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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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il fallait aviser :
    — Vous me le laissez ? fit-il en agitant le papier au bout de ses doigts. J’en parlerai à Morosini dès qu’il sera là. Et, au sujet de votre visiteur de cette nuit, le mieux est d’en toucher un mot au commissaire afin qu’il fasse surveiller la maison. Si l’individu revient il sera pris et obligé de donner des explications…
    — Oui, mais c’est notre histoire à Ledru et à moi. On aimerait la garder pour nous ! Quant à la police elle poserait trop de questions gênantes.
    — Faites à votre guise ! N’importe comment, Morosini saura vous en remercier…
    — Je ne suis inquiet pour ça ! Merci pour le déjeuner !…
    Resté seul, Adalbert relut plus attentivement l’étrange feuillet. Il sentait qu’il tenait dans ses mains un point capital et il cherchait comment l’utiliser. Après deux ou trois tours dans sa chambre, il appela Marie-Angéline sur le téléphone intérieur et il lui demanda si elle connaissait l’adresse du professeur Ponant-Saint-Germain.
    — Vous voulez que je vous y emmène ? proposa-t-elle aussitôt.
    — Non. Nous nous sommes déjà rencontrés. Il s’agit d’une visite… professionnelle.
    La note allègre qui résonnait dans la voix de la vieille fille s’éteignit. Elle était déçue mais trop bien élevée pour en convenir. Elle se contenta d’un « ah ! »… suivi du renseignement demandé : il habitait place Hoche au rez-de-chaussée d’une maison située au coin de la rue Carnot.
    — Ne faites pas cette tête, Marie-Angéline, la rassura Adalbert. Je vous dirai de quoi il retourne en même temps qu’à Aldo quand il rentrera !
    — Oh, mais je ne fais pas la tête ! Quelle idée !
    « Ben voyons ! » pensa Adalbert en raccrochant avant de procéder en hâte à sa toilette puis de se ruer hors de l’hôtel pour rejoindre au pas de charge la jolie place octogonale au centre de laquelle régnaient un jardin et une grande statue en bronze de Hoche.
    Après avoir sonné à une porte de chêne qui aurait eu grand besoin d’un coup de vernis, Adalbert dut parlementer un certain temps avant que ladite porte s’ouvre sur un couloir obscur et une silhouette indécise qui aurait pu appartenir autant au père Goriot qu’à l’usurier Gobseck.
    — Ah, c’est vous ? marmotta l’homme. Eh bien, entrez puisque vous y tenez tellement !
    Et il tourna le dos à son visiteur après avoir tout refermé soigneusement – y compris une chaîne épaisse dont le bruit avait déjà frappé les oreilles de celui-ci, qui à mesure que l’on marchait vers la lumière du jour éclairant une pièce à main droite –, put constater que son hôte était en négligé du matin : pantalon gris informe et tricot gris fatigué surmontés, en dépit de la douceur de cette matinée, d’un châle à franges noir comme en portaient les chaisières d’église. Une paire de savates qui avaient été dans un temps indéterminé des charentaises à carreaux complétaient l’ensemble. Le tout dégageant une exquise odeur de tabac froid…
    — Croyez que je suis désolé de m’imposer de la sorte, professeur, plaida Adalbert, mais vous savez comme nous sommes, nous autres hommes de science. Quand un problème, même mineur en apparence, se présente à nous, il n’y a plus de cesse de le résoudre. Et c’est mon cas.
    Durant ce petit discours, on l’introduisit dans le cabinet de travail du maître : un incroyable capharnaüm aux rayonnages tellement débordants de livres qu’ils s’entassaient un peu partout, en colonnes plus ou moins stables autour d’un bureau plat surchargé de paperasses et d’une tisanière où fumait un liquide au parfum indiscernable. Il y avait aussi un vaste fauteuil Voltaire en tapisserie dans lequel Ponant prit place, et une chaise grêle qu’il désigna d’une main lasse :
    — De quoi s’agit-il ? Veuillez faire court : vous m’interrompez dans une étude des plus absorbantes…
    — Soyez persuadé que j’en suis vraiment désolé mais il y a un point d’histoire qu’il me faut éclaircir et pour lequel vous me semblez incontournable étant donné votre vaste connaissance sur la reine Marie-Antoinette… et en particulier de son coiffeur…
    Ponant-Saint-Germain se mit à renifler si bruyamment que son visiteur crut qu’il allait cracher. Ce qu’il fit d’ailleurs :
    — Ce redoutable imbécile de Léonard ? Et c’est pour ça que vous me dérangez ?
    — Ah ! C’est

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