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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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croyez ? Et le commissaire Lemercier avant de se ruer sur mon cousin ne vous en a pas touché un mot ?
    — Si, admit la jeune fille de mauvaise grâce. Je dois même me rendre à son bureau ce tantôt pour faire une… déposition et répondre à quelques questions…
    — À merveille ! fit la marquise. En ce cas, le mieux est de ne pas différer. Allez vous préparer, nous allons vous emmener. Ma voiture est à la porte…
    — Je n’ai pas besoin que l’on me dicte ma conduite ! Et je ne vois vraiment pas pourquoi j’irais avec vous ?
    — Parce que c’est assez loin, fit M me  de Sommières avec douceur et que nous avons une voiture devant la porte. Cela vous évitera une peine supplémentaire dont vous n’avez nul besoin car je vous crois très lasse ? Je me trompe ?
    — N… on ! Je… je n’en peux plus !
    Et sans transition, elle se jeta sur le canapé qui perdait son crin par touffes noires puis éclata en sanglots que les deux visiteuses se gardèrent bien d’interrompre : cette petite en avait visiblement besoin.
    — Laissons-la se calmer, chuchota Tante Amélie, mais voyez donc s’il n’y a pas quelque chose d’un peu remontant dans cette maison. Après quoi, vous l’aiderez à se préparer et nous l’emmènerons.
    L’interpellée jeta un coup d’œil à la pendule de bronze qui semblait fonctionner :
    — Est-ce que nous savons qu’il va être midi ? Le commissaire sera parti déjeuner.
    — Qu’à cela ne tienne. Nous allons en faire autant. Un bon repas apportera le plus grand réconfort à cette pauvre fille… Elle se sentira mieux ensuite pour affronter la police.
    — Espérons qu’elle acceptera, chuchota Marie-Angéline. Elle ne semble pas facile à manier.
    — Qu’est-ce que vous imaginiez ? Qu’elle allait nous sauter au cou alors qu’il y a une heure elle ignorait jusqu’à notre existence ?… Ah, j’y pense, avant de partir vous irez avertir le plombier qu’il peut ranger sa trousse de manucure. Lui aussi a le droit de déjeuner…
    — … Et voilà ! conclut Tante Amélie. Tout a marché comme sur des roulettes. La petite Autié a fini par consentir à partager le pain et le sel avec nous, à la suite de quoi nous nous sommes rendues à l’hôtel de police où, après une explication… je dirais animée… elle a retiré sa plainte. Nous l’avons ramenée chez elle. J’avais suggéré qu’elle accepte d’être mon invitée à l’hôtel pour quelques jours afin de se remettre de ses émotions mais elle a refusé : elle tient à rester dans sa maison !
    — Puisque vous avez passé un long moment avec elle, avez-vous réussi à débroussailler son histoire de pendentif ? demanda Adalbert. Avant de nous vouer aux gémonies, elle nous a montré un portrait…
    — Celui de cette horrible femme ! frémit Plan-Crépin.
    — Vous n’y connaissez rien, ma fille ! Et surtout vous ignorez qu’une femme laide mais désirable peut enchaîner un homme plus sûrement qu’une reine de beauté. C’était sans doute le cas de la seconde épouse du grand-père. Or, elle était folle de ce joyau connu dans la famille depuis des lustres sous le nom du pendentif et, quand elle s’est sentie mourir, elle a exigé de son époux qu’il l’enterre avec elle mais dans le plus grand secret. Personne ne devait savoir afin qu’elle pût être certaine qu’on ne viendrait pas la déranger dans son sommeil éternel. Ce que dans son désespoir de la perdre il a accepté. Quand il est mort à son tour, Caroline en rangeant ses papiers a découvert le pot aux roses en lisant un journal intime qu’il cachait dans un meuble.
    — Et elle n’a pas demandé l’exhumation alors qu’elle ne roule apparemment pas sur l’or ? commenta Aldo. Elle est héroïque, cette fille !
    — Je la crois un être de qualité, fit Tante Amélie songeuse. Il est même étonnant que, tournée comme elle est, aucun homme n’ait songé à l’épouser.
    — C’est peut-être elle qui ne veut pas ! suggéra Adalbert. Le célibat c’est une vocation. J’en suis la vivante preuve.
    Morosini se mit à rire :
    — Pas très convaincante, ta preuve ! Ton cher célibat, tu as dangereusement failli y renoncer à certaines occasions ?
    — Que c’est élégant de me le rappeler ! La chair est faible sans doute mais le Seigneur a préservé son serviteur ! déclama-t-il en levant vers le plafond un regard extasié. Ce dont je ne le remercierai jamais

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