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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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nouvelles catholiques
que de concert avec M. de Meaux, et dans le temps qu’il
vous dira. »
    Les évêques recherchaient surtout les enfants
dont les familles étaient assez riches pour payer de grosses
pensions.
    L’évêque de Montauban, pour faire enlever une
jeune fille de cette ville et la faire mettre au couvent, invoque
cette raison déterminante, qu’elle aura un jour
cent mille
écus
. Fléchier, pour faire enlever le jeune d’Aubaine âgé de
huit ans
qui aura de grands biens
, se contente de dire que
les parents qui l’élèvent ne sont
peut-être
pas
sincèrement catholiques, que l’enlèvement qu’il sollicite est
nécessaire pour faire perdre à cet enfant les mauvaises impressions
qu’on
a peut-être
commencé à lui donner.
    Dans l’entraînement de leur zèle
convertisseur, les évêques ne songeaient pas toujours à s’assurer
si les enfants qu’ils voulaient enlever appartenaient à des
familles riches ou pauvres ; c’est ainsi qu’à l’évêque de
Sisteron, voulant faire enlever les quatre enfants d’un sieur
Ganaud, pour placer les trois fils au séminaire, et la fille au
couvent, le ministre répond : « Êtes-vous disposé à payer
les pensions ? Si vous ne le pouvez pas, ils resteront en
liberté. » À l’intendant de la Rochelle, Saint-Florentin
ordonne de mettre en liberté la jeune Claude, enlevée par ordre de
l’évêque « dont vous me prouvez, dit-il, que la mère
n’est
pas en état de payer la pension
. »
    À l’intendant Saint-Priest, il est obligé
d’écrire : « Ne vous en rapportez pas, dans l’avenir,
avec tant de facilité aux témoignages des missionnaires et des
curés, ou faites d’abord
vérifier les facultés de leurs
parents
. » Le gouvernement ne se souciait pas, en effet,
de voir tomber à sa charge la pension des enfants enlevés à leurs
parents pour être instruits ; la pauvreté mettait les parents
à l’abri des enlèvements ; ainsi aux nouvelles catholiques de
Paris, il n’y avait que la dixième partie des pensionnaires qui
fussent
non payantes ;
pour les jeunes filles
appartenant à des familles riches, le plus futile prétexte était
accepté, comme un motif suffisant d’enlèvement ; telle est
prise comme
soupçonnée
de vouloir épouser un Danois et
d’être ainsi en danger de se pervertir en pays étranger, telle
autre parce que, ayant de la fortune, elle est sur le point
d’épouser un nouveau converti, mauvais catholique. À l’appui de ces
demandes d’enlèvement on ne craint pas d’invoquer les intérêts de
l’État et de la religion.
    Quand les parents rentraient en possession de
leurs enfants, suffisamment instruits, à chaque instant ils étaient
exposés à se les voir de nouveau enlever pour suspicion religieuse.
On rend à du Mesnil ses quatre filles élevées au couvent ; il
produit, pour éviter qu’on ne les lui enlève de nouveau, un
certificat du curé de la paroisse constatant qu’elles ont fait leur
devoir (sauf le temps de Pâques où elles s’étaient rendues à Caen).
Saint-Florentin déclare ce certificat insuffisant et écrit au père
que si, à l’avenir, il ne produit pas de certificat plus explicite,
on s’assurera
d’autre manière
de la religion de ses
filles.
    Mlle de Bernières est plusieurs fois
reprise à sa mère, celle-ci ne peut se la faire rendre qu’à la
condition de l’envoyer exactement au service divin et de la
remettre aux nouvelles catholiques pendant quinze jours, à chacune
des quatre grandes fêtes de l’année.
    Fraissinet, marchand à Anduze, retire de
pension l’aîné de ses huit enfants, âgé de quinze ans, pour lui
faire apprendre son commerce. Il est obligé de le réintégrer à sa
pension sur la dénonciation de l’évêque de Montpellier prétendant
qu’il veut faire passer son fils à l’étranger. Ce n’est que, après
avoir obtenu des évêques d’Alais et de Montpellier un certificat
qu’on peut désormais sans danger lui
accorder cette grâce
de reprendre son fils chez lui, qu’on lui rend son enfant (à la
charge de se conduire par rapport à la religion, de manière à ce
qu’il n’intervienne aucune plainte à Sa Majesté).
    Le sieur Bienfait expose vainement qu’il a
sept enfants, que les pensions qu’on le force à payer pour ses
trois filles le ruinent, et que, en laissant passer le moment de
leur apprendre un métier, on leur prépare une misère certaine. Il
n’obtient pas satisfaction. L’évêque de la

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