais eu de la salade
,
dit-il aux prêtres qui l’interrogeaient,
je l’aurais garnie de
cette huile
,
car je l’ai goûtée et elle était très
bonne
. » Galafas traduit en justice fut condamné
à
être brûlé vif
. Mais les Turcs des galères de Dunkerque, ayant
trouvé moyen de faire tenir une lettre à Constantinople au grand
Seigneur, celui-ci aussitôt fit appeler l’ambassadeur de France et
lui déclara que, si on faisait mourir Galafas, pour un fait de
cette nature
que les Turcs ignorent être un crime
, lui,
grand Seigneur, ferait mourir du même supplice cinq cents chrétiens
esclaves français. Cet
argument péremptoire
du grand
Seigneur sauva Galafas qui fut racheté des galères et retourna à
Constantinople.
    Malgré cette leçon de jurisprudence qu’il
avait reçue, Louis XIV n’en continua pas moins à punir
de
même
tous les sacrilèges, qu’ils fussent conscients ou
inconscients.
    La Restauration elle-même, qui avait
ressuscité le crime du
sacrilège
, n’admettait pas
davantage cette distinction équitable à faire pour les auteurs de
ces crimes
surnaturels
, entre celui qui avait fait un
outrage
calculé
à la religion, et celui qui avait commis
un sacrilège, ignorant que c’était un crime aux yeux du
législateur.
    L’édit de Nantes stipulait que tous ceux qui
avaient antérieurement abjuré, pour passer soit du catholicisme au
protestantisme, soit du protestantisme à la foi catholique,
auraient toute liberté de revenir à leur foi première, sans pouvoir
être recherchés ni molestés à raison de leur nouveau changement de
religion. La même faculté était donnée aux prêtres et personnes
religieuses, et l’on reconnaissait la validité des mariages
contractés par eux devant un ministre protestant, c’était là une
disposition qui pouvait paraître d’un libéralisme excessif, sous le
régime d’une religion d’État, puisqu’en l’an de grâce 1883, alors
que les lois ne reconnaissent plus de vœux perpétuels, on a vu un
procureur de la République soutenir cette thèse que la qualité de
prêtre, même défroqué, est une cause de nullité de mariage.
    Ces diverses dispositions de l’édit de Nantes
avaient été considérées comme s’appliquant aussi bien à l’avenir
qu’au passé. Le cardinal de Richelieu avait même déterminé les
formes dans lesquelles devait se faire l’abjuration des catholiques
et un édit de 1663 constate que, depuis l’édit de Nantes, beaucoup
de catholiques s’étaient faits protestants et que des prêtres et
des personnes religieuses avaient abjuré et s’étaient mariées
devant un ministre.
    Louis XIV n’osa en venir tout d’abord à
rapporter ces dispositions formelles de l’édit, bien que le clergé
catholique protestât sans cesse contre l’égalité du droit
d’abjuration pour les catholiques et pour les protestants. Mais il
apporta successivement toutes les entraves imaginables au droit de
prosélytisme des protestants, en même temps qu’il employait les
moyens les moins honnêtes pour amener l’abjuration, des
religionnaires.
    Alors que la caisse des conversions
administrée par Pélisson, protestant converti, tenait boutique
ouverte pour l’achat des abjurations, il était interdit aux
ministres et consistoires de corrompre
les pauvres
catholiques en les faisant participer à leurs aumônes ; on
défendait aux ministres et anciens d’aller dans les maisons, soit
de jour, soit de nuit, si ce n’est pour visiter les malades
huguenots et faire fonctions de leur ministère. Quant aux malades
pauvres, de la religion réformée, ils ne pouvaient être recueillis
et soignés par leurs co-religionnaires, ils devaient être envoyés
dans les hôpitaux
catholiques
.
    Alors qu’on provoquait l’abjuration des
huguenots par l’appât des grades, des places et des pensions,

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