Les joyaux de la sorcière
conclure :
— Vous avez ma parole, lady Ava. Rendez-moi Adalbert et je me remets à l’ouvrage.
— Bravo !… et dites-moi ! De quel côté porterez-vous vos investigations ? Avez-vous une idée ?…
— Peut-être. Cependant le moment me semble mal choisi… ainsi que l’heure.
La maison, en effet, tremblait sous les coups d’un gong que l’on devait entendre depuis la route.
— Ah ! Le thé ! traduisit lady Ribblesdale. Il faut que je me change mais on se revoit bientôt… Connaissez-vous le Gooseberry Island Club ?
— Non. Pourquoi ?
— Nous pourrions nous y retrouver demain pour déjeuner. C’est un club très amusant composé de gentlemen qui se réunissent pour se baigner, boire et pêcher tout nus ! Mais, rassurez-vous, reprit-elle devant l’air effaré d’Aldo, ils se rhabillent quand les dames arrivent pour le lunch.
S’il ne la connaissait si bien, il aurait pu croire à la candeur de sa mine mais il avait moins envie que jamais de la suivre dans ses excentricités.
— Ce serait sûrement follement amusant mais je souhaite rester aussi discret que possible dans l’intérêt même de mes recherches. Ne pourrions-nous nous écarter un moment au cours d’une réception ? Il y en a chaque jour.
— Pourquoi pas ? Où êtes-vous descendu ?
— À côté, chez les Belmont !
Lady Ribblesdale grimaça et renifla de façon fort peu aristocratique mais Aldo s’y attendait :
— Vous auriez pu trouver mieux ! apprécia-t-elle, mais si l’on ne côtoyait que des gens qui vous plaisent on n’irait jamais nulle part et ceux-là vont partout. À bientôt !
Elle se précipita vers l’escalier mise en fuite par la deuxième rafale du gong. Aldo reprit son chapeau, ses gants et rejoignit la voiture. Il était temps, une douzaine de Bentley, Packard, Daimler et autres Rolls avançaient processionnellement au long de l’allée assez large heureusement pour que l’on pût se croiser.
Pour la première fois depuis longtemps, Aldo se sentait apaisé, presque heureux. Il ne doutait plus de la prochaine libération d’Adalbert. Dès l’instant où elle pouvait espérer dénicher un joyau royal, l’ex-Ava Astor était prête à toutes les extravagances. Elle était même capable de renverser un gouvernement pour arriver à ses fins. Sa fille pèserait moins lourd que ses bagues entre ses jolies mains toujours scintillantes de diamants. Restait à savoir ce qu’allait devenir Adalbert à sa sortie de prison ? Recevrait-il suffisamment d’excuses pour retourner à Beaulieu ou les ponts seraient-ils coupés par sa volonté ou celle de la jeune femme entre Alice et lui ?
Pour le savoir un seul moyen : emprunter à John-Augustus une lunette marine, s’installer près de la fenêtre de sa chambre et n’en plus bouger afin d’observer ce qui se passerait à Beaulieu dans les heures à venir. L’envie le dévorait d’aller attendre son ami devant la geôle du shérif mais il craignait qu’en le voyant là, Adalbert ne se sente humilié.
Mise au courant, Pauline l’approuva entièrement. Ava ne perdrait certainement pas beaucoup de temps avant d’amener Alice à composition et le prisonnier serait sans doute libéré le lendemain matin, le cérémonial du thé et les festivités de la soirée – il y avait bal à « Rosecliff » – étant peu propices aux explications familiales surtout entre deux caractères comme Ava et sa fille. Aldo, cependant, préféra commencer sans plus tarder sa faction :
— Les réactions de cette pseudo-Égyptienne sont imprévisibles, fit-il observer à la baronne. Et un coup de téléphone est rapidement donné. Imaginez qu’Alice le passe maintenant pour s’en débarrasser auquel cas Adalbert retrouverait sa liberté ce soir. Alors ou bien le shérif le ramène ou bien il le lâche dans la nature mais n’importe comment, il aura besoin de ses bagages. Ils doivent être encore là…
— Sans aucun doute. En ce cas allez-y ! conclut Pauline en lui faisant apporter l’objet demandé : une superbe lunette sur trépied de cuivre qui devait être assez puissante pour observer même les étoiles.
Parfaite maîtresse de maison, à son habitude, elle lui fit servir les éléments d’un thé copieux puis, plus tard, lui annonça qu’elle viendrait dîner avec lui.
— Vous vous ennuierez moins, sourit-elle.
— Mais que diront votre frère et votre belle-sœur ?
— Rien. Tel que je le connais John nous
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