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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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émit un léger sifflement cependant que son œil disait clairement qu’il avait compris que son écrivain n’était pas n’importe qui.
    — Le vieux Vanderbilt ? C’était lui le mieux de la bande. Avec aussi les Belmont. C’est Mrs Belmont qui a « lancé » Newport avec Ward Mac Allister mais ensuite, le vieux filou s’est mis au service de Mrs Caroline Astor celle que l’on appelait « la » Mrs Astor qui s’était couronnée elle-même reine de New York… et de Newport. Je l’ai vue quand j’étais petit et vous n’imaginez pas ce qu’elle pouvait transporter comme diamants sur la poitrine. Et elle ordonnait, et elle décidait, et elle faisait la loi de la Haute Société ! Mais laissons ces gens-là et revenons à nos beaux temps de la Révolution !…
    — Juste encore un mot à ce sujet parce que le personnage m’intrigue depuis que j’en ai entendu parler en Europe. Connaissez-vous Aloysius C. Ricci ?
    Aldo eut l’impression qu’un voile de brume descendait sur la joviale figure de son hôtelier mais ce fut bref et le beau temps revint vite :
    — Tout le monde le connaît ici. Un drôle de personnage ! marmotta Ted en tapant sa pipe dans la cheminée avant de la bourrer de nouveau avec un soin méticuleux.
    — Mais encore ? J’ai entendu dire en France qu’il avait fait construire une réplique réduite du Palais Pitti à Florence. Or, quand je suis venu en 1913 j’ai vu quelques maisons de style italien mais rien de tel.
    — Parce qu’il l’a fait construire juste après la guerre. En plus il n’est pas dans le Cercle d’Or mais plus loin vers les pointes où la côte est plus déchiquetée. La sagesse parce qu’il était plutôt mal vu au début mais il en a tant fait qu’il a réussi à se créer des relations pour ses fêtes de mariage qui toutes deux ont mal tourné. Je ne sais s’il compte recommencer : ça m’étonnerait beaucoup après ces deux drames.
    N’étant pas censé être au courant, Aldo réclama quelques explications complémentaires qu’on lui donna bien volontiers en ajoutant que si ça l’amusait, on lui montrerait avec plaisir le « Palazzo » en question tout en précisant qu’il était gardé jour et nuit et quelle que soit la saison, que le maître soit là ou pas, par des gens de type méditerranéen qui ressemblaient plutôt à des gangsters et aussi peu rassurants que possible. Il est vrai que, selon les bruits rapportés par Ted, la bâtisse recelait des trésors.
    Le lendemain, après avoir passé la matinée à sacrifier à son rôle en parcourant la ville ancienne et en rendant visite à la bibliothèque plus riche qu’il ne l’eût imaginé, Aldo loua une bicyclette, le moyen de transport local le plus courant, fixa sur le porte-bagages son matériel de peinture et s’en alla en reconnaissance, s’aidant de ce que lui avait appris Ted et de ses propres souvenirs, sa mémoire lui restituant les noms, les lieux, les images même datant de plusieurs années auparavant.
    Il commença par piquer droit sur Euston Beach, la « plage du vulgaire » d’où partait le chemin préservé par les pêcheurs et les douaniers qui longeait la rive est opposée au port et filait vers le sud où le littoral se découpait en plusieurs longues pointes. Depuis ce chemin étiré sur quatre ou cinq kilomètres on pouvait contempler les façades arrière des somptueuses demeures où il avait été reçu jadis. Les « Breakers », « Marble House », autre logis Vanderbilt copié sur le Petit Trianon de Versailles mais où certaines moulures étaient d’or massif, puis « Rosecliff », « Beechwood » et « Belcourt Castle », d’autres encore dont il n’avait pas retenu les noms. Il aurait pu emprunter Bellevue Avenue qui partait de la bibliothèque, formant un peu l’épine dorsale du quartier chic sur laquelle ouvraient d’autres « villas » mais il pensait qu’en longeant ainsi la côte il trouverait plus facilement ce qu’il cherchait. Partout la proximité de l’ouverture de la « Season » se faisait sentir. Les intérieurs, toutes fenêtres ouvertes, étaient livrés au grand ménage et l’on s’activait dans les parcs à enrichir les massifs de fleurs et à rendre les pelouses aussi douces et unies que du velours vert. Ailleurs on roulait les courts de tennis.
    Il pédala de la sorte pendant une bonne dizaine de kilomètres suivant une petite route s’enfonçant dans les terres en direction des pointes

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