Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
Vom Netzwerk:
situation ; du reste si l’on eût voulu tout prendre, les
couvents, les collèges et les hôpitaux n’eussent pu contenir les
enfants de deux cent mille familles.
    Mais que de scènes déchirantes dans les
familles
privilégiées
, condamnées à se voir
dans les
huit jours
, arracher tous leurs enfants, même ceux qui
n’avaient que cinq ans !
    « Un enfant de cinq ans ! à cet âge
si tendre, dit Michelet, l’enfant fait partie de la mère.
Arrachez-lui plutôt un membre à celle-ci ! Tuez
l’enfant ! il ne vivra pas, il ne vit que par elle et pour
elle, d’amour qui est la vie des faibles ! »
    Pour éviter ce coup terrible, beaucoup de
huguenots faiblirent et se résignèrent à faire ce que Henri IV
appelait le
saut périlleux
, dans l’espoir de conserver
leurs enfants après leur conversion, ou semblant de conversion à la
religion catholique.
    Ils furent cruellement trompés dans leur
espoir, car, chaque année, jusqu’à la chute de la monarchie, on fit
de véritables razzias d’enfants de convertis, que l’on entassait
dans les couvents après les avoir enlevés à leurs parents accusés
d’être
mauvais
catholiques. Les huguenots avaient cru que
leur abjuration obligerait le roi à ne
plus les distinguer des
anciens catholiques ;
ainsi que le demandaient les
convertis de Nîmes dans leur supplique au duc de Noailles. Il n’en
fut point ainsi ; sous le nom de
nouveaux convertis
ils constituèrent une classe de
suspects
, auxquels on
déclara applicables toutes les mesures de précaution ou de rigueur,
prises contre les huguenots. Une ordonnance, renouvelée tous les
cinq ans, jusqu’en 1775, interdit même aux nouveaux convertis, de
vendre leurs biens sans une autorisation spéciale du gouvernement,
parce qu’on les tenait pour de
faux
convertis n’attendant
que l’occasion de passer à l’étranger pour y pouvoir professer
librement leur religion véritable. Une ordonnance royale du 30
septembre 1739 portait même défense, aux nouveaux convertis du
Languedoc, de sortir de la province
sans permission
, on
voulait les garder sous la main pour les mieux surveiller.
    Ces suspects, au débat, étaient menés à
l’église de gré ou de force et contraints de participer à des
sacrements qui leur faisaient horreur ; presque tous les
évêques, dit Saint-Simon, se prêtèrent à cette pratique impie et y
forcèrent. Mais bientôt une réaction se fit contre cette obligation
de
la communion forcée
, discrètement blâmée ainsi par
Fénelon : « Dans les lieux où les missionnaires et les
troupes vont ensemble, dit-il, les nouveaux convertis vont en foule
à la communion. Je ne doute point qu’on ne voie à Pâques un grand
nombre de communions,
peut-être trop
. »
    « J’ai obtenu, écrit en 1686 l’évêque de
Grenoble, le délogement des troupes envoyées à Grenoble. J’ai
représenté qu’il fallait laisser aux évêques le soin de faire
prendre les sacrements, sans y forcer par des logements de gens de
guerre. L’exemple de Valence
m’a fait peur –
à
Chateaudouble on a
craché l’hostie
dans un chapeau, après
l’avoir prise par contrainte. »
    Cependant, en 1687, l’évêque de Saint-Pons est
encore obligé d’écrire au commandant des troupes dans son
diocèse : « Vous employez les troupes du roi pour faire
aller indifféremment tout le monde à
la table
sans aucun
discernement. L’on fait mourir quelques-uns de ces impies qui
crachent et foulent aux pieds l’eucharistie. Est-ce que
Jésus-Christ n’est pas encore plus outragé qu’on le mette
violemment dans le corps d’un infidèle public et
d’un
scélérat
, tels que vous convenez que sont plusieurs de ceux
que vos troupes
font communier
 ? »
    Ce n’est qu’en 1699 que cette circulaire,
adressée au nom du roi aux intendants et commissaires, vient
prescrire de renoncer définitivement à de telles pratiques. Le roi
a été informé qu’en certains endroits, quelques officiers peu
éclairés avaient voulu, par un faux zèle, obliger les nouveaux
convertis à s’approcher des sacrements, avant qu’on leur eût donné
le temps de laisser croître et fortifier leur foi ; Sa Majesté
qui sait qu’il n’y a point de crime plus grand, ni plus capable
d’attirer la colère de Dieu,
que le
sacrilège
, a
cru devoir déclarer aux intendants et commissaires départis,
qu’elle ne veut point « 
qu’on use d’aucune contrainte
contre eux pour les porter à recevoir

Weitere Kostenlose Bücher