Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
Vom Netzwerk:
sont chargés,
et les maîtresses pour leurs domestiques. »
    Outre cette instruction
obligatoire
,
presque exclusivement religieuse, que devaient recevoir les enfants
des nouveaux convertis, ces enfants devaient encore aller à
l’église, y suivre les instructions de catéchisme et accomplir
leurs devoirs religieux, le tout sous peine d’amendes infligées aux
parents qui négligeraient de faire remplir ces obligations à leurs
enfants.
    Mais on n’avait pas grande confiance dans ces
suspects mal convertis, et l’instruction donnée aux intendants
porte cette terrible prescription :
    « S’ils ont avis que quelques parents
détournent leurs enfants de la religion catholique
, ils
feront mettre dans des collèges ou dans des monastères, les enfants
de qualité pour y être élevés, et feront payer des pensions pour
leur nourriture et entretien sur les biens de leurs pères et mères,
et, à défaut de biens, les feront mettre dans les hôpitaux pendant
le temps qui sera nécessaire pour leur instruction seulement ;
de même pour les enfants dont les pères et mères
n’assisteront
pas aux instructions
,
et ne feront pas le devoir des
catholiques
, après qu’ils les auront avertis, aussi les
enfants qui marqueront par leurs actions et par leurs paroles
beaucoup d’éloignement de la religion catholique,
le tout aux
dépens des pères et mères
. »
    Les instructions données aux intendants,
donnaient libre carrière aux dénonciations du clergé, toujours
désireux de faire enlever aux nouveaux convertis leurs enfants,
pour les faire élever dans les collèges ou dans les couvents.
Chaque année, par ordre de l’évêque, les curés de chaque diocèse
dressaient
la liste des suspects
auxquels on devait
enlever leurs enfants, et cette liste était transmise à l’intendant
qui enjoignait aux parents d’avoir à lui amener leurs enfants, sous
peine d’être traités comme rebelles aux ordres du roi. Les enfants
livrés, il fallait que les parents payassent leur pension au
collège ou au couvent, sous peine d’amende ou d’emprisonnement. Un
sieur Bocquet, par exemple, se refuse à payer la dot de sa fille
qu’on a enlevée, et à laquelle on veut faire prendre le voile.
    Pontchartrain écrit à l’intendant :
« Il n’y a pas de meilleure voie pour obliger le nommé Bocquet
à donner mille livres à sa fille pour sa dot dans son couvent, que
de l’arrêter
comme mauvais catholique qui fait mal son
devoir. »
    Chaque année les curés dressaient des listes
d’enfants à enlever dans les familles huguenotes de leurs
paroisses.
    Pour les notables et pour les nobles, les
évêques envoyaient soit au ministre, soit aux intendants des
mandements pour faire recevoir les jeunes filles dans les couvents,
c’étaient des ordres en blanc seing que l’on remplissait pour les
couvents, tout comme il y avait des lettres de cachet, signées
d’avance du roi, pour la Bastille et autres prisons du roi. Les
évêques en faisaient si grand usage, que le secrétaire d’État en
1686,
est obligé
de réclamer à l’archevêque de Paris une
douzaine de ces mandements, n’en ayant plus en main que deux ou
trois.
    En 1750, l’archevêque d’Aix demande à
Saint-Florentin des lettres de cachet
en blanc
, et des
troupes pour procéder à l’enlèvement de jeunes protestantes, mais
Saint-Florentin répond que les lettres en blanc sont sujettes à
trop d’inconvénients et que l’emploi des soldats, dangereux pour
l’honneur des jeunes filles, a eu un succès très équivoque.
    Le plus souvent, grâce aux listes dressées par
leurs curés, les évêques pouvaient désigner
nominativement
à l’autorité civile les enfants qu’ils voulaient enlever à leurs
familles, et c’est ce que faisait Bossuet dans son diocèse de
Meaux.
    « Ayant reçu de M. l’évêque de
Meaux, écrit le secrétaire d’État, à Phelipeaux, – en 1699, un
mémoire par lequel il serait nécessaire de mettre dans la maison
des nouvelles catholiques de Paris les demoiselles de Chalandes et
de Neuville, j’en ai rendu compte au roi qui m’a ordonné de vous
écrire d’envoyer une des demoiselles de Chalandos… et les deux
cadettes des demoiselles de Neuville qui demeurent à Caussy, dans
la paroisse d’Ussy. Il y a dans même paroisse d’Ussy deux
demoiselles, nommées de Nolliers, que M. de Meaux croit
nécessaire de renfermer. Mais comme elles ne sont pas présentement
sur les lieux, il ne faudra les envoyer aux

Weitere Kostenlose Bücher