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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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nouveau bateau trouvant pour les vanter des accents lyriques auxquels ne manquaient que les trompettes d’ Aïda en musique de fond. Cynthia perdit patience, se révolta contre cet envahissement maritime, échangea avec son mari quelques propos aigre-doux et quitta la table au dessert en déclarant qu’elle se ferait servir le café chez elle où, au moins, elle aurait tout loisir de penser à ses projets de fête. Durant ce repas, ni Aldo ni Adalbert n’avaient articulé une parole.
    À peine Cynthia avait-elle disparu que les échos nasillards de son banjo atterrissaient sur la terrasse. John-Augustus cessa d’engloutir son fromage de Stilton arrosé de porto pour hausser les épaules et dire à sa sœur d’un ton mécontent :
    — J’espère que vous allez vous en occuper vous aussi ? Si on la laisse opérer seule, elle est capable d’aller chercher un jazz noir pour son bal XVIII e siècle, histoire de faire contraste, je suppose ?
    Pauline se laissa aller contre le dossier de son fauteuil d’osier, croisa les doigts et soupira :
    — Je me demande s’il vous vient parfois à l’idée, Cynthia et vous, que vous faites partie des gens les plus mal élevés d’un pays dont la politesse n’est pas la qualité dominante. Vous vous êtes relayés pour nous assommer, elle de son bal, vous de votre bateau ! Dieu que vous êtes agaçants !
    John-Augustus, les yeux plissés de malice, eut un petit rire mais abandonna son fromage arrosé pour regarder les trois personnages qui restaient à table :
    — Je sais… et je vous en demande humblement pardon mais si je n’avais monopolisé la conversation, on n’aurait entendu que ma femme. Au moins je vous ai offert un peu de variété. Le bal, encore le bal, toujours le bal on ne parle que de ça depuis deux mois !
    — Grâce au Ciel je n’habite pas avec vous !… Quant à la soirée je ne vois pas en quoi elle va différer des autres, plus ou moins pittoresques auxquelles nous avons eu droit.
    — En ceci : vous allez tous devoir porter des costumes blancs… mais du XVIII e siècle. Et vous n’imaginez pas ce que c’est : à vous les robes à paniers, les culottes collantes, les souliers à boucles qui vont vous martyriser les pieds, les perruques… et la poudre, hélas ! Surtout la poudre ! On va en retrouver partout. S’il prenait fantaisie à quelqu’un de tuer son prochain au cours de cette damnée sauterie, la Police pourrait relever toutes les empreintes digitales qu’elle voudrait ! Et encore vous ne savez pas à quoi vous avez échappé, continua-t-il voyant les mines consternées des trois autres, Cynthia voulait ressusciter les dieux de l’Olympe !… On se serait marché sur les pieds entre Jupiters armés d’éclairs en carton doré car pour Vulcain il y aurait eu évidemment nettement moins de candidats.
    — Je me demande si ce n’est pas ce que j’aurais préféré ? fit Pauline rêveuse. Le costume grec est assez flatteur pour les hommes qui ont de belles jambes…
    — Ne rêvez pas et pensez plutôt à cette quantité de Vénus arthritiques ou obèses auxquelles nous échappons…
    Aldo se mit à rire mais objecta qu’il ne pourrait assister au bal à moins que l’on accepte de le supporter en habit moderne. Même chose pour Adalbert mais John-Augustus avait réponse à tout :
    — Que nenni ! Il y a ici des kilomètres de satin, velours et autres brocarts que j’y ai empilés à l’intention des invités prévenus trop tard et que les exigences de Cynthia mettraient dans l’embarras. Nous avons aussi, près de la synagogue un tailleur chinois qui vous fera en vingt-quatre heures ce que vous voudrez… à condition de lui donner un dessin sinon gare aux aventures ! Vous pourriez vous retrouver en mandarin chinois…
    — Il y en avait au XVIII e siècle, fit Adalbert rêveur. Ce ne serait peut-être pas une si mauvaise idée. Peut-on savoir ce que vous avez choisi pour vous-même, Mr Belmont ?
    — Appelez-moi John-Augustus ! C’est plus simple. Quant à votre question…
    — Parions que j’y réponds ! s’écria sa sœur. Un marin ! Et je pencherais pour John Paul Jones ?
    — Ce que vous pouvez être agaçante ! s’écria l’interpellé en se levant de table. Voilà ma surprise à l’eau ! Gentlemen ! Avec votre permission je me retire parce que je me sens le besoin d’une petite sieste et je vous conseille d’en faire autant.
    — Nous pensions à une promenade, objecta

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