Les "Larmes" De Marie-Antoinette
être ravi de penser qu’il avait raison. Il tient maintenant une bonne excuse pour lancer ses sbires à vos trousses ! Remarquez : vous n’avez rien à craindre. Ils sont à son image. Aussi bêtes !
Aldo serra les poings et ferma un instant les yeux, méditant ses chances de sauter à la gorge de ce sinistre individu et de l’étrangler. Il n’avait que trop raison : Lemercier allait envoyer toutes les polices de France sur une trace inexistante au lieu de fouiller méthodiquement les environs de Versailles. Il pensa, naturellement, que les siens ne croiraient pas un mot d’une pareille ânerie mais ils seraient les seuls. Avec son ami Langlois… Celui-ci le connaissait assez pour ne pas avaler une couleuvre de cette taille. En attendant… mais en attendant quoi ? Là était la question.
Après avoir pris une profonde inspiration pour se calmer, il laissa tomber, méprisant :
— Quel est mon prix sur le marché d’aujourd’hui ?
— Il faut que j’y réfléchisse mais je pense que… la totalité de ce que vous possédez devrait me convenir. Évidemment, il faudra du temps pour réaliser mais nous procéderons par degrés…
— En me découpant en morceaux comme vous aviez menacé de le faire pour votre « fiancée » ? Alors, sachez-le vous pourrez me torturer si ça vous fait plaisir, vous n’aurez rien…
— La torture ? Vous retardez ! Il existe des moyens plus efficaces pour obtenir satisfaction. Tenez, voulez-vous parier qu’un moment viendra où vous me supplierez de prendre votre collection et votre fortune… Savez-vous ce qu’est ceci ?
Une seringue hypodermique apparut soudain dans la main gantée de Sylvain :
— Naturellement je le sais… Tout dépend de ce que vous comptez mettre dedans ?
— De quoi faire de vous un homme heureux ! Du moins dans les débuts. Vous allez énormément apprécier ma petite drogue à base d’héroïne – quel joli mot pour un poison ! – et vous trouverez votre captivité de plus en plus agréable jusqu’à ce que l’on vous en prive brusquement ! Alors, je vous prédis que vous vous traînerez à mes pieds, que vous m’offrirez ce que je voudrai pour que je vous en donne. Une loque ! Voilà ce que vous deviendrez… Un débris que je n’aurai plus qu’à jeter à la poubelle…
— Joyeux programme. Vous êtes fou, ma parole !
— Je ne crois pas. C’est vous qui allez le devenir… et plus vite que vous ne le pensez ! Les choses seront minutieusement ajustées. D’ailleurs nous allons commencer sur-le-champ !
— C’est faux ! Vous m’aviez déjà drogué !
Un geste fit sortir de l’ombre deux autres cagoules visiblement musclées qui s’emparèrent d’Aldo, le couchèrent sur la table avec l’aide de ceux qui assistaient Sylvain afin de l’immobiliser complètement. Ce qui ne fut pas facile parce qu’il fournit une défense vigoureuse en dépit de ses menottes. Ensuite on releva la manche de sa chemise, un garrot fut posé et enfin Sylvain lui-même enfonça l’aiguille dans la veine… Après quoi on le laissa se relever.
— La dose n’est pas méchante mais nous allons augmenter rapidement. Vous verrez. Comment vous sentez-vous ?
— Qu’est-ce que ça peut vous faire ?
— C’est vrai ! Excusez-moi ! On va vous ramener dans votre logis et on vous apportera à boire et à manger. Il n’est pas dans mon intérêt de vous laisser mourir de faim… et de soif ! D’autant qu’un peu d’alcool renforce l’effet de la mixture. Je pense que nous avons devant nous une suite d’entretiens pleins d’agrément… en attendant que vous soyez à point !
— Et Caroline ? Qu’allez-vous en faire ? Je veux savoir pourquoi elle criait ?
— Parce que je venais de l’informer de l’obligation où j’étais de la priver d’un auriculaire ! Rassurez-vous, elle a été anesthésiée et ce sera le seul mais vis-à-vis des jocrisses de Versailles il était nécessaire que je mette à exécution au moins le début de mes menaces. Cela fait plus plausible !
Une nausée, dans laquelle la drogue injectée n’était pour rien, souleva le cœur d’Aldo. Il faillit vomir. La fureur l’en préserva :
— Vous êtes un fier misérable ! Comment pour-rait-elle jouer encore du piano après, espèce d’ordure !
— Oh, c’est sans importance. Elle n’en aura plus vraiment besoin ! À présent emmenez-le, vous autres ! Il commence à me fatiguer…
— Vous aurez
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