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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sa première tête dans les flots bleutés de l’océan, le nettoyage battait son plein.
    — Je ne comprendrai jamais, confia-t-il à Aldo quand ils se retrouvèrent autour de la table du petit déjeuner, ce qui pousse des gens en train de s’amuser quelque part au son d’un bon orchestre à venir envahir une honnête maison endormie pour y faire la même chose au son d’un gramophone après avoir mis la cuisine au pillage. Mais ma femme adore ! Il est vrai que pendant la Season elle ne se lève pas avant midi !
    — L’eau n’est-elle pas un peu froide à cette heure-ci ?
    — Froide ? Elle est glacée mais c’est excellent pour le système nerveux et nous autres Belmont tenons essentiellement à garder des nerfs en bon état !
    — Parlez pour vous ! émit Pauline qui faisait son apparition en sweater et jupe plissée blancs. Vous êtes certainement le seul de la famille à posséder ce tempérament d’ours polaire. Notre père détestait l’eau froide et notre chère maman n’a jamais je crois mis, de sa vie, un orteil dans quelque mer que ce soit et elle a fait deux fois le tour du monde.
    — J’ai peut-être bénéficié d’une révélation ? L’eau est l’élément premier ! Qu’en pensez-vous Morosini ?
    — J’appartiens à un peuple de coureurs des mers, ce qui dit tout. En outre j’aime nager et j’ai l’inten­tion d’y aller… mais un peu plus tard !
    — Vous avez tort. Pendant que j’y pense, n’avez-vous pas souhaité hier rendre visite à notre voisine de Beaulieu ?
    — En effet et le plus tôt sera le mieux.
    — Beddoes va vous arranger ça. Il prend les rendez-vous comme un dieu !
    — Que ne le prenez-vous comme secrétaire au lieu de cette endive réfrigérante qui a toujours l’air de flotter comme un fantôme dans votre maison de New York ? Je ne pourrai jamais m’y faire !
    — C’est parce que vous manquez de psychologie. C’est vrai que Cooper a l’air d’un fantôme et c’est la raison pour laquelle il m’est précieux : il n’a pas son pareil pour terrifier les tapeurs et autres importuns. Il suffit qu’il sourie en leur montrant ses longues dents noirâtres et ils s’enfuient en criant « au secours ». Je vis tellement plus tranquille depuis que je l’ai ! Mais, en cas de besoin, je peux vous le prêter.
    — Je viens de dire que je ne pourrais jamais m’y faire. Mes serviteurs non plus et je tiens à eux !
    Quoi qu’il en soit, l’efficacité du maître d’hôtel reçut sa consécration sur le coup de dix heures : la princesse Obolensky attendait le prince Morosini à quatre heures très précises. Elle ne lui accorderait que peu de minutes le programme de sa journée étant lourdement chargé.
    — Elle doit avoir rendez-vous avec tous les corps de métiers à la fois. La conservation de sa beauté lui prend un temps infini et lui coûte une fortune. Quel sacrilège si le coiffeur ou le masseur devaient l’attendre une ou deux minutes ! Je vous accompagnerais volontiers Aldo mais cela n’arrangerait pas vos affaires. La voiture vous attendra à quatre heures moins dix.
    À quatre heures moins deux, une Rolls blanche équipée de son chauffeur et de son valet de pied tout aussi blancs suivait noblement la grande allée de Beaulieu et, à moins une, un laquais en livrée bleu France en ouvrait la portière devant Aldo impeccablement habillé de flanelle anglaise gris clair à fines rayures blanches, cravate de soie ton sur ton et coiffé d’un panama cavalièrement retroussé – il avait horreur des canotiers alors à la mode ! – qu’il remit, avec ses gants, au maître d’hôtel venu à sa rencontre. On l’introduisit dans un petit salon d’un Louis XV surdoré où régnaient le satin broché vieux rose et deux ou trois tableaux qu’il n’eut pas le temps de regarder : la pendule de marbre rose et bronze doré sonnait et sur le quatrième coup la porte opposée à celle qu’il venait de franchir s’ouvrait le faisant reculer d’environ trois millénaires. La belle Égyptienne qui s’avançait à sa rencontre avec une lenteur étudiée pouvait aussi bien être Cléopâtre que l’épouse de Ramsès II. Tout y était : la longue tunique de lin blanc finement plissée, les pieds nus dans des sandales dorées, l’épaisse chevelure noire en demi-lune – qui devait d’ailleurs être une perruque ! – les bijoux d’or et de lapis-lazuli dont le moindre n’était pas le collier aux béliers,

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