Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789
l’invincible
répugnance qu’éprouvaient les calvinistes et les luthériens à se
mettre à genoux, lors du passage du Saint-Sacrement, avait su
éviter aux soldats étrangers au service de Louis XIV, la fâcheuse
alternative de désobéir à leurs chefs ou de faire
chose contre
leur conscience.
Par une lettre circulaire adressée aux
commandants de troupes, il leur enjoignait de faire retirer les
troupes suisses ou étrangères
dans lesquelles il y aurait des
hérétiques
, des postes qui se trouvaient sur le passage des
processions ; si dans ces troupes catholiques, ajoutait-il,
«
il y avait quelques hérétiques officiers ou soldats
mêlés
, Sa Majesté trouvera bon que vous dissimuliez que les
officiers ou soldats hérétiques
se retirent auparavant que la
procession passe
. Il reste à vous informer de l’intention du
roi, à l’égard des postes devant lesquels le Saint-Sacrement
passera lorsqu’on le portera aux malades, Sa Majesté trouvera bon
qu’en ce cas, il n’y ait
que les catholiques qui sortent pour
prendre les armes et se mettre à genoux ;
que si, tout ce
qui se trouvait dans un corps de garde se trouvait hérétique,
l’intention de Sa Majesté est que ledit corps de garde
ne
prenne pas les armes… »
De nos jours, les sentiments des protestants
n’ont pas changé sur cette sorte de cas de conscience, et l’on a vu
en 1881, le caporal Taquet, un protestant, commandé pour assister à
une cérémonie religieuse, refuser de s’agenouiller au moment de la
bénédiction du Saint-Sacrement. Taquet, pour avoir désobéi à
l’ordre donné par son chef, fut condamné à quatre jours de salle de
police. Il eût mieux valu ne pas commander un protestant pour
escorter la procession de la Fête-Dieu, afin de ne pas mettre un
sous-officier dans cette pénible alternative ou de désobéir à
l’ordre que lui donnait son chef de s’agenouiller devant le
Saint-Sacrement, ou d’exécuter cet ordre et de faire ainsi
chose contraire à
sa conscience. Depuis l’incident Taquet,
on s’abstient, avec raison, de commander les troupes pour servir
d’escorte dans les cérémonies religieuses.
Pour éviter même, que les soldats appelés à
rendre les honneurs militaires aux morts ne se trouvent, dans
l’enceinte des édifices religieux, obligés de faire
chose
contraire à la conscience
de quelques-uns d’entre eux, le
général Campenon a publié la circulaire suivante :
« Paris, 7 décembre 1883.
« Mon cher général,
« J’ai été consulté sur l’interprétation
à donner aux articles 329 et 330 du décret du 23 octobre 1883,
relatif aux honneurs funèbres à rendre aux militaires et marins
morts en activité de service. Ces articles stipulent que les
troupes commandées pour rendre les honneurs sont conduites à la
maison mortuaire et accompagnent le corps jusqu’au cimetière ;
mais ils sont muets sur ce que ces troupes doivent faire durant le
temps pendant lequel le corps stationne dans l’édifice où
s’accomplissent, le cas échéant, les cérémonies du culte auquel
appartenait le défunt.
« J’ai l’honneur de vous faire connaître,
après examen de cette question, qu’il ressort des explications qui
m’ont été fournies à la suite de la publication du décret du 28
octobre. 1883, que le conseil d’État, en supprimant l’article 326
de l’ancien décret du 13 octobre 1863, concernant les honneurs à
rendre par les troupes pendant les services religieux, a admis que
les troupes désignées pour rendre les honneurs funèbres aux
militaires et marins décédés en activité de service resteraient en
dehors des édifices du culte pendant la durée du service
religieux.
« Le service terminé, ces troupes
accompagnent le corps
jusqu’au
cimetière, à
la
porte
duquel elles rendent, avant d’être reconduites à leurs
quartiers, les mêmes honneurs qu’à la maison mortuaire, honneurs
spécifiés à l’article 329 précité du décret du 23 octobre
1883. »
Sous Louis XIV, les aumôniers des galères
firent de l’obligation de se mettre en posture de respect devant
l’hostie consacrée, un cruel moyen de persécution contre les
huguenots condamnés aux galères pour cause de religion. Les
galériens enchaînés à leurs bancs, assistaient, bon gré mal gré, à
la messe que l’aumônier disait chaque matin et lorsque les
huguenots refusaient de
lever le bonnet
, au moment de
l’élévation, on les bâtonnait cruellement parfois
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